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peut tracer un diagnostic différentiel vraiment utile. Je dirai donc seulement ici que le rhumatisme diffère de la névralgie proprement dite en ce que la douleur occupe une plus grande surface; que les points douloureux à la pression sont moins limités; que ces points se trouvent surtout aux attaches des muscles et non sur le trajet d'un nerf, et que la contraction musculaire cause une souffrance hors de toute proportion avec les autres douleurs spontanées ou provoquées, tandis que dans la névralgie, c'est le contraire qu'on observe le plus souvent.

L'inflammation d'un muscle, la myosite, se distingue du rhumatisme musculaire par l'intensité de la douleur, qui est extrême; par l'impossibilité absolue des contractions; par l'absence de soulagements passagers aussi marqués que dans le rhumatisme; par le gonflement, et quelquefois la rougeur et l'empâtement de la partie affectée, si le muscle est superficiel; par l'intensité extrême de la douleur à la pression; par sa fixité dans un point situé vers le centre du muscle et non aux attaches; enfin par la fièvre et l'altération des principales fonctions.

Je n'ai pas distingué, dans ce diagnostic, le rhumatisme musculaire en aigu et en chronique, parce que le lecteur pourra facilement faire la part de l'un et de l'autre ; d'ailleurs je vais avoir maintes fois occasion, en parlant de chaque espèce de rhumatisme, de revenir sur ce point important.

Pronostic. Le pronostic n'a rien de grave. Seulement il faut noter que le rhumatisme chronique est une maladie des plus rebelles. Quelques espèces, comme le lumbago, la pleurodynie, la scapulodynie, qui sont les plus fréquentes, sont aussi les plus difficiles à guérir.

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Le traitement du rhumatisme musculaire aigu est bien loin d'avoir été étudié avec le soin convenable, et la confusion que j'ai indiquée plus haut entre des états pathologiques qui, sans être distincts par leur nature, le sont du moins par quelques particularités importantes, ôte beaucoup de leur valeur aux assertions des auteurs sur ce point.

1° Traitement du rhumatisme musculaire aigu. Le traitement du rhumatisme musculaire aigu est fort simple. Si le mal est léger, on se contente de prescrire un bain simple, des cataplasmes émollients, le repos dans une position telle que les muscles affectés soient dans le relâchement. Si, au contraire, le rhumatisme est très violent, il faut recourir aux émissions sanguines. La saignée générale est rarement mise en usage dans ces cas; cependant, si le sujet est robuste et sanguin, l'extraction d'une assez grande quantité de sang par la veine est un moyen qui a des avantages réels et qu'on ne doit pas négliger. Les ventouses scarifiées sont d'un usage général dans cette affection, ainsi que les sangsues appliquées à plusieurs reprises, si la persistance des douleurs l'exige.

A l'aide de ces seuls moyens et de quelques boissons sudorifiques, telles que l'infusion de sureau et de bourrache, on parvient facilement à faire disparaître le rhumatisme musculaire aigu dans le plus grand nombre des cas. Les émissions sanguines locales, et l'application des sangsues en particulier, ont une efficacité chaque jour démontrée par les faits. Dès le lendemain de la première application, le soulagement est très considérable, et au bout de peu de temps tous les symptômes sont dissipés.

Si la douleur résiste, on a recours à quelques topiques excitants, tels que les sinapismes, le chloroforme, les liniments avec l'alcali volatil, les cataplasmes à l'alcool saturé de camphre, les frictions avec l'alcool camphré, une solution de savon, etc. Je fais remarquer ce nouveau trait de ressemblance entre le rhumatisme musculaire et la névralgie qui, elle aussi, cède parfois aux applications sur la peau des moyens que je viens d'énumérer.

Enfin, si la douleur est rebelle et tend à passer à l'état chronique, on a recours aux vésicatoires, aux cautères, aux moxas. Les cas de ce genre sont rares. Pour que les vésicatoires agissent, on est souvent obligé de les entretenir, ou mieux de les multiplier, comme dans les névralgies. Ce qui m'a réussi le mieux dans des cas très rebelles de scapulodynie, c'est l'application de larges vésicatoires sur lesquels on appliquait du chlorhydrate de morphine à dose croissante de 1 à 5 ou 6 centigrammes.

2o Traitement du rhumatisme musculaire chronique. Le traitement du rhumatisme musculaire chronique nous présente un bien plus grand nombre de moyens ; mais ce qui prouve encore avec quelle négligence cette question a été étudiée, c'est que l'on n'a guère fait que reproduire, dans l'exposé de ce traitement, ce qu'on avait dit à propos du rhumatisme articulaire chronique; non que l'expérience ait prouvé que ce qui convient à l'un convient aussi à l'autre, mais parce que, regardant les deux affections comme de même nature, on a supposé que le même traitement devait nécessairement réussir dans l'une et dans l'autre. Passons en revue rapidement ces divers moyens.

Dans les cas d'exacerbations violentes et de retour à l'état aigu du rhumatisme musculaire chronique, on met en usage les moyens qui ont été énumérés plus haut. L'existence de la douleur chronique ne change rien à la pratique ordinaire. Si la douleur a perdu son acuité, on a très fréquemment recours aux vésicatoires à demeure ou aux vésicatoires volants et multipliés. A ce sujet, je dois présenter |quelques réflexions. Les auteurs signalent tous la grande efficacité du vésicatoire dans le rhumatisme musculaire; cependant il résulte des faits que j'ai observés que ce moyen, quoique réellement utile, est notablement moins efficace, lorsque la douleur siége bien évidemment dans un ou plusieurs muscles, que lorsqu'elle est bornée au trajet bien connu d'un nerf. Ne doit-on pas admettre que, dans les cas très nombreux où l'on a vu disparaître très rapidement la douleur sous l'influence des vésicatoires, il s'agissait d'une névralgie bien caractérisée, d'une névralgie proprement dite, et non d'une douleur musculaire ? C'est une manière de voir qui paraîtra très légitime à tous ceux qui ont jeté les yeux sur quelques unes des observations de rhumatisme musculaire publiées avant ces dernières années. Parmi les pleurodynies, les lumbagos, les rhumatismes musculaires de la tête et de l'abdomen, on trouve une très grande quantité de névralgies intercostales, lombo-abdominales, etc.; et, en pareil cas, les vésicatoires ont dû nécessairement avoir une très grande efficacité. Cette différence dans l'action d'un même médicament, sur des maladies de même nature, s'explique par la différence du siége. Les mêmes réflexions s'appliquent à l'emploi de la cautérisation transcurrente, à laquelle on a eu également recours dans des cas où l'on n'a vu qu'un rhumatisme musculaire chronique. On sait combien ce moyen énergique est efficace dans les névralgies. Les cautères et les moxas sont bien moins fréquemment em

ployés, et il n'est pas assez prouvé qu'ils aient plus d'utilité que les moyens qui viennent d'être mentionnés, pour qu'on passe par-dessus leurs inconvénients bien

connus.

Lorsque la douleur, sans être très incommode par son intensité, l'est par sa persistance, il suffit quelquefois de frictions sèches avec une brosse anglaise, avec de la flanelle, un morceau de tissu de grosse laine, etc. Mais ce moyen n'est guère que palliatif, et la douleur, un moment calmée, ne tarde pas à reparaître.

Le massage a été beaucoup vanté dans ces dernières années, ainsi que la percussion sur les muscles affectés. M. le docteur Lepelletier (1) a rapporté des observations dans lesquelles on voit divers rhumatismes musculaires céder à l'emploi du massage et de la distension forcée. Il ne peut pas être un instant douteux que ces moyens produisent un soulagement très marqué, mais on peut leur appliquer la remarque précédente, c'est-à-dire que, le plus souvent, le soulagement n'est que momentané, et que la douleur se reproduit avec une très grande facilité.

Il me suffit de mentionner l'acupuncture, l'électro-puncture, l'électricité, l'action de l'aimant; nous n'avons rien de positif sur leur degré d'utilité.

Les liniments excitants, les topiques excitants de toute espèce, sont employés dans le rhumatisme musculaire chronique. MM. Chomel et Requin proposent le liniment suivant :

Teinture de cantharides... 15 gram. Savon officinal.....
Huile d'amandes douces... 120 gram. Camphre....

30 gram.

2 gram.

Dissoudre le camphre dans l'huile et le savon dans la teinture, puis mélanger le tout. Pour frictions, matin et soir, sur les points douloureux.

M. Delfrayssé (2) vante comme un excellent spécifique le liniment suivant :

Essence de térébenthine.... 30 gram. | Tartre stibié...

Faire quatre frictions à une heure d'intervalle sur la région malade.

4 gram.

Ce médecin cite deux observations seulement à l'appui de son assertion. Les eaux thermales sont regardées comme très utiles dans le traitement de la maladie qui nous occupe. On recommande les eaux sulfureuses, particulièrement. Il est certain qu'on a de très fréquentes occasions de voir des malades, partis très souffrants, revenir débarrassés de leurs douleurs après une ou deux saisons des eaux. Mais quelles étaient les espèces de douleur dans les divers cas? Voilà ce qu'il serait nécessaire de savoir avant de se prononcer.

Les bains, les douches de vapeur, les fumigations sulfureuses, sont de l'usage le plus fréquent, et l'expérience générale nous apprend qu'on en retire de bons effets; mais il reste à déterminer quelles sont les circonstances dans lesquelles ces moyens conviennent particulièrement.

Nous avons encore à signaler ici l'usage de l'eau froide à l'intérieur et surtout à l'extérieur. Des faits nombreux ont été rapportés, qui prouvent les heureux effets de l'hydrothérapie dans le rhumatisme musculaire chronique aussi bien que dans le rhumatisme articulaire. Lorsque la maladie n'a pas une très grande intensité, c'est-à-dire dans le plus grand nombre des cas, des lotions froides sur tout

(1) Union médicale, 2 et 5 mars 1850.

(2) Gazette des hôpitaux, mai 1852.

le corps, pratiquées le matin au sortir du lit, et faites en toute saison, sont d'une utilité reconnue par un grand nombre de médecins, et cette pratique se répandant beaucoup, on apprend tous les jours que de nouvelles personnes se sont ainsi déharrassées de douleurs rhumatismales anciennes.

Lorsque le rhumatisme musculaire chronique se montre rebelle à tous ces moyens, on ne doit pas hésiter à mettre en usage les sels de morphine par la méthode endermique, et cela avec persévérance. Il est bien entendu, que lorsqu'il ne s'agit que de ces petites douleurs qui ne causent ordinairement qu'une incommodité légère, il n'y a pas lieu de recourir à ce moyen et que les simples palliatifs suffisent. Le sel de morphine appliqué d'abord à faible dose, peut être élevé, comme je l'ai dit, dans le traitement du rhumatisme musculaire aigu. Il faut en étendre l'action à plusieurs points à la fois, en appliquant des vésicatoires multipliés sur les endroits les plus douloureux, et en mettant un centigramme de sel sur chaque vésicatoire.

On a bien souvent recours à de simples liniments sédatifs, le suivant, par exemple :

2 Huile d'amandes douces.. 60 gram. | Laudanum de Sydenham.... 10 gram. Mélez. Pour frictions, deux ou trois fois par jour.

Mais les moyens de ce genre n'ont pas une action bien grande, et ne conviennent que dans les cas où le mal est léger.

MM. Chomel et Requin conseillent le liniment sédatif suivant :

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Mêlez. Pour frictions, trois ou quatre fois par jour.

Il est douteux que ce liniment ait une action beaucoup plus grande que le précédent.

Moyens divers. Je me contenterai de mentionner les moyens suivants, parce que nous n'avons aucun renseignement précis sur leur mode d'action et sur leur degré d'efficacité.

On a recommandé les frictions mercurielles, l'usage du calomel à l'intérieur, le colchique, les narcotiques; à l'intérieur, les lotions, les frictions de cyanure de potassium, qu'on pratique ainsi qu'il suit :

Cyanure de potassium... 0,40 gram. | Eau.

Pour lotions, trois ou quatre fois par jour.

Cyanure de potassium. . 0,20 gram. | Axonge....

Pour frictions sur les points malades, trois ou quatre fois par jour.

30 gram.

30 gram.

M. Poggiale (1) a tout récemment communiqué à l'Académie des sciences la forinule d'une pommade qu'il considère comme un moyen très efficace de traitement de douleurs rhumatismales, et à l'appui de l'action de laquelle il rapporte dix-sept observations. Voici cette formule :

(1) Voy. Bull. gén. de thér., 30 décembre 1852.

24 Chlorhydrate de morphine.....
Eau distillée, extrait de belladone.

Onguent populeum.....

Axonge macérée dans des feuilles de datura..

Le tout aromatisé avec essence de citron ou eau de laurier-cerise.

Q. s.

Nous ne donnons pas les doses, M. Poggiale ne les ayant pas publiées, mais l'intelligence de nos lecteurs comblera facilement cette lacune.

Je n'insiste pas sur ces moyens; j'ajoute seulement que dans certains cas où la maladie s'est montrée avec des caractères d'intermittence, on a réussi à la faire disparaître en employant le traitement antipériodique; et que, d'après ce que j'ai dit plus haut, le rhumatisme, quoique différent de la névralgie proprement dite, étant néanmoins au fond de la même nature, on est autorisé à essayer tous les moyens conseillés contre les névralgies qui n'ont pas été mentionnés dans l'exposé précédent (1).

Je viens d'exposer l'histoire du rhumatisme musculaire en général. Telle que je l'ai présentée, elle offrira, sans doute, quelque nouveauté à ceux qui savent avec quelle négligence elle a été traitée jusqu'à présent. L'étude des névralgies ayant attiré mon attention sur les douleurs de toute espèce, j'ai eu bien des fois occasion d'examiner avec attention des rhumatismes musculaires ; c'est ainsi que j'ai pu noter plusieurs particularités importantes qui avaient échappé aux auteurs. Cependant je ne me dissimule pas qu'il reste encore beaucoup à faire sur ce point de pathologie plus important que ne paraissent le croire beaucoup de médecins. Tous les jours on est consulté pour des douleurs; d'abord on n'éprouve aucun embarras, parce qu'il est un certain nombre de moyens vulgaires qu'on peut prescrire sans porter aucun diagnostic; mais si les douleurs persistent, ce qui n'est pas rare, on se trouve fort embarrassé, on éprouve de l'hésitation à spécifier le cas, on ne sait plus à quel moyen avoir recours, et l'on peut perdre la confiance du malade. On ne saurait donc trop recommander au praticien l'étude attentive de cette maladie, dont je ferai connaître quelques particularités nouvelles en parlant des espèces de rhumatisme musculaire.

Traitement prophylactique. Dans ce que les auteurs nous ont laissé sur le traitement prophylactique du rhumatisme musculaire soit aigu, soit chronique, nous ne trouvons rien qui s'applique particulièrement à cette affection. Ce sont les soins hygiéniques, les précautions générales conseillées contre le rhumatisme articulaire, qu'on a purement et simplement appliqués au rhumatisme musculaire. C'est là évidemment encore une preuve du peu d'importance qu'on a attaché à l'étude de cette affection. En l'absence de renseignements plus exacts, bornons-nous à dire qu'on recommande aux personnes sujettes au rhumatisme musculaire la sobriété, la modération dans les plaisirs vénériens, un exercice régulier tous les jours, le soin d'éviter le froid humide, et néanmoins de ne pas prendre de trop grandes précautions contre cette cause. Si, en effet, on se couvre trop et si l'on évite avec trop de soin les impressions atmosphériques, on acquiert une très grande susceptibilité qui expose à voir apparaître les douleurs rhumatismales à la moindre action d'un air un peu frais. Les lotions froides, faites tous les matins, mettent à l'abri

(1) Voy. t. IV de cet ouvrage, art. Névralgie en général, traitement.

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