Jam summas arces Tritonia, respice, Pallas Ipse Pater Danais animos viresque secundas : Eripe, nate, fugam, finemque impone labori. Tum vero omne mihi visum considere in ignes. Ac veluti summis antiquam in montibus ornum Et tremefacta comam concusso vertice nutat; Ast ubi jam patriæ perventum ad limina sedis, Me si cœlicolæ voluissent ducere vitam, excite le courage des Grecs, et soulève les dieux contre les Troyens. Fuis, mon fils, et cesse de combattre ! Je vais protéger tes pas et te conduire au palais de ton père. ELLE dit, et disparaît dans l'ombre épaisse de la nuit. Alors je vois l'effrayante figure des dieux acharnés à là perte de Troie, tout Ilion s'écrouler dans les flammes, et la ville de Neptune, renversée de fond en comble, n'offrant qu'une vaste ruine. Tel, sur la cime des monts, un orme antique, dont le tronc est déchiré sous les coups redoublés de la hache, menace les bûcherons de sa chute soudaine, chancelle et balance sa chevelure tremblante, jusqu'à ce qu'enfiu, vaincu par ses blessures, il fait entendre un dernier gémissement, tombe avec fracas, et la montagne retentit du bruit de sa ruine. Jɛ descends, et, conduit par une main divine, je traverse, sans obstacle, les feux et les ennemis. Les traits sont détournés, et devant moi la flamme s'éloigne. Dès que j'atteins le seuil antique du palais paternel, Anchise, premier objet de mon inquiétude, et que je veux emporter le premier sur les montagnes voisines, refuse de survivre à la chute de Troie, et d'aller achever, dans l'exil, sa vie et sa misère : « Vous, dit-il, dont l'âge n'a point glacé le sang; vous, qui gardez toute la vigueur de la jeunesse, fuyez ! Pour moi, si les dieux de l'Olympe avaient voulu prolonger mes jours, ils m'auraient con Has mihi servassent sedes: satis una superque : Demoror, ex quo me divum Pater atque hominum rex TALIA perstabat memorans, fixusque manebat. Hoc erat, servé ces demeures. C'est assez pour moi d'avoir été témoin du désastre d'Ilion, et d'avoir survécu à sa ruine. C'est ici, c'est ici qu'est mon lit funèbre! ditesmoi le dernier adieu, et fuyez! Je saurai de ma main trouver la mort : ou un ennemi me la donnera par pitié, si ce n'est pour avoir ma dépouille. Il est facile de se passer d'un tombeau. Trop long-temps objet de la haine des dieux, j'ai traîné sur la terre d'inutiles jours, depuis que le père des dieux et des hommes me frappa du vent de sa foudre, et m'effleura de ses feux. » IL dit, et persiste inébranlable dans sa résolution. Devant mon père pleuraient, avec moi, Créuse, ma compagne, le jeune Iule et tous les miens. Nous le conjurons de ne pas tout entraîner dans sa ruine, de ne pas luimême aggraver le sort qui nous poursuit: il est sourd à nos instances, immobile sur son siège, immuable dans ses desseins. Alors, dans mon désespoir, je ressaisis mes armes, je veux combattre encore, je veux mourir : car désormais quel conseil et quel espoir restaient à ma douleur! « Moi fuir! m'écriai-je; moi, mon père, vous abandonner! et vous avez pu l'ordonner! vous avez pu croire que j'obéirais! un ordre si cruel a-t-il pu sortir de la bouche d'un père! Si c'est le plaisir des dieux qu'il ne reste rien de la puissaute Troie; si, toujours inflexible, votre dernier vœu est que vos cendres et les nôtres soient réunies aux cendres d'Ilion: eh bien! cette porte est ouverte au glaive et à la mort. Déjà Pyrrhus s'avance, couvert du sang de Priam, Pyrrhus qui égorge les fils sous les yeux de leurs pères, et les pères au pied des autels! O Vénus! ô ma mère! quand tu m'enlevais aux traits et aux flammes, était-ce donc pour me faire attendre l'ennemi au sein du foyer domestique! pour me Arma, viri, ferte arma: vocat lux ultima victos. Reddite me Danais, sinite instaurata revisam Prolia nunquam omnes hodie moriemur inulti. Hic ferro accingor rursus, clypeoque sinistram TALIA vociferans, gemitu tectum omne replebat, Fundere lumen apex, tactuque innoxia molli |