lance sur la foule barbare. Nous nous précipitons à sa suite, et combattons, serrant nos rangs dans la mêlée. Mais alors, du haut du temple, les Troyens, ignorant nos armes et nos panaches étrangers nous accablent de leurs traits et sèment sur nous le carnage. En même temps, les Grecs, auxquels nous avons enlevé leur proie, frémissent de rage, se rallient, et nous attaquent de toutes parts: c'est le bouillant Ajax, ce sont les deux Atrides, c'est la phalange entière des Dolopes. Ainsi se disputent l'empire des airs et déchirent la nue, les vents ennemis, Zéphyr, Notus, et l'Eurus, fier de guider les coursiers de l'Aurore: les forêts sont ébranlées; et, couvert d'écume, Nérée soulève de son trident les mers dans leurs profonds abîmes. CEUX même qu'à la faveur d'un déguisement, servi par les ténèbres, nous avons mis en fuite, et chassés dans toute la ville, reparaissent: il ont les premiers reconnu nos boucliers menteurs, nos armes empruntées, et dans notre voix ils signalent un accent étranger. Le nombre nous accable. Sous le fer de Pénélée, Chorèbe le premier tombe aux autels de Pallas. Il tombe aussi Riphée, le plus juste entre les Troyens, le plus saint observateur des lois : mais sa justice n'a pu désarmer les dieux. Hypanis et Dymas succombent sous les traits de leurs compagnons. Et toi, Panthée, ni ton respect pour les dieux immortels, ni la tiare d'Apollon n'ont protégé ta vie. Cendres d'Ilion! flammes qui servîtes de bûcher à mes concitoyens! je vous atteste ici: dans cette vaste ruine, je n'ai évité ni le fer des Grecs, ni aucun de leurs combats; et si le destin eût voulu m'ensevelir avec ma patrie, mon bras m'avait mérité cet honneur. Cependant Ut caderem, meruisse manu. Divellimur inde, Culmina convellunt: his se, quando ultima cernunt, Obsedere fores has servant agmine denso. INSTAURATI animi regis succurrere tectis, sont entraînés avec moi Iphite et Pélias, Iphite appesanti par l'âge, Pélias blessé par Ulysse, et dont les pas deviennent plus lents. SOUDAIN des cris redoublés nous appellent au palais de Priam. Là, le combat est si terrible, qu'on eût dit toutes les fureurs de la guerre concentrées sur ce point, et absentes du reste de la ville. Nous voyons l'indomptable furie de Mars, les Grecs précipitant leur attaque sur le palais, et, sous la tortue qu'ils forment, en assiégeant l'entrée. Le long des murs sont dressées les échelles : ils s'efforcent pour y monter devant les portes mêmes. D'une main ils opposent aux traits leurs boucliers, de l'autre ils saisissent les créneaux. En même temps, les Troyens arrachent les tours et les combles du palais, dernières armes de leur désespoir, et veulent ainsi se défendre contre la mort inévitable. Ils font tomber, sur les phalanges ennemies, les poutres et les lambris dorés, riches ornemens de la demeure de nos rois. D'autres guerriers, le glaive nu, sont rangés, dans l'intérieur, contre les portes, et leurs rangs serrés en défendent l'entrée. LES dangers de Priam ont réveillé ma fureur. Je veux défendre la royale enceinte, me réunir aux guerriers qui combattent encore, et ranimer l'ardeur des vaincus. Derrière le palais était une porte secrète qui, par des chemins ignorés, conduisait à toutes les demeures de ce vaste édifice. C'est par cette porte qu'aux jours où Troie retenait encore le sceptre de l'Asie, Andromaque venait souvent auprès de Priam et d'Hécube, tenant par la main son cher Astyanax, et présentant l'enfant aux caresses de son aïeul. Je m'élance au faîte du palais, d'où les Troyens font voler des traits impuissans. Sur la pente Turrim in præcipiti stantem, summisque sub astra VESTIBULUM ante ipsum primoque in limine Pyrrhus Qualis ubi in lucem coluber, mala gramina pastus, Frigida sub terra tumidum quem bruma tegebat, Nunc positis novus exuviis, nitidusque juventa, Lubrica convolvit sublato pectore terga Arduus ad solem, et linguis micat ore trisulcis. UNA ingens Periphas, et equorum agitator Achillis rapide du comble, une tour s'élevait jusqu'aux astres. De là on pouvait découvrir Troie tout entière, et le camp et les vaisseaux des Grecs. Le levier attaque cette masse dans sa base circulaire. La hache écarte, sépare du toit les madriers qui l'y rattachent la tour est ébranlée sur son vaste siège, nous la poussons avec effort, elle se précipite, et, dans sa ruine immense, écrase au loin des phalanges entières. Mais soudain d'autres phalanges les remplacent; on combat avec furie, et de toutes parts volent les pierres, et les traits, et la mort. DEVANT le vestibule, et sur le seuil même du palais, Pyrrhus s'agite avec audace, et des feux étincelans jaillissent de son armure d'airain. Tel le serpent que les brumes de l'hiver ont tenu engourdi sous la roche où il s'est gonflé de nouveaux poisons, reparaît à la lumière, ayant perdu sa vieille dépouille, et, fier d'une jeunesse nouvelle, dresse son sein aux rayons du soleil, se déroule en mobiles anneaux, et de sa gueule darde un triple ai guillon. PÉRIPHAS, vain de sa haute stature, Automédon, qui fut l'écuyer d'Achille, qui guidait dans la mêlée ses coursiers, et tous les jeunes Grecs venus de Scyros, lancent au faîte du palais la flamme dévorante. Pyrrhus, qui les excite, saisit lui-même une hache à deux tranchans, et frappe les portes qu'il ébranle sur leurs gonds d'airain. Déjà le fer a traversé le chêne robuste, et fait, dans son épaisseur, une large ouverture: alors s'offrent aux rẹgards avides l'intérieur du palais et ses longs portiques: on voit l'auguste demeure de Priam où tant de rois habitèrent; on voit aussi debout, pressés devant l'entrée, des guerriers intrépides qui veulent la défendre. |