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ajouter un mérite véritable, celui d'une difficulté vaincue, et présente un attrait réel de curiosité.

Un exemplaire très beau de la première édition citée de la Patience de Job, est arrivé au prix de 250 fr. Ainsi que le Mistere qui précède, ce volume est merveilleusement relié par Bauzonnet-Trautz.

L'illustre théâtre de Corneille, un peu court peut-être, n'a pas dépassé 100 fr. Un beau Molière de 1682, en reliure ancienne, a été payé 210 fr. par M. le baron Ernouf.

Les romans de chevalerie, d'ordinaire objets de chaleureux débats, n'ont pas, en général, été cette fois portés à un prix très élevé; le Tristan de Leonnois, de Denis Janot, et le Meliadus de Leonnoys, 1532, se sont donnés, l'un pour 353 fr., l'autre pour 341 fr.; les Faits merveilleux de Virgile ont été vendus 281 fr. L'Eptameron des nouvelles de Marguerite de Valois (n° 315) est cependant parvenu au chiffre considérable de 285 fr. Un délicieux exemplaire des Cent Nouvelles Nouvelles est resté à M. Aimé-Martin pour 84 fr. Le Decameron de Boccace, Elzev., a été payé 115 fr. par un illustre maréchal, qui a donné également 105 fr. du charmant Rabelais de 1663. Un bel exemplaire des Contes de La Fontaine s'est vendu 146 fr. Un joli Corneille Blesscbois, recouvert de mar. citron par Bauzonnet, est monté à 195 fr. Les enchères mises sur la Lupanie, du même auteur, ont à peu près doublé le prix qu'avait atteint à la vente de M. de Pixérécourt un exemplaire de cette rare et première édition d'une satire très piquante contre madame de Pompadour. Ce dernier volume ne laissait rien à désirer, et M. de Montesson ne l'a certainement pas payé au delà de sa valeur.

Nous citerons enfin différens articles dans la classe de l'histoire et des voyages:

Disons d'abord que le Bartholomei de Las Casas (n° 444) a été payé 241 fr. par le baron de Lacarelle, qui est devenu également possesseur, pour 201 fr. (nous avions omis de le men

tionner en son lieu), d'un des livres les plus curieux de cette vente: les Bigarrures....... du seigneur des Accords, Paris, 1614, NON ROGNÉ.

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Le Sagart, grand Voyage au pays des Hurons, vendu seulement 50 sols chez Letellier de Courtanvaux, est entré à un prix bien différent dans la collection du vicomte de Montesson. Les Histoires de de Thou ont été adjugées à 480 fr.: ce magnifique exemplaire, en maroquin, est aux armes du fils du célèbre financier Samuel Bernard. Les Monumens de la Monarchie françoise, de Montfaucon, se sont vendus 277 fr. Le Commines Elzev. est resté pour 178 fr. à un amateur de Metz. Les Illustrations des Gaules, d'une édition rare à la vérité, ont atteint le prix véritablement fabuleux de 300 fr. La Vie de Coligny, Elzev., magnifique exemplaire couvert en vélin, a été adjugée à M. de Montesson, qui possède également les jolis Mémoires d'un favori (no 494); ceux du cardinal de Retz, délicieusement reliés par Duru, ont été laissés à M. Cousin pour 220 fr. Le baron Ernouf est devenu l'heureux possesseur du magnifique Plutarque d'Amyot (vendu 423 fr.), et les Cautelles de guerre, SUR VELIN, sont allées, au prix de 288 fr., enrichir le cabinet, déjà si remarquable, de M. J. Pichon.

Nous voilà parvenu au bout de notre tâche, et nous croyons avoir à peu près fidèlement rendu compte des principales ventes de l'hiver. Depuis cinq semaines au moins, à l'agitation a succédé le calme plat, et aucun volume remarquable n'est, que nous sachions, exposé à cette heure aux chances du tapis vert de la salle Silvestre. Les amateurs en sont réduits à se préparer pour l'avenir à de nouveaux combats, à rêver de nouvelles conquêtes. Leur espoir ne sera pas déçu. Nous mettons déjà en ordre les cartes d'une jolie collection, qui ne tardera pas à être vendue, et qui renfermera de délicieux volumes. La colombe qui apporta la branche d'olivier ne fut pas mieux reçue que le sera, nous l'espérons, cette bonne annonce. Promettre un joli catalogue, que peut-on dire qui soit plus agréa

ble? L'arrivée d'un catalogue chasse parfois de cuisantes pensées, endort souvent de tristes ennuis: on ne sait pas combien de bonheur peut donner un catalogue! Jules Janin raconte, dans un livre pétillant d'esprit qui nous est tombé l'autre soir sous la main, qu'au milieu de la plaine d'Amboise, au plus fort de l'inondation, un homme fut aperçu assis tranquillement sur le faîte d'un toit prêt à s'abîmer: l'imprudent dévoroit une brochure, sans s'inquiéter de l'eau qui tout autour de lui s'étendoit impétueuse et menaçoit de bientôt l'engloutir. Cet homme, ajoute le spirituel feuilletonniste, achevoit un volume de MonteChristo! Jules Janin a-t-il été bien informé, et l'intrépide lecteur n'étoit-il pas plutôt quelque bibliophile tourangeau oubliant, notre dernier catalogue à la main, les grandes catastrophes de la nature? Le malheureux ne pouvoit sans doute détacher ses yeux, sa pensée et son cœur de cette enivrante Louise Labé que Trautz avoit décorée d'une si belle rose d'or. Les roses de Trautz ce sont les seules peut-être qui n'aient pas d'épines.

J. T.

Pub. Terentii Comadia sex, exfrecensione Heinsiana. Lugd.Batavorum, ex officina Elzeviriana, 1635, pet. in-12o.

L'existence de trois éditions données par les Elzevirs sous la même date n'est point douteuse, quoi qu'en disent quelques bibliographes, et voici les marques auxquelles on peut les reconnaître.

Dans l'édition originale, la première page des liminaires porte en tête un masque de buffle, et la quatorzième le portrait de Térence; la page 101 est cotée 69, et la page 104 porte 108, et l'index est terminé par un petit fleuron représentant une tête de buffle surmontée de divers ornemens.

La deuxième édition, qui le cède peu en beauté à la première, se distingue de celle-ci en ce qu'on n'y retrouve pas les fautes de pagination, et en ce que le fleuron qui termine l'index représente la tête de Méduse avec deux piques en sautoir. Il est inutile de s'arrêter au mot LACHES de la page 51, qui, étant imprimé tantôt en noir et tantôt en rouge dans des exemplaires provenant évidemment du même tirage, est un carac tère qui devient dès lors insuffisant pour distinguer l'une de l'autre les deux premières éditions; mais, dans cette même page, on doit remarquer que le nom du premier des personnages muets est écrit STATO dans la deuxième édition, au lieu de STRATO que porte l'édition originale.

La troisième édition diffère des deux précédentes par la vignette qui se trouve à la première page des liminaires, qui n'est plus un masque de buffle; le portrait de Térence se trouve en face de la première page de l'Andrienne; la page 51 porte aussi fautivement STATO; les erreurs dans la pagination n'existent pas; enfin, le fleuron de la fin du volume représente un groupe de fruits suspendu.

J. CHENU.

INSTRUCTIONS pour le vendeur et l'acheteur.

Voici une des instructions donnée par M. Fourrier lors de la mise en vente de ses ouvrages.

En France, beaucoup d'acheteurs jugent un livre sur le format et la table des chapitres; sur les apparences,

« Papier, Dorure, Images, Caractère. »

Le libraire, qui n'a pas lu l'ouvrage, ne peut pas en faire valoir le contenu. Pour l'en dispenser, je place ici le thème de

vente.

Le Libraire. Voici une découverte bien extraordinaire, un procédé d'association mathématiquement démontré. S'il est praticable, il doit tripler en tous pays le produit général de l'industrie et des terres, éteindre subitement les dettes publiques, et assurer un bien-être de 1342 fr. à ceux qui n'ont rien. On cherche dans les romans le merveilleux idéal; ici c'est le merveilleux réel.

L'Acheteur. Bah! encore une charlatanerie! on en voit tant! Le Libraire. Non; c'est une théorie aussi exacte que le calcul newtonien, dont elle s'appuie : l'auteur met en scène beaucoup de sciences nouvelles qu'on n'avoit pas osé aborder. Mais ici le plus important résultat est le triplement de richesse effective, et l'admission de toutes les créances de révolution. Avez-vous à réclamer à titre d'émigré, de prêtre, de militaire lésé, ex-doté, de rentier spolié, de capitaliste remboursé en assignats, et autres classes dont vous voyez la liste à ce tableau 1337? (On y a oublié les colons réfugiés de Saint-Domingue.)

L'Acheteur. Sans doute j'ai à réclamer, soit de mon chef, soit du chef de parens vivans ou défunts; toute famille, en France, tient plus ou moins à l'une des classes de ce tableau 1337.

Le Libraire. Eh bien, vous serez payé en plein par l'Asso

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