» Déjà les froides mers des peuples Caspiens, » Et les vastes marais des champs Méotiens, » Et le Nil aux sept bras, dont l'Égypte se vante, » Au bruit de ce grand nom frémissent d'épouvante. » Non, Hercule vainqueur de ses fameux rivaux, » Dont la terre vengée admira les travaux, >> Hercule triomphant du monstre d'Erymanthe, Qui, de Lerne à ses pieds foula l'hydre écumante, » Dont la flèche atteignit la biche aux pieds d'airain ; » Non, le dieu de Nysa, qui sut plier au frein >> Des tigres asservis à ses mains souveraines, Qui de festons de pampre entrelaçant leurs rênes >> Jusqu'aux portes du jour a fait voler son char, » N'ont point vu tant de lieux qu'en a conquis César. » Le monde nous attend, et ton grand cœur balance! » Et l'Ausonie encor n'est pas sous ta puissance! » Mais quel noble vieillard paroît dans le lointain, » L'olivier sur le front, l'encensoir à la main? » A cette barbe blanche, à ce maintien auguste, » Je reconnois Numa, prêtre saint et roi juste, כל Qui, créateur du culte et fondateur des lois, >> Passa d'un toit obscur dans le palais des rois. Concordes animæ nunc, et dum nocte prementur, > » Mais de l'art des combats il négligea la gloire : L'aigle oublia son vol, et Rome la victoire. Sors, ô brave Tullus! sors de ce long repos: » Le dieu de Romulus veut revoir ses drapeaux. » Vois Ancus, que déjà l'ambition dévore, » Flattant tous ces Romains qui ne sont pas encore; » Vois ces Tarquins si fiers, ces tyrans des Romains, » Et Brutus arrachant les faisceaux de leurs mains, D Brutus, des saintes lois vengeur inexorable; « Le premier tient en main la hache redoutable; » Des Romains le premier il affermit les droits, » Et gouverne en consul où commandoient des rois. » Mais contre son pays sa famille conspire; » Ses deux fils au tyran veulent rendre l'empire: » Tous deux sont immolés. O père malheureux ! Quoi que doivent un jour en penser nos neveux, » La nature gémit, mais la gloire est plus forte; » Le père en lui se tait, et le Romain l'emporte. » Tu marches sur ses pas, sévère Torquatus; » Et Rome en frémissant admire vos vertus. » Regarde ces Drusus s'élançant vers la gloire, » Ces Décius mourant pour vivre en la mémoire, Ile triumphatâ Capitolia ad alta Corintho, Victor aget currum, cæsis insignis Achivis. Eruet ille Argos, Agamemnoniasque Mycenas, Ipsumque Æaciden, genus armipotentis Achille; Ultus avos Troja, templa et temerata Minervæ. Quis te, mague Cato, tacitum, aut te, Cosse, relinquat? Quis Gracchi genus? aut geminos, duo fulmina belli, » Et Camille aux Gaulois vaincus de toutes parts >> Vois-tu ces deux guerriers couverts des mêmes armes ? » Tous deux s'aiment encor dans cet heureux séjour; Mais que d'affreux combats ils livreront un jour! » Du roc sacré d'Alcide et de la Ligurie » Le beau-père descend enflammé de furie; Le gendre joint l'Asie à ses nobles Romains: » Malheureux ! désarmez vos parricides mains; » C'est notre sang, hélas! que vous allez répandre. » Et toi, mon fils, tu dois cet exemple à ton gendre; » Il est beau de le suivre, et grand de le douner : » Fils des dieux, c'est à toi, César, de pardonner! » Celui-ci (sur son front quelle gloire est empreinte!) » A son char triomphant enchaînera Corinthe. Digne du sang de Troie et digne de son nom, » Cet autre détruira les murs d'Agamemnon : La fière Argos n'est plus, et Mycènes en flamme Acquitte enfin les pleurs des veuves de Pergame; » Et, de nos fiers vainqueurs rejeton odieux, Le dernier Éacide a satisfait aux dieux, |