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tinues, quelle que soit leur forme, constituent toutes une seule et unique affection (1) qu'on distingue sous le nom d'affection ou de fièvre typhoïde, a définitivement résolu cette grande question. Quant aux preuves qu'il a apportées en faveur de sa proposition, elles abondent dans son ouvrage que tout le monde aujourd'hui regarde comme un des plus importants de notre époque médicale.

M. Chomel (2) a ensuite exposé, avec son talent bien connu, les résultats obtenus par M. Louis; puis ont paru de nombreux travaux qui ont jeté quelque lumière sur certains points de l'histoire de la fièvre typhoïde. Je citerai ceux de MM. Andral, Bouillaud, Forget, et ceux de MM. Taupin, Rilliet et Barthez, pour les fièvres typhoïdes des enfants, etc., etc.

Après ce que je viens de dire, on comprendra que, pour donner une bonne description de la fièvre typhoïde, il ne suffira de résumer l'ouvrage de M. Louis, en y ajoutant quelques détails empruntés aux observateurs récents, et qui portent sur des points secondaires.

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La fièvre typhoïde est une affection fébrile aiguë qui se développe soit spontanément, soit par contagion, qui a une marche particulière, qui n'attaque pas la vieillesse, qui ne se manifeste presque jamais qu'une seule fois dans la vie, et qui a pour caractère anatomique essentiel une altération particulière des glandes de Peyer. J'ai réuni dans cette définition les principaux caractères de la fièvre typhoide; je montrerai, dans la description qui va suivre, toute son exactitude.

Les dénominations sous lesquelles on l'a décrite plus ou moins approximativement sont extrêmement nombreuses; les principales sont : Casus, phrenitis; febris ardens, continua, nervosa, mesenterica, petechialis; typhus; fièvre putride, ataxique, adynamique, nerveuse, angioténique, méningo-gastrique, adénsméningée; fièvre entéro-mésentérique, dothinentérie, entérite folliculeuse, entéromésentérite typhoïde; fièvre des camps, des prisons, etc.

La grande fréquence de la fièvre typhoïde ne fait aucun doute pour personne, aujourd'hui que les cas les plus légers sont facilement reconnus.

Dans un travail fort intéressant sur l'étiologie de cette maladie, M. Marc d'Espine (3) a fait voir combien cette fréquence peut varier d'une année à l'autre. Il a trouvé que, dans le canton de Genève, il y a eu des années où le nombre des décès causés par cette maladie a été seulement de 20 pour 1,000, tandis que dans sept autres années il a été beaucoup plus élevé et jusqu'à 64 pour 1,000.

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Les causes de la fièvre typhoïde sont difficiles à étudier; aussi n'avons-nous encore, sur plusieurs points de son étiologie, que des données incertaines; mais, sur d'autres, nous avons des recherches précises dont je vais donner le résultat.

(1) On a vu, dans les deux articles précédents, qu'il faut, et M. Louis le reconnaît luimême dans son ouvrage, faire une exception en faveur de la fièvre éphémère et de la fièvre simple continue; mais je n'ai pas cru devoir changer pour cela cette proposition générale qui résume si bien la discussion.

(2) Voy. Genest, Leçons sur la fièvre typhoïde, par M. Chomel. Paris, 1834.

(3) Notice étiologique sur l'affection typhoïde (Arch. gén. de méd., 4a série, 1849, t. XIX, p. 129, 423).

10 Causes prédisposantes.

Age. Au-dessous de l'âge de deux ans, la fièvre typhoïde paraît fort rare; cependant, depuis que les médecins qui s'occupent des maladies des enfants en étudient les symptômes avec beaucoup de soin, on a signalé un certain nombre d'exemples de cette maladie dans les premiers mois de la naissance. MM. Manzini (1) et Charcellay (2) ont cité deux cas de fièvre typhoïde congénitale. MM. Rilliet, Marc d'Espine, Bricheteau, Abercrombie, ont vu la fièvre typhoïde se manifester chez des enfants âgés de sept à vingt-deux mois. Pour ma part, j'ai observé cette maladie chez un enfant de trois mois et demi, qui a guéri, et chez un autre de vingt-trois mois, qui a succombé. Ce qui fait peut-être que l'on n'a pas signalé un plus grand nombre de ces cas, c'est que l'observation est très difficile chez les enfants âgés de moins de deux ans, et que les cas de fièvre typhoïde de faible intensité sont en particulier très obscurs. Cependant, en considérant les faits sous un autre point de vue, on a trouvé que la fréquence de cette maladie doit, selon toutes les probabilités, être beaucoup moins grande dans les deux premières années de l'existence que dans celles qui suivent; cette fréquence va, en effet, en augmentant sensiblement. Ainsi, de deux à cinq ans, elle est encore peu considérable; de cinq à huit ans, elle s'accroît notablement; elle augmente encore beaucoup de huit à quatorze ans ; et enfin, d'après les relevés de MM. Louis, Chomel, Lombard et Fauconnet, c'est de dix-huit à trente ans qu'on est le plus exposé à être atteint de la fièvre typhoïde. Il est une autre circonstance, relative à l'âge, qui ne mérite pas moins d'être signalée : c'est que, après l'âge de cinquante ans, la maladie devient tellement rare, que les exemples qu'on en a cités peuvent être regardés comme de véritables exceptions, d'autant plus que, même parmi ces exemples, il en est quelques uns qui sont contestables. Il résulte même des recherches faites dans les épidémies, que la fièvre typhoïde, qui acquiert alors une plus grande violence, et qui pourrait bien, sans que la règle fût changée, se montrer, en pareil cas, hors des limites d'âge que nous venons de lui assigner, respecte néanmoins les vieillards, sauf quelques rares exceptions (3).

Sexe. L'influence du sexe est moins bien déterminée; M. Louis ne se prononce pas à ce sujet; MM. Rilliet et Barthez, Taupin, Barrier, ont trouvé, parmi les individus atteints, un plus grand nombre de garçons que de filles.

Les faits cités par M. Marc d'Espine (4) sont les plus concluants, et tendent à prouver que les hommes sont plus prédisposés à la fièvre typhoïde que les femmes. Constitution; tempérament. La mortalité étant la même, proportion gardée, chez les sujets forts et chez les sujets faibles, M. Louis en conclut que la constitution n'a qu'une influence au moins très limitée. Quant au tempérament, nous n'avons aucune donnée satisfaisante à cet égard.

Rien, comme le fait remarquer M. Louis, ne prouve que les chagrins, l'excès de travail ou les excès de boisson aient une action marquée sur l'apparition de

(1) Académie de médecine.

(2) Arch. gén. de méd., 3o série, 1840, t. IX, p. 65.

(3) Voy. Putégnat, Mém. sur la dothinentérie (Bull. de l'Acad. de méd., t. II, p. 853 ;Gaz. med., novembre 1838, p. 710).

(4) Loc. cit.

cette maladie. Le nombre des sujets qui se trouvaient dans ces conditions était, en effet, dans une proportion minime. Il en est de même de la mauvaise nourriture, de l'usage d'aliments gâtés ou de boissons corrompues, qui, d'après quelques ob servations (Leteneur, cité par M. Louis) et certaines expériences (Gaspard), seraient, au contraire, des causes très puissantes. Il est facile de se convaincre que les premières ne sont que de simples coïncidences, et que les secondes n'ont produit que des états morbides qui sont bien loin d'être identiques avec la fièvre typhoïde. La même remarque s'applique à la défibrination du sang, produite par M. Magendie dans ses expériences.

Changement d'habitudes; séjour à Paris. Il est très remarquable que presque tous les cas observés dans les hôpitaux de Paris se montrent chez des sujets qui habitent cette ville depuis peu de temps (de quelques mois à un an), et, ce qui ne l'est pas moins, c'est que moins le séjour des sujets à Paris avait été long, plus la mortalité chez eux était grande. Voilà un fait bien digne d'être noté. Maintenant on peut admettre que le changement de nourriture, un logement dans des conditions nouvelles, des travaux plus pénibles, et aussi les regrets et les ennuis, sont les agents principaux de cette grande cause; mais, ainsi que nous l'avons vu plus haut, la démonstration n'en est ni facile ni suffisante, et nous ne pouvons encore nous prononcer sur ce point. Ne pourrait-on pas penser que la contagion est pour quelque chose dans cette fréquence de la maladie qui nous occupe, chez des sujets qui vivent pour ainsi dire pêle-mêle? Il est fâcheux que nous n'avons pas, sur le développement de la fièvre typhoïde dans les autres grandes villes, des documents aussi précis que ceux que nous ont fournis les médecins observant à Paris.

Saisons. Les faits recueillis au point de vue de l'influence des saisons ne sont pas assez nombreux pour qu'on ait pu arriver à un résultat définitif. Suivant MM. Lombard et Fauconnet, la plus grande fréquence de la fièvre typhoïde a lieu en automne. D'après les recherches de M. Chomel, cette maladie serait plus fréquente dans les mois les plus froids que dans les mois les plus chauds, tandis que M. Forget a, d'après les faits qu'il a observés, classé ainsi les saisons, sous le rapport de la fréquence de la maladie : automne, été, printemps et hiver (1). I n'y a encore là rien de définitif. Je ferai remarquer que, dans ces dernières années, le nombre des fièvres typhoïdes, pendant les grandes chaleurs de l'été, a été si considérable, qu'on a pu admettre l'existence de petites épidémies, et d'un autre côté, la dernière épidémie dont nous observons encore des restes, s'est montrée pendant l'hiver (1853). Pour résoudre cette question de l'influence des saisons, il faut nécessairement multiplier les recherches et examiner les faits sous tous les points de vue, principalement sous celui de la mortalité.

Rien ne démontre, comme le prouvent les observations de M. Louis, que certaines professions exposent plus que d'autres les sujets qui les exercent à contrac ter la fièvre typhoïde.

On a beaucoup parlé, dans ces derniers temps, de l'influence de la vaccine sur la production de la fièvre typhoïde. Des statistiques établies sur des faits malappréciés ont fait émettre à ce sujet une opinion plus que hasardée. Les observations que nous recueillons tous les jours prouvent qu'elle n'a rien de fondé. Dans la dernière épidémie j'ai vu, d'une part, la fièvre typhoïde sévir chez les sujets non (1) Traité de l'enterite folliculeuse. Paris, 1841, p. 409.

vaccinés et, de l'autre, des convalescents de la fièvre typhoïde atteints de la variole. Sur 35 malades atteints de fièvre typhoïde et entrés dans mon service dans les premiers jours de novembre (1853), 4 portaient des traces profondes de petite vérole, -un n'avait pas été vacciné, un l'avait été sans succès, deux présentaient des cicatrices douteuses. Des quatre malades qui avaient eu la petite vérole deux ont succombé. De son côté, M. Barth (1), qui a fixé son attention sur ce sujet, a vu, dans un très court espace de temps, quatre personnes n'ayant pas été vaccinées et portant des traces évidentes de variole, être prises de fièvre typhoïde qui, légère dans deux cas, fut très grave dans les deux autres. Un malade succomba. En même temps qu'il signale ces observations, l'auteur cite quatre cas plus ou moins graves de variole, survenant dans la convalescence d'une fièvre typhoïde. Quoique ces faits soient peu nombreux, ils ont déjà leur signification.

Antagonisme. Suivant M. Boudin, les sujets soumis à l'influence des marais réistent à l'action des causes de la fièvre typhoïde (2). Get auteur a accumulé avec beaucoup d'art un très grand nombre de faits en faveur de cette opinion, qui n'a pas encore trouvé beaucoup de crédit.

2° Causes occasionnelles.

Les causes occasionnelles, à l'exception de la contagion, sont beaucoup moins onnues que les précédentes, ou, pour mieux dire, lorsqu'on a avancé que l'insoition, le froid, l'humidité, l'alimentation insuffisante, les purgatifs, les commotions hysiques, etc., peuvent produire la fièvre typhoïde, on a avancé des propositions que ne confirme pas l'étude des faits.

Contagion. Quand on n'avait égard qu'aux faits observés à Paris, on ne croyait as à la contagion de la fièvre typhoïde; mais les observations faites dans les petites calités ont dû modifier profondément cette opinion. Je citerai, avec M. Louis (3), jelles que la science doit à MM. Bretonneau (4), Leuret, Gendron (5), Putégnat, de plus celles de MM. Letanelet, Lombard, Fauconnet, Mayer (6), Patry, Jac quez, Ragaine (7), Thirial, etc. Il résulte, en effet, de ces observations, que la jèvre typhoïde a été maintes fois transmise par un malade à un individu sain. Je e discuterai pas si la transmission a lieu par contact ou par infection; je dirai eulement que ce dernier mode de transmission ne paraît douteux à personne ; andis que la transmission par le contact ne paraît guère probable, au moins dans a fièvre typhoïde sporadique, lorsqu'on voit ce qui se passe dans les hôpitaux de Paris, où les malades ne sont nullement isolés.

Si, après les faits que je viens de citer, il pouvait rester encore quelques doutes ur la transmission de la fièvre typhoïde, par contagion, ils seraient promptement dissipés par les résultats intéressants des recherches de M. le docteur Piedvache (8). (1) Gaz. hebd. de méd. et de chirurgie, 7 octobre 1853.

(2) Comparez Étude de géographie médicale (Ann. d'hygiène et de méd. légale. Paris, 1845, t. XXXIII, p. 58; t. XXXVI, p. 5, 304; t. XXXVIII, p. 237; Bull. de l'Acad. de méd., t. VIII, p. 931; t. IX, p. 168; t. X, p. 1041; t. XI, p. 257).

3 Loc. cit., t. II, p. 368 et suiv., 2o édit.

(4) Arch. gén, de méd., 1 séric, t. XXI, p. 57.

(5) Journ. des conn. méd.-chir., 1834.

16. Bull. de la Soc. de méd. de Besançon, no 2, 1847.

(7) Bull. de l'Acad. de méd., t. X, p. 736, 896; t. XII, p. 536.

8 Rech, sur la contagion de la fièvre typhoide et principalement sur les circonstances

dans lesquelles elle a licu (Mém. de l'Acad. de méd. Paris, 1850, t. XV, p. 239).

Ce médecin, qui a pu suivre pendant quatre ans la fièvre typhoïde à l'état épidémique dans la petite ville de Dinan, a accumulé les faits, et est arrivé à ces conclusions, que la contagion est évidente, qu'elle accroît considérablement le nombre des malades, et que la circonstance la plus favorable à la transmission est la concentration de l'air et des miasmes qu'il contient.

Je ne parle pas ici des faits observés en Angleterre, parce que, dans leurs relations, les médecins anglais ont presque tous décrit, sans les séparer, la fièvre typhoïde et le typhus fever, qui sera l'objet d'un article particulier. C'est dans cet article que je ferai connaître les travaux de M. le docteur Jenner qui a, mieux que tout autre, en Angleterre, établi la distinction des deux maladies.

La fièvre typhoïde a pris fréquemment et prend encore assez souvent le caractère épidémique. Dans l'article suivant (1), je rechercherai si les épidémies de typhus doivent être rapportées à la fièvre typhoïde.

3° Nature de la maladie.

Sous ce titre, j'entends les lésions primitives, soit des liquides, soit des solides, que l'on a regardées comme la source des autres lésions et de tous les symptômes, Aujourd'hui un assez grand nombre de médecins sont portés à admettre l'existence d'une lésion primitive du sang, dans laquelle la diminution de la fibrine jouerait le plus grand rôle, et serait le principe de la maladie. Je me bornerai à rappeler ce que j'ai dit plus haut, à propos des expériences de M. Magendie: la défibrination du sang a produit un état morbide autre que la fièvre typhoïde. Quant aux preuves directes, qu'on pourrait demander à l'observation, elles nous font complétement défaut.

On a cru jeter un grand jour sur la question, en comparant la fièvre typhoide à la variole; mais, outre que c'est là tout simplement reculer la difficulté, puisque nous n'avons que des idées vagues sur la nature de la variole, M. Louis a prouvé par les faits (2) que, si la fièvre typhoïde se rapproche de la variole par quelques caractères, elle s'en éloigne par d'autres.

Quelques auteurs, parmi lesquels il faut compter MM. Forget et Bouillaud, regardant la fièvre typhoïde comme une entérite particulière, donnent à l'altération intestinale la même valeur qu'à l'inflammation du poumon dans la pneumonie; mais la faculté contagieuse de cette maladie, qui n'affecte qu'une seule fois le même individu, est un caractère distinctif suffisant pour nous faire admettre autre chose qu'une simple inflammation. M. Delarroque (3) regarde comme la cause de tous les accidents une certaine altération de la bile, dont il ne donne qu'une vague définition. C'est là une hypothèse fondée sur une observation incomplète.

De tout cela il résulte que nous ne connaissons pas encore la cause essentielle organique de la fièvre typhoïde, et que nous devons tenir compte à la fois de la lésion locale et de l'infection générale qui nous est révélée par la propriété contagieuse de cette affection.

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Les symptômes de la fièvre typhoïde ont été parfaitement étudiés; je n'aurai pas,

(1) Voy. Typhus des camps, des prisons, etc.

(2) Loc. cit., 2e édit., p. 507 et suiv.; Anal. et diff., etc, (3) Trait. de la fièvre typhoïde, 1847.

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