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marquable; il doit dissiper les craintes qu'inspire l'opium dans les cas où il y a des symptômes cérébraux, et engager les médecins à le mettre en usage dans les cas graves. On donne le sirop d'opium à la dose de 30 grammes.

L'eau de Seltz, les chlorures, les acides ne méritent qu'une simple mention. Quant au sulfate de quinine, proposé par M. Broqua, M. de Saint-Laurent (1) a démontré, par l'analyse des faits, que ce médicament a des inconvénients sans avoir l'utilité qu'on lui attribue.

Cependant M. Worms (2) a rapporté des faits qui méritent d'être mentionnés. car il importe que les praticiens puissent répéter ses expériences. M. Worms, conduit par la théorie à se servir de ce médicament, lui a reconnu de bons effets. Ceci m'amène à parler du traitement employé par ce médecin.

1° Au début, symptômes d'intensité moyenne : Après s'être assuré que le malade a été à la selle, tartre stibié 0,10 grammes, et quelques heures après le vomitif: 0,80 grammes de sulfate de quinine dans une potion; infusion de tilleul

2o Si la réaction est plus forte, s'il y a du délire, deux potions à 0,60 grammes de sulfate de quinine à six ou sept heures de distance l'une de l'autre ; deux potions de nitrate de potasse à 4 grammes chaque, avec 0,5 grammes de camphre et prises par cuillerées d'heure en heure; infusion de tilleul.

Le lendemain, si la langue est saburrale, s'il y a des nausées, si la nuit a été calme, un vomitif et le sulfate de quinine. On continue ainsi à donner le sulfate de quinixe, en diminuant les doses et les fractionnant s'il existe des accidents pectoraux; on administre en outre dans ce cas deux potions dans les vingt-quatre heures, avec camphre 0,5 grammes, oxyde blanc d'antimoine 2 grammes, une petite quantité de vin.

Si l'engorgement pulmonaire devient plus prononcé, le pouls plus fréquent et plus faible, on ajoute 0,05 grammes ou 0,10 grammes de tartre stibié à la potion et on augmente la dose de vin.

Ce traitement, modifié légèrement quelquefois selon les indications, telles que de donner le sulfate de quinine à une dose élevée en raison inverse de l'intensité de la maladie, est le seul qu'emploie M. Worms; il a pu ainsi, non seulement guérir un grand nombre de malades, mais aussi enrayer la maladie et amener une terminaison rapide.

Des vingt malades cités dans la thèse de M. Guipon, dix-neuf ont guéri, l vingtième a succombé à la suite de la laryngotomie pratiquée pendant la convalescence. Chez un grand nombre la maladie n'a pas dépassé le douzième jour. ・

Cette médication est, comme on le voit, très complexe, de sorte que c'est seulement après l'avoir employée de la même manière que l'auteur qu'on pourra se faire une juste idée de sa valeur; aussi ne peut-on pas en tirer une conclusion rigoureuse, relativement à l'action du sulfate de quinine administré seul.

J'ajoute que récemment des recherches sur l'efficacité de ce médicament ont également été faites par MM. Blache et Briquet (3). De l'analyse des faits rapportés par ces médecins, il semblerait résulter que le sulfate de quinine a eu pour effet le ralentissement du pouls, l'abaissement de la température et la diminution

(1) Arch. gén. de méd., 3a série, 1842, t. XV, p. 5.

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des troubles cérébraux, mais qu'il n'a pas diminué pour cela le chiffre de la mortalité. Sulfure de mercure. M. Serres (1) se fondant sur la ressemblance qu'il a trouvée entre la fièvre typhoïde et la variole, ressemblance qui est bien loin d'être démontrée, a proposé le traitement abortif par le sulfure noir de mercure, à l'intérieur, et les frictions avec la pommade mercurielle sur l'abdomen.

On fait les frictions tous les jours avec 8 ou 10 grammes de pommade mercurielle; quant aux pilules de sulfure de mercure, on les prescrit tous les deux ours. En voici la formule :

Éthiops minéral. . . . . .

1 gram. Sirop simple.

Poudre de gomme adragante. 0,50 gram.

F. s. a. quatre pilules. Dose: de quatre à six tous les deux jours.

Q. s.

M. le docteur Cambrelin (2), de Namur, a rapporté dix cas de guérison par la éthode de M. Serres, mais ce nombre est bien faible quand il s'agit du traitelent d'une maladie comme la fièvre typhoïde.

M. Becquerel (3) a également cité des cas de guérison par ce moyen. Je me intente d'indiquer ces faits, qui auraient besoin d'être multipliés pour entraîner conviction; car la gravité de la fièvre typhoïde est bien différente suivant les ques où on l'observe, et il est à remarquer que précisément au moment où ces its ont été recueillis, elle était généralement peu grave.

Enfin je me bornerai à mentionner le travail de M. Taufflieb (4) sur l'emploi calomel, considéré par cet auteur à la fois comme purgatif et comme médicaent mercuriel. Malgré l'intérêt de ce mémoire, la question me paraît encore bien in d'être résolue en faveur des mercuriaux. J'en dirai autant à propos de reerches de M. Lautour (5) qui, ayant observé à Damas, a cité onze cas de guéon sur douze malades chez lesquels ce médicament a été employé à doses fracnnées.

Hydrothérapie. On trouve dans plusieurs ouvrages sur l'hydrothérapie (6) un tain nombre d'observations de fièvres typhoïdes guéries après avoir été traitées l'hydrothérapie; mais ces faits sont trop peu nombreux pour qu'on puisse en er aucune conclusion. L'été dernier, j'ai observé quelques malades à qui l'on sait des lotions froides sur tout le corps deux fois par jour. Tout ce que je peux e encore à ce sujet, c'est que les malades éprouvaient du bien-être après les jons, qui ne déterminaient pas d'accidents. C'est un point à étudier.

Eau froide intus et extrà, et saignées initiales. M. Leroy de Béthune (7) vante bons effets d'un traitement particulier qu'il importe d'exposer avec quelques tails: Au début de la maladie il saigne le malade, et les émissions sanguines sont oportionnées à l'âge, au tempérament, à la constitution du sujet ; mais on doit les ser après le premier septénaire et y joindre immédiatement la réfrigération con

Union médicale, 12 août 1847.

Union médicale, 4 avril 1850.

Bull. de l'Acad. de méd., 10 septembre 1850, t. XV, p 1097.

Du traitement de la fièvre typhoïde par les purgatifs mercuriels (Bull. gén. de thér., AL, février et mars 1851).

3) Union medicale, 3, 6 et 8 janvier 18531.

(6) Voy. ceux de MM. Scoutetten et Schedel. 7) Union médicale, 28 octobre 1852.

tinue qu'on exécute de la manière suivante : Un linge plié en plusieurs doubles est trempé dans l'eau la plus froide possible, faiblement tordu et appliqué ensuite sur le ventre qu'il recouvre entièrement et où il est maintenu par une serviette formant ceinture qui doit être renouvelée assez souvent pour que le malade ne soit pas trop mouillé aux parties du corps où l'application du froid n'est pas nécessaire.

Le linge mouillé doit être plongé dans l'eau et remis en place aussitôt qu'il s'échauffe ; à mesure que la chaleur diminue on renouvelle les fomentations moins fréquemment. L'eau froide pour boisson et trois demi-lavements avec de l'eau simple complètent le traitement que l'auteur engage à ne pas cesser sous aucun prétexte dès qu'il est commencé, et qui dans certains cas doit être continué assez longtemps.

Pendant trois ans, M. Leroy a employé ce traitement concurremment avec les purgatifs et a eu 6 décès sur 44 cas; le même traitement employé seul pendan quatre ans, a donné à l'auteur 126 cas de guérison chez 132 malades.

Encouragé par un aussi brillant résultat, je n'ai pas hésité à mettre ce traite ment en usage dans la dernière épidémie, mais, comme je l'ai indiqué dans plusieurs articles insérés dans l'Union médicale (1), je n'ai pas obtenu les mêmes succès: 14 fois sur 25 j'ai dû cesser le traitement parce que la mort était imminente. L'influence épidémique est-elle pour quelque chose dans ces insuccès, on bien, comme le dit M. Leroy, des lotions d'eau froide ajoutées au traitement outelles pu expliquer la différence énorme des résultats ? C'est ce que des observations nouvelles nous apprendront.

M. Rayer administre des bains simples tous les deux jours après le second septénaire de la fièvre typhoïde. D'après un travail de M. Hervieux (2) ces bains ont toujours procuré du soulagement et n'ont jamais eu d'inconvénients.

Vésicatoires. Il résulte des observations de M. Louis que, sans avoir aucune action favorable, les vésicatoires tendent à produire des escarres; il faut donc les abandonner.

Quelques médecins ont proposé l'expectation pendant laquelle on n'a recours qu'à des soins hygiéniques; mais c'est supposer que les remèdes n'ont aucune action, ce que nous ne pouvons admettre d'après ce qui a été dit plus haut.

Il est beaucoup de médecins qui, sans adopter exclusivement aucun des moyens précédents, mettent en usage un plus ou moins grand nombre d'entre eux, suivant les circonstances. Ainsi dans les cas graves, ils ont recours à une saignée, à une application de sangsues, à quelques laxatifs, aux boissons acidules, aux lavements huileux, ou émollients; et, dans les cas légers, ils se contentent des boissons acidules et des lavements, ce qui n'est guère que l'expectation. C'est là à peu près le traitement employé par M. Chomel dans les premiers temps, et la mortalité fut grande. Les fièvres typhoïdes qu'il traitait alors étaient-elles plus graves?

Traitement des symptômes. Dans une affection dont les symptômes sont si nombreux et si pénibles, on doit avoir égard au plus grand nombre d'entre eux, sans toutefois ne voir que des symptômes isolés, ce qui est une exagération singulière. Contre le vomissement on donne les boissons gazeuses, l'opium, les lavements

(1) Union médicale, 7 novembre 1852.
(2) Arch. gén, de méd., septembre 1848.

laudanisés, et même la glace. Il est rare qu'il faille arrêter la diarrhée; mais si les selles étaient par trop abondantes, on aurait recours aux moyens employés contre l'entérite simple. Dans les cas où elle persiste pendant la convalescence de l'affection, M. Aran (1), suivant l'exemple de M. Monneret, a employé avec succès le sous-nitrate de bismuth, à la dose de 10 grammes par jour.

On a proposé contre le météorisme, les frictions avec l'huile d'anis ou de camomille, les lavements froids et vinaigrés, la glace sur l'abdomen, etc.; ces moyens échouent presque constamment. Il est bien rare que l'épistaxis soit inquiétante ; s'il en était ainsi, il faudrait recourir au traitement de cette hémorrhagie (2). Il faut avoir soin de tenir la vessie vide à l'aide de la sonde dans les cas de rétention l'urine. Il faut par tous les moyens possibles (position variée, emplâtres de diachylon, coussins, etc.), chercher à prévenir les escarres en protégeant les parties vec des linges fins et secs, et, s'il y a déjà un suintement, les saupoudrer avec famidon, la poudre de lycopode; lorsque les escarres existent, il faut les panser avec soin, au moins deux fois par jour avec le cérat saturné. Je ne multiplie pas ces détails, parce que la conduite à suivre dans ces cas est bien connue de tout le monde.

PRÉCAUTIONS GÉNÉRALES.

Les malades doivent être tenus au lit, légèrement couverts.

La température de l'appartement doit être peu élevée, douce, et il faut renouveler l'air assez fréquemment. Suivant M. Piedvache (3), c'est là le vrai moyen de s'opposer à la contagion.

On doit donner des boissons abondantes, et rechercher celles qui sont le plus agréables aux malades, les excitants trop énergiques exceptés.

* Administrer des lavements émollients.

Entretenir surtout une très grande propreté autour des malades; les changer de position aussi souvent que possible.

RÉSUMÉ SOMMAIRE DU TRAITEMENT.

Émissions sanguines modérées; saignées coup sur coup; vomitifs, purgatifs; toniques; stimulants, excitants généraux ; narcotiques; mercuriaux ; eau de Seltz, chlorures, acides; hydrothérapie; saignée et réfrigération; expectation; traitement des symptômes; précautions générales.

ARTICLE IV.

TYPHUS NOSOCOMIAL.

Avant de tracer l'histoire de cette maladie, il importe de rechercher si elle mérite réellement une place particulière dans le cadre nosologique. En 1835, l'Académie de médecine posa la question suivante : Faire connaître les analogies et les différences du typhus et de la fièvre typhoïde dans l'état actuel de la. science (4), et le mémoire le plus remarquable qui soit resté de ce concours, con

(1) Bull. gen. de thér., 15 avril 1851.

(2) Voy. t. I, art. Épistaxis.

31 Mém. de l'Acad. de méd. Paris, 1850, t. XV, p. 239. (4) Mém. de l'Acad. de méd. Paris, 1838, t. VII.

clut à l'identité de ces deux affections. Il est de M. E. Gaultier de Claubry, qui, plus tard (1), a, dans un travail plus étendu, développé et soutenu la même thèse avec beaucoup de succès. C'est donc dans ce dernier ouvrage que nous devons chercher les principaux éléments de cette discussion.

M. Gaultier de Claubry, négligeant avec raison les articles sur le typhus conte nus dans les traités généraux de pathologie, a eu recours aux descriptions particu lières des principales épidémies, et il les a étudiées toutes depuis celle qu'observait Pringle sur l'armée anglaise, de 1742 à 1745, jusqu'à celle qui a été décrite récemment par M. Landouzy (2). Il nous fait ainsi passer en revue les relations les plus exactes, parmi lesquelles je citerai celles de Hufeland, de M. Ducastaing, de Reveillé-Parise, Ardy, Fouquier, Fleury, Herzog. Puis, ayant ainsi rassemblé les meilleurs documents, il procède au parallèle des deux affections qu'il présente ainsi qu'il suit :

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Nous trouvons d'abord dans la synonymie même du typhus une grande ressemblance avec la fièvre typhoïde. Nous savons, en effet, qu'on donnait à cette maladie les noms de fièvre grave, putride, adynamique nerveuse, maligne; or toutes ces dénominations ont été données au typhus épidémique, tant les affections paraissaient semblables.

Mais, de plus, on a donné au typhus des noms tirés de circonstances particulières. C'est ainsi qu'on l'a nommé maladie de Nice, de Gènes, de Mayence, parce que les auteurs des relations, n'osant se prononcer sur sa nature, lui donnaient les noms des lieux où ils l'avaient observé. D'autres l'ont appelé typhus des camps, des prisons, des hôpitaux, fièvre nosocomiale, fièvre des villes assiégées, uniquement parce que les épidémies se manifestent dans les grandes réunions d'hommes. Dans les premiers temps, on lui a donné le nom de peste, maladie pestilentielle, par la raison que les grandes affections épidémiques portaient ce nom générique de peste, et, suivant qu'on l'observait dans tel ou tel pays, on lui imposait les dénominations de maladie hongroise, maladie des Russes, maladie des Espo gnols, etc. Je ne pousserai pas plus loin cette indication. On voit que ces dernières dénominations sont insignifiantes, tandis que les premières se rapportent bien à la fièvre typhoïdc.

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La comparaison des symptômes était d'une haute importance; aussi M. Gaultier de Claubry l'a-t-il présentée avec de grands développements, et voici comment il a procédé. Il a d'abord tracé dans deux paragraphes séparés la symptomatologie du typhus et de la fièvre typhoïde. Four décrire le premier, il a eu recours à de nombreuses relations d'épidémies, depuis celle que nous devons à Pringle jusqu'à celle que M. Landouzy a récemment publiée, et il a fait suivre cet exposé d'un assez grand nombre d'observations particulières. Pour tracer la description de la seconde, il a mis à

(1) De l'identité du typhus et de la fièvre typhoïde. Paris, 1844.

(2) Mém. sur l'épidemie de typhus qui a régné à Reims en 1839 et 1840 (Arch. gén, đe méd., 3o série, 1842, t. XIII, p. 1, 3061.

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