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large, à cause de la largeur de ses feuilles. Les anciens avaient pour cet arbre une espèce de vénération, jusqu'à l'arroser

de vin.

(15) Pag. 45. Cet endroit a fort embarrassé les commentateurs. Comme il est naturel de greffer un arbre précieux sur un arbre qui l'est moins, ils ont cru qu'il était ridicule de vouloir enter le hêtre sur le châtaignier en conséquence, au lieu de lire castaneæ fagus, ils ont altéré le texte pour former un sens. Deux passages de Pline prouvent qu'ils ont eu tort de supposer que le fruit du châtaignier chez les Romains était plus estimé que celui du hêtre : dans l'un de ces passages il semble s'étonner que la nature ait pris soin d'armer d'épines un fruit aussi commun que la châtaigne; dans l'autre il parle du gland du hêtre comme l'un fruit très-doux, qui nourrit même les hatitans de Chio durant un long siége. Cet arbre jouissait d'une grande vénération parmi les Romains; ils se servaient de son bois pour les vases des sacrifices, et de son fruit pour la médecine. Il est donc naturel de croire que Virgile veut parler ici du hêtre enté sur le châtaignier.

(16) Pag. 47. Il y a dans le texte ornus. Un habile botaniste anglais soupçonne que l'ornus est cette espèce de frêne d'où l'on recueille la manne dans la Calabre, et qu'on a nommé fraxinus rotundiore folio; ce qui s'accorde d'ailleurs avec un passage de Pline,

(17) Pag. 47. Nos agriculteurs, au lieu de faire l'incision dans le bouton, la font au-dessus et au-dessous.

(18) Pag. 47. Columelle a dit de même : Eá parte quá maximè nitida et sine cicatrice (est arbor). Virgile ne parle ici que de deux manières d'enter: nous en avons plusieurs autres, qu'on peut lire dans les livres d'agriculture.

(19) Pag. 47. Nous avons vu jusqu'à présent comment la nature et l'art multiplient les arbres. Virgile, dans la seconde partie, traite de la diversité des espèces. Dans cette énumération il parle, 1. des arbres des champs; 2°. de ceux des jardins 3. enfin des vignobles.

(20) Pag. 47. Il y avait un arbre et une herbe appelés lotos par les anciens. Homère peint les chevaux d'Achille se nourrissant d'une herbe qui portait ce nom. Elle venait abondamment sur les bords du Nil. Si l'on en croit Prosper Alpin, qui avait voyagé dans l'Égypte, cette plante ressemblait assez à notre nénufar, nymphoca alba major. Le lotos, arbre dont Virgile parle ici, a donné son nom à un peuple qui vivait de ses fruits, comme nous l'apprend Homère, Selon Théophraste, cet arbre était un peu moins graud que le poirier; ses feuilles étaient dentelées sur les bords, et semblables à celles de l'ilex on chêne

vert. Pline traduit Théophraste presque mot pour mot; seulement il ajoute que cet arbre était très-commun en Italie, où il avait dégénéré. Plusieurs botanistes ont cru le reconnaître dans l'alizier, et il est vrai què les feuilles de celui-ci sont dentelées; mais il faut avoir bien de l'imagination pour leur trouver de la ressemblance avec celle de l'ilex: d'autres ont pensé, avec plus de probabilité, que le lotos des Lotophages est ce que nous appelons zizyphus où jujubier. Ses feuilles ont un pouce et demi de longueur et un pouce de largeur; elles sont d'un vert très - vif, et dentelées par les bords, et par conséquent ressemblent bien plus aux feuilles du chêne vert que celles de l'alizier : : ses fruits out la forme et la grosseur de l'olive; leur chair est d'un goût agréable: ce qui s'accorde avec ce qu'Homère a dit du lotos μελιηδέα καρπόν. On envoie ces fruits

secs d'Italie.

Virgile donne au cyprès l'épithète Idæis. Il y avait deux monts Ida; l'un en Phrygie, et l'autre en Crète. C'est du second qu'il est question ici. Pline l'appelle la patrie du cyprès; et Théophraste prétend qu'il n'y avait qu'à remuer la terre pour y faire naître cet arbre, que les anciens consacraient à la tristesse et à la mort.

(21) Pag. 47. Virgile nomme trois sortes d'olives; orchades ou orchites, de ops, testiculus, parce qu'elles étaient rondes; radios, parce qu'elles avaient la forme d'une navette; pausia, du mot pavire, qui veut dire broyer, parce que, si l'on en croit Columelle, cette dernière espèce était celle qu'on broyait pour exprimer l'huile.

la

(22) Pag. 47. Comme Virgile a nommé trois sortes d'olives, il nomme trois sortes de poires; 1o. Crustumia, de Crustumium, ville de Toscane; 2°. Syria, qu'on nommait autrement Tarentina, parce qu'elles avaient été transportées de Syrie à Tarente; 3°. Volema, parce qu'elles remplissent paume de la main, volam manus. Le P. Larue croit que la première espèce est la poire perle; la seconde, la bergamote; la troisième, le bon-chrétien mais la différence de climats et de culture, l'éloignement des temps ne nous permettent guère que des conjectures sur ce que pouvaient être ces fruits chez les Romains. Je crois qu'on me pardonnera de n'avoir pas hérissé mes vers de tous ces noms latins. (23) Pag. 47. Il y a dans le texte Methymnæo. Méthymna était une ville de l'île de Lesbos, dans la mer Égée.

Thase était une île de la même mer. Il est probable que le vin Maréotide était du vin d'Égypte, près du lac Maréotis.

Horace, en parlant de Cléopâtre, dit: Mentemque lymphatam Mareotico redegit in veros timores.

On ignore d'où vient le nom psythia; on sait seulement que le raisin de cette vigne se séchait au soleil ou au feu, et qu'on en exprimait le vin cuit : dans quelques-unes de nos provinces méridionales, on fait encore de cette sorte de vin. Les Latins appelaient ce raisin passum, du mot pati, parce qu'il souffrait le soleil ou le feu.

Lageos vient, dit-on, de λafwcs, lièvre, parce que ce vin en avait la couleur. Pline nous apprend que c'était chez les Romains un vin étranger, ainsi que le vin de Thase et de Maréotide.

Precio veut dire, si l'on en croit Servius, du raisin précoce, du mot præcoquæ.

Le vin de Rhétie se recueillait sur les confins de l'Italic. Auguste, dit Suétone, l'aimait beaucoup : cela n'empêche point Virgile de le mettre bien au-dessous du Falerne. Sous quelques empereurs peut-être en aurait-il coûté la vie à quiconque aurait osé ne mettre qu'au second rang le vin favori de l'empereur.

Falerne était une montagne de la Campanie où l'on recueillait cet excellent vin tant vanté par les poëtes. Je suis surpris que Virgile n'ait point parlé du Cécube, si célébré par Horace. Virgile appelle l'Aminée firmissima, c'est-à-dire du vin qui a du corps et qui se soutient long-temps; Columelle. lui donne le même éloge.

Le Tmole, qui était fertile en safran, l'était aussi en excellent vin. On voit à Pouzzole une base dédiée à Tibère, sur laquelle sont quatre figures en bas-relief, représentant quatre provinces d'Asie avec leurs attributs, et le nom des figures au bas de chacune. Le Tmole y est représenté par Bacchus, sans doute à cause de l'abondance et de la bonté de son vin. Dans la collection de mylord Pembrock il y a une buste du Tmole couronné de raisins et de pampres. Canini, dans son Iconographia a fait graver une médaille qui représente un vieillard couronné aussi de raisins, avec ce mot Tuwλos; sur le revers est une figure qui tient dans sa main droite un vase incliné, avec cette inscription, Zapdiaväv, parce que le mont Tmolus était près de la ville de Sardes. Tous ces monumens prouvent combien le vin qu'on y recueillait était estimé. Je ne doute pas que nos peintres et nos sculpteurs s'ils avaient à caractériser la Champagne ou la Bourgogne, ne fissent le même honneur à leurs vins.

mer

Le vin de Phanée était le même que celui de Chio, île de la Égée. Il a eu, comme les autres vins fameux, l'honneur d'être chanté par Horace. L'épithète rex, si l'on en croit Servius, est empruntée de Lucinius, qui dit : Xìos re duvάoτns.

Le mot Argitis, à ce que l'on croit, vient d'Argos, ville du Péloponèse, aujourd'hui Morée. La petite espèce était apparemment plus estimée que la grande.

Le vin ou le raisin de Rhodes se présentait au dessert; c'était le moment où l'on faisait des libations en l'honneur des dieux.

Le bumaste était un gros raisin qui tire son nom du mot grec qui signifie mumelle de vache. On connaît encore en Italie, et sur-tout à Florence, un gros raisin rouge qui se présente au dessert.

(24) Pag. 49. Pline nous apprend que Démocrite seul avait cru qu'on pouvait compter les diverses espèces de vin. Je ne conçois guère mieux la possibilité que l'utilité d'un pareil

calcul.

(25) Pag. 49. Virgile, après avoir traité de la diversité des arbres et de leurs espèces, parle maintenant des terrains les plus propres à chacun d'eux. Chaque sol, chaque climat produit des arbres différens. On a poussé trop loin cette maxime, qui nous a long-temps privés des productions étrangères. L'usage nous apprend tous les jours qu'une foule d'arbres et de plantes qu'on croyait ennemis de notre climat, peuvent s'y naturaliser. Les différens pays font tous les jours des échanges de végétaux. La vigne était autrefois inconnue aux Gaules; elle y réussit mieux aujourd'hui qu'en Italie même. Ainsi, quoiqu'il soit vrai de dire qu'il faut consulter la nature du terrain, il n'est pas moins vrai qu'il faut se défier des préjugés qui semblent avoir consacré pour jamais tel sol et tel climat à telles ou telles productions.

(26) Pag. 49. L'ébène est un bois des Indes, dur et pesant propre à recevoir le plus beau poli. Il y en a de trois sortes; le noir, le rouge et le vert on trouve ces trois sortes à Madagascar; l'ile de Saint-Maurice fournit une partie de celui qu'on emploie en Europe. On n'est pas d'accord sur la nature de l'arbre qui donne l'ébène noir. Ce bois parut à Rome pour la première fois lorsque Pompée triompha de Mithridate. Pline dit qu'étant brûlé il répand une odeur agréable, ce qui a fait croire que cette ébène n'était pas semblable à la nôtre, et que ce pouvait être une espèce de bois de gaïac.

(27) Pag. 49. Le cotonnier dont il s'agit ici est un arbuste

qui s'élève à la hauteur de huit à neuf pieds; son fruit, arrondi intérieurement et divisé en quatre ou cinq loges, s'ouvre par le haut pour laisser sortir les semences enveloppées d'une espèce de laine propre à être filée, et qu'on nomme, coton, du nom de la plante.

(28) Pag. 49. « Les Romains, qui n'avaient point de commerce immédiat avec la Chine, et chez qui la soie n'arrivait qu'après avoir passé par bien des mains étrangères, avaient entendu dire qu'on la recueillait sur des arbres; d'où ils concluaient qu'elle était la production des arbres mêmes. Or, nous savons aujourd'hui que l'on trouve à la Chine une espèce de ver à soie, aussi commune que le sont les chenilles en Europe, qui se nourrit et se métamorphose sur toutes sortes d'arbres, et une autre qui couvre de ses fils les arbres mêmes. Les étoffes de soie, que les Romains achetaient au poids de l'or, n'étaient que des gazes qui laissaient voir ce qu'elles paraissaient couvrir. Outre la raison de bienséance. une sage politique engageait les Romains à interdire la soie: ils craignaient, avec raison, que le libre achat de cette précieuse marchandise ne fit passer aux extrémités de l'Orient des sommes immenses qui ne reviendraient point dans l'empire. Il me semble que la nature, en donnant la soie au genre humain, nous a fait un présent très-équivoque: si

d'un côté la soie est une source d'agrémens, de commodités, de richesses, de l'autre elle est nuisible aux progrès de l'agriculture: plus l'usage de la soie est commun, moins on a besoin de laine, moins on nourrit de troupeaux moins on a d'engrais pour fertiliser les terres. Cette raison, quoique vieille, n'en est pas moins sensée : c'était elle qui avait prévenu le sage Sully contre les manufactures d'étoffes de soie. Peut-être ne devrait-on les admettre que dans des pays stériles, ou dans ceux qui regorgent d'habitans et de cultivateurs comme la Chine.» (LA BLETTERIE,)

(29) Pag. 49. Virgile a fait souvent mention de l'acanthe dans le quatrième livre: il le représente comme une plante flexible et tortueuse:

Flexi tacuissem vimen acanthi.

Dans la quatrième églogue, il en parle comme d'une plante très-agréable:

Mixtaque ridenti colocasia fundet acantho.

On a supposé, peut-être avec assez de raison, qu'il y avait deux sortes d'acanthe, dont l'une est un arbre d'Égypte, et l'autre une plante à laquelle ont rapport les passages que

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