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cinq cens hommes d'armes ou environ, chevaliers et escuiers, et en sa compaignie le conte de Penthièvre avec ses Bretons; lequel venoit au siège à l'aide du Roy. Lequel roy Loys fut moult joieux et fist grant feste du traictié et accord fait entre lesdiz seigneurs. Et lendemain ala, lui et le duc de Bar, acompaigné de grant nombre de chevaliers et escuiers dedens ladicte cité de Bourges, et là disnèrent moult grandement avec le duc de Berry et la duchesse sa femme. Et les autres seigneurs disnoient ou palais dudit duc, ouquel il y avoit grant appareil, et très excellentement et grandement furent servis. Après lequel disner s'en retournèrent en l'ost. Et le mercredi ensuivant', quarantième jour du siège, le Roy se desloga de devant ladicte ville de Bourges, ouquel il avoit soustenu grans et exclusifz despens, et à tout son exercite s'en retourna le chemin qu'il estoit venu jusques à la Charité sur Loire, et là se loga. Ouquel lieu vindrent devers lui les ducs de Berry et de Bourbon et le seigneur de Labreth, avecques les procureurs du duc d'Orléans et de ses frères. Et là en la tente du duc d'Acquitaine, lui présent et les autres seigneurs et princes, jurèrent sur les sainctes Évangiles, la paix pourparlée et accordée devant la cité de Bourges tenir fermement et loyaument garder et observer, et si promirent de le jurer en la présence du Roy, et de le faire jurer par le duc d'Orléans et ses frères, lesquelz d'Orléans estoient absens. Et si se obligèrent et firent fort par leur serement de amener lesdiz d'Orléans devers le Roy à certain

1. « A tout deux mille et deux cens hommes d'armes » (Suppl. fr. 93).

2. Mercredi 20 juillet.

jour, lequel leur fut assigné à estre à Aucerre. Et ce fait, s'en retournèrent en leurs places.

Laquelle paix et promesses de nouvel furent publiées de par le Roy, en défendant destroictement que nul de quelque estat qu'il feust, sur peine capitale, ne meffeist l'un à l'autre, en corps ne en biens, ne deist quelque diffame en nulle manière, ne nommast bourguignon ne armaignac. Et ce fait, le roy de Cécile, les ducs d'Acquitaine, de Bourgongne et de Bar et tous les contes, princes, barons et chevaliers s'en alèrent. Et retint le Roy en sa compaignie grant nombre de capitaines de son ost avec une partie de leurs gens d'armes, et à tous les autres donna congié d'eulx en aler. Et de là s'en ala à Aucerre, ouquel lieu se loga en l'ostel de l'évesque; et le roy de Cécile et le duc d'Acquitaine se logèrent en la ville, et leurs gens ès villages d'entour. Et là, en venant audit lieu d'Aucerre, mourut messire Giles de Bretaigne, de flux de ventre, et pareillement le conte de Mortaigne, frère au roy de Navarre', quant il fut amené de Saint-Césaire à Aucerre, mourut de ladicte maladie et fut porté de là à Paris, où il fut enseveli en l'église des Chartreux. Amé de Viri, messire Jehan de Guistelle, Jehan de Dixmude et plusieurs autres moururent en leur retour. Et tant que de ceste maladie moururent bien de mil à douze cens chevaliers et escuiers, sans les varlets, comme il fut rapporté aux seigneurs qui estoient à Auxerre.

1. Pierre, comte de Mortain, frère de Charles III, roi de Navarre. Le parlement alla recevoir le corps à Saint-Antoine des Champs, le vendredi 5 août 1412. Voy. nos Pièces justificatives. 2. De Sancerre à Auxerre.

Et adonques le mareschal Bouciquault, le conte de Foix et le seigneur de Saint-Georges, qui faisoient guerre au conte d'Armignac, oyrent nouvelles que la paix estoit faicte entre le Roy et ses adversaires, pour quoy ilz dérompirent leur armée et donnèrent à leurs gens congié.

Durant lequel temps et que le Roy estoit à Auxerre, au quel lieu il avoit mandé à venir vers lui la plus grant partie des seigneurs de son royaume, avecques ses gens d'église et ceulx des bonnes villes, pour veoir faire les seremens de la paix dont dessus est faicte mencion, lui vindrent d'autres nouvelles qui point ne lui furent plaisans, ne aux princes qui estoient avecques lui. C'estassavoir que les Anglois estoient arrivez, à tout leur navire, à la Hogue Saint-Vast, qui est ou pays de Coustantin, et là estoient-ilz descendus à terre et eulx espandus ou pays à l'environ, en pillant, robant et prenant prisonniers. Et estoient environ huit mille combatans, entre lesquelz avoit deux mille bacinetz, et le surplus, archers et varletz. Desquelz estoit le conducteur Thomas, duc de Clarence, second filz du roy Henry d'Angleterre. Lesquelz Anglois venoient au secours de Bourges, pour aider les ducs de Berry, de Bourbon et d'Orléans et tous leurs aliez. Et tantost alèrent devers eulx les contes d'Alençon et de Richemont, qui de cuer joieux les receurent, jà soit ce qu'ilz venoient trop tart en leur aide. Mais ce non obstant les aidèrent de tout leur povoir à pourveoir de vivres pour eulx et leurs chevaulx. Et depuis, se multiplièrent lesdiz Anglois de six cens bacinetz gascons qui avoient

1. Henri IV.

esté souldoiers à Bourges, lesquelz se boutèrent avecques eulx et tous ensemble commencèrent de gaster moult fort le pays.

Et oultre, les prisonniers qui estoient à Lisle, dont en autre lieu est faicte mencion, c'estassavoir le seigneur de Hangest, naguères maistre des arbalestriers de France, messire Loys Bourdon, messire Charles de Giresmes, Enguerran de Fontaines et aucuns autres, furent délivrés pour le conte de La Marche, moiennant que ledit conte avec ce paia une grant somme d'argent à ceulx qui l'avoient prins. Et en cas pareil furent rendus plusieurs prisonniers de costé et d'autre, les ungs par eschange et les autres par finances.

Et ce pendant, environ la feste de l'Assompcion Nostre-Dame, ceulx qui avoient esté mandez de par le Roy vindrent audit lieu d'Auxerre. Entre lesquelz y vindrent en grant estat les Parisiens. Et aussi y vindrent les ducs de Berry et de Bourbon et le seigneur d'Albreth. Lequel, tantost après sa venue, voulut user de l'office de connestable; mais le conte Waleran de Saint-Pol ne lui voulut point souffrir, et en usa luimesmes. Et pour ceste cause, après plusieurs paroles dictes l'un à l'autre, ledit d'Albreth qui jà avoit fait le serement de la paix, s'en ala par mal talent. Et lundi ensuivant, le duc d'Orléans et le conte de Vertus, son frère, s'en vindrent audit lieu d'Auxerre, à tout trois mille combatans, et après que tous les seigneurs d'un costé et d'autre furent venus, ilz s'assemblèrent dehors les murs de la cité en une plaine auprès d'une abbaye de nonnains', ouquel lieu on avoit fait ung eschafault

1. C'est Saint-Julien d'Auxerre.

noblement aorné, sur lesquel estoit le duc d'Acquitaine en lieu de son père, acompaigné du roy de Cécile, des ducs de Bourgongne et de Bar, et de plusieurs autres grans seigneurs. Et là, en présence de tous ceulx qui veoir et oyr les povoient, firent lesdiz seigneurs serement solemnel de entretenir ledit traictié : c'estassavoir les ducs de Berry, d'Orléans et de Bourbon, le conte de Vertus, Jehan filz au conte de Bar, et plusieurs autres. Et pareillement le fist le duc de Bourgongne et ceulx de sa partie. Et fut de rechef promis par iceulx seigneurs d'Orléans et de Bourgongne, d'entretenir le mariage autrefoiz pourparlé à la paix de Chartres de la fille le duc de Bourgongne et le conte de Vertus, et sur les condicions ailleurs déclairées. En après, tous les seigneurs dessusdiz renoncèrent à toutes confédéracions, aliances et convenances qu'ilz avoient avec le roy Henry d'Angleterre, adversaire du Roy, et aussi de ses filz et de tous autres Anglois, et aucuns autres de ce royaume, jà soit ce que le duc de Bourgongne affermast par son serement qu'il n'en avoit nulles. Et devoient escripre aux Anglois sur telle forme que par le Roy et son conseil sera advisé. Et encores jurèrent et promirent de jurer devant le Roy, ledit traictié, au plus tost qu'il sera retourné en santé, car il estoit lors bien malade, et de ce, faire telles lettres comme il plaira au Roy, et que jamais ne feront l'un contre l'autre confédéracions ne aliances; et se aucun d'eulx aloit ou vouloit aler contre ledit traictié ou accord, tous les autres seroient contre cellui ou ceulx qui ce feroient, afin de les subjuguer et ramener à obéissance. Auquel traictié veoir, faire et accorder, et veoir la forme des seremens et iceulx oyr, furent par

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