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bles que Denys d'Halicarnasse en.a débitées ne sont propres qu'à y répandre des doutes. L'Arcadie, pays méditerrané, qui n'avoit point de vaisseaux à la guerre de Troye, fournit, dix-sept générations auparavant dans le tems qu'elle étoit sauvage, une flotte nombreuse à Oenotrus qui va peupler l'Italie. Rejettons hardiment tous les systêmes, toutes les conjectures, et tous les détails d'un historien qui évite les difficultés et qui dissimule les contradictions dans les siècles reculés où nous voyons à peine la lumière. Etendons notre idée des Pélasges à toutes les nations barbares qui habitoient la Grèce, la Macédoine et l'Epire, et qui ne quittoient ce nom générique qu'à mesure qu'elles entroient dans le corps Hellénique. Quelques-uns de ces peuples passèrent en Italie. En sacrifiant tous les accessoires de cette tradition il en faut conserver le fondement. Je voudrois aussi, malgré M. Freret, conserver la manière de leur migration et croire qu'ils sont venus en Italie par mer. Je reconnois le grand principe de cet auteur. Il est fort étendu, mais s'il étoit universel, verrionsnous des îles très éloignées du continent peuplés d'habitans les plus sauvages? L'ignorance totale de la navigation est aussi rare que son extrême perfection. N'étoit-il pas bien plus facile aux Pélasges de l'Epire de traverser un bras de mer de cinqante milles que d'entreprendre une course immense à travers cent nations féroces de l'Illyrie? Quelques canots auront suffi pour apporter le germe d'une colonie peu nombreuse dans son origine. Aussi les Pélasges ne formèrent jamais en Italie un grand corps de nation; ils se répandirent dans les cités Sicules,

VOL. IV.

M

Sicules, Umbriennes, et Toscanes, dont la langue, les mœurs, et la religion se ressentirent, jusqu'aux derniers tems, du nombre plus ou moins grand de ces étrangers qu'elles avoient reçus.

V. Les colonies Etrusques. Selon le père de l'histoire, les Etrusques étoient d'origine Lydienne. Ce peuple avoit une famine dans le pays; il inventa les jeux de dés pour occuper la moitié des citoyens les jours qu'elle ne mangeoit pas. Cet expédient réussit pendant dix-huit ans. Enfin cette moitié s'ennuya du jeu, équipa une flotte nombreuse, et alla s'établir dans l'Etrurie. Faut-il réfuter une pareille fable? Denys d'Halicarnasse s'est donné la peine de faire voir que la langue, les mœurs, et la religion de ces deux peuples éloignés n'avoient aucun rapport. Les Etrusques, dont le nom véritable étoit Rasena, n'étoient point Lydiens. On peut soupçonner qu'ils sortoient des montagnes de la Rhétie. Les historiens conviennent qu'ils avoient une ligue commune; et selon l'analogie de ces migrations, les Etrusques paroissent plutôt les descendans que les ancêtres des Rhétiens. On détermine l'époque de leur migration d'une façon assez ingénieuse. La grande année des Etrusques se mesuroit sur la durée de la vie humaine. La première s'étendoit jusqu'à la mort du dernier survivant de tous les enfans nés le jour de la fondation de la colonie. Le jour de cette mort devenoit une nouvelle époque sembla ble à la première. On sait que leur huitième année finissoit au premier consulat de Sylla avant J. C. 88, et que les sept premières avoient duré 781

ans.

A supposer la huitième égale à la plus longue des autres elle étoit de 123 ans; elle commençoit en 211, et la première époque de la fondation de la colonie a commencé en 992. Les Rasena avoient étendu leurs établissemens dans l'Etrurie et la Campanie; mais après les conquêtes des Gaulois et des Samnites, il ne leur restoit que Mantoue, avec Atria sur le Po, et Cupra Maritima dans le Picenum. Les Tyrrhéniens étoient les Pélasges de l'Italie, mais surtout de l'Etrurie, où ils étoient très puissans. Enclavés dans ce pays, unis avec le corps Etrusque, les anciens les ont souvent confondus avec les Rasena, dont l'origine étoit si différente. Ils possédoient les quatre cités de Veii, de Falerii, de Tarquinii, et d'Agylla, où leur langue et leur religion se conservèrent jusqu'au siècle d'Auguste. On voit par les anciens monumens qu'on adéterrés dans l'Etrurie, que leurs caractères étoient les mêmes que les Ibériens. Les uns et les autres ressemblent beaucoup aux lettres Samaritainės dont les Phéniciens auront pu répandre l'usage dans les pays occidentaux de l'Europe. Le voyage de Saturne dans le Latium, qui civilisa les sauvages de ces côtes, m'a l'air très Phénicien. Ce peuple commerçant auroit naturellement apporté les arts, l'argent monnoyé, le culte de Moloch, ou Saturne, et les sacrifices humains. Je pense aussi que c'est à cette communication et peut-être à quelques colonies Tyriennes, que les Etrusques ont dû leur politesse, leur goût pour les arts, et la navigation, et ce goût oriental qui se fait sentir dans tous leurs ouvrages; leur divination et leur théologie paroissent seules originales.

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Dr.Temple

man's Sur

vey.

Strab.Geog. 1. v. p. 146.

Dionys.Hal. Rom. Antiq. 1. i. p. 16.

SECT. II.

REGIONES, AËR, ET SOLUM ITALIÆ,
ET MONS APENNINUS.

1. MAGNITUDO. L'Italie contient 75,576 milles quarrés. Si l'on veut la comparer aux autres pays, elle contient dix fois autant de terrein que le Péloponnèse, la Palestine, ou les Provinces Unies, et elle est d'un tiers plus grande que l'Angleterre, ou la Grèce (y comprise la Macédoine.)

L'Italie a 6000 stades de longueur depuis l'Apennin jusqu'à Tarentum, et environ 1300 de largeur.

2. LAUDES. Denys d'Halicarnasse parle de l'Italie avec une espèce d'enthousiasme. En convenant que quelques pays peuvent l'emporter sur elle à certains égards, il trouve qu'il n'y en a aucun qui réunisse autant tous les avantages. 1. Les champs fertiles de la Campanie portent des moissons trois fois tous les ans. 2. Les pays des Sabins, des Messapiens et des Dauniens produisent les meilleurs olives du monde. 3. Les vignobles de la Toscane, d'Albe et de Falerne produisent des vins exquis avec très peu de culture. 4. Elle abonde en excellens pâturages que nourrissent un nombre infini de bœufs, de chevaux, de moutons, et de chèvres. 5. Les forêts qui croissent sur ses montagnes escarpées fournissent les plus beaux bois de construction; ces forêts sont remplies de gibier, et le sein des montagnes renferme des mines de toutes les espèces. 6. Les rivières navigables réunissent

toutes

toutes les parties de l'Italie, et ses eaux minérales offrent partout des soulagemens pour les maux. 7. L'air et le climat sont très tempérés dans toutes les saisons de l'année.

1. vi. p. 197.

L'Italie paroît faite pour conquérir l'univers. Strab.Geog. 1. La mer et les montagnes la rendent presqu' inaccessible de toutes parts. 2. Le petit nombre de ports de mer qui s'y trouvent, sont grands et excellens. 3. La variété qui règne dans son climat et dans son terrein en met aussi dans les esprits et dans toutes les productions de la nature.

1. xxxvi.

In toto orbe et quàcunque cœli convexitas ver- Plin. Hist. git, pulcherrima est omnium, rebusque merito Natur. principatum naturæ obtinens, Italia, rectrix parens- c. 13. que mundi altera; viris, fæminis, ducibus, militibus, servitiis, artium præstantiâ, ingeniorum claritatibus; jam sitû ac salubritate cœli atque temperie, accessû cunctarum gentium facili, litoribus portuosis, benigno ventorum afflatu, (etenim contingit recurrenter positio in partem utilissimam et inter ortus occasusque mediam,) aquarum copiâ, nemorum salubritate, montium articulis, ferorum animalium innocentiâ, soli fertilitate, pabuli ubertate. Quicquid est quo carere vita non debet, nusquam est præstantius. Fruges, vinum, olea, vellera, lina, vestes; ne equos quidem in trigariis præferri ullos vernaculis, animadverto; metallis auri, argenti, æris, ferri, quæ diu exercere libuit, nullis cessit, et nunc iis in se gravida, pro omni dote, varios succos, et frugum pomorumque sapores, fundit. Ab eâ, exceptis Indiæ fabulosis, proxime

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