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dépense pour couvrir une maison entière de plaques de marbre, que pour en orner les portes de quelques apartemens. C'est sur ce calcul que Pline auroit dû apprécier le dégré de leur luxe, et non point sur une vaine idée du marbre prodigué aux vils usages puisqu'on le fouloit aux pieds. Cette pensée sent bien le rhéteur, et elle n'est pas seul de son espèce dans l'histoire naturelle de cet auteur. L'indignation que Cornelius Nepos exprimoit contre Mamurra aura encore pu lui faire prendre le change. Il n'auroit peut-être pas vu que cette indignation se portoit plutôt sur la hardiesse de la personne que sur la nouveauté de la chose, et que les Romains, observateurs scrupuleux des bienséances, étoient révoltés du luxe du parvenu, quoiqu'ils eussent pardonné à celui du consul.

August. c.

29, 30, 31

Lorsqu' Auguste eut rétabli la paix dans l'état Sueton. in il songea à rétablir l'ordre dans la ville, qui changea bientôt de face. Il nettoya le lit du Tibre, il forma un guet nombreux destiné à veiller à la sureté publique et à prévenir les vols et les incendies. Il partagea la ville en quartiers, et ceux-ci en Vici: les uns et les autres avoient leurs chefs particuliers. Il construisit beaucoup d'ouvrages publics : 1. Un forum, devenu nécessaire par la multitude des personnes et des affaires, à laquelle les deux autres fora ne suffisoient plus. Dans les deux portiques de ce forum, il plaça les statues de tous les grands hommes qui avoient agrandi l'état, chacune dans son habit de triomphe. 2. Le Temple de Mars le Vengeur; c'est au vengeur de la mort de César. Ce temple devoit être celui des tri

omphes

Cl. Rutil.
Iter. L. 47.

i. 93.

omphes et des dépouilles. 3. Le temple d'Apollon
Palatin, dans l'enceinte même du palais impérial.
Auguste y ajouta une portique avec uue biblio-
theque Grecque et Latine. 4. Le temple de Ju-
piter Tonnant dans l'enceinte du Capitole. Il dédia
plusieurs autres ouvrages sous le nom de sa femme,
de sa sœur, de son neveu, et de ses petits-fils; les
portiques de Livie et d'Octavie, la portique et la
basilique de Caius et Lucius, et le théâtre de Mar-
cellus. Il encouragea les sénateurs à suivre son
exemple. Marcius Philippus bâtit le temple d'Her-
cule et des Muses; L. Cornificius celui de Diane;
Asinius Pollio le palais de la liberté; Munatius
Plancus le temple de Saturne; Cornelius Balbus,
un théâtre; Statilius Taurus, un amphithéâtre;
Agrippa beaucoup de grands ouvrages. Tant de
beaux monumens, construits ou rétablis sous le
règne d'Auguste, justifient bien son propos,- qu'il
avoit trouvé une ville de brique, et qu'il en laissoit
une de marbre. Auguste donna une fois au Capi-
tole seize mille livres d'or, et cinquante millions
de sesterces de pierreries.

Exaudi, Regina tui pulcherrima mundi,
Inter sidereos Roma recepta polos.

Exaudi, genitrix hominum, genitrixque Deorum,
Non procul a cœlo per tua templa sumus.

Percensere labor densis decora alta tropæis,
Ut si quis stellas pernumerare velit,
Confunduntque vagos delubra micantia visus.
Ipsos crediderim sic habitare Deos.
Quid loquar aerio pendentes fornice rivos
Quà vix imbriferas tolleret Iris aquas?

Hos

Hos potius dicas crevisse in sidera montes:
Tale Giganteum Græcia laudat opus,
Intercepta tuis conduntur flumina muris,
Consumunt totos celsa lavacra lacus.
Nec minus et propriis celebrantur roscida venis
Totaque nativo moenia fonte sonant;
Frigidus æstivas hinc temperat halitus auras,
Innocuamque levat purior unda sitim.

Quid loquar inclusas inter laquearia sylvas,
Vernula quà vario carmine ludit avis?
Vere tuo nunquam mulceri desinit annus,
Deliciasque tuas victa tuetur hyems.
Erige crinales lauros seniumque sacrati
Verticis, in virides Roma recinge comas,
Aurea turrigero radient diademata cono

Perpetuosque ignes aureus umbo vomat.

Čl. Rutil.

i. 114..

Marcellin.

Edit. Gro

L'empereur Constance vint à Rome en 356. Ammian. Tout l'étonnoit dans cette capitale. Il reconnut xvi. 10. p. que la vérité surpassoit la renommée. Dans la 102, 103. visite qu'il fit des objets curieux de la ville et des nov. environs, i admiroit surtout, 1. Le Capitole, il digne du Dieu qu'on y servoit. 2. Des bains grands comme des provinces entières. 3. L'amphithéâtre construit de grandes pierres Tiburtines, et d'une hauteur où l'œil avoit peine à atteindre. 4. Le Panthéon, qui paroissoit un quartier entier, et dont les arcades étoient très élevées. 5. Les colonnes creusées en escalier et portant les statues des princes. 6. Le Temple de Rome. 7. Le Forum de la Paix. 8. Le Théâtre de Pompée. 9. L'Odeum et le Stade. 10. Mais surtout le Forum de Trajan, ouvrage dont la grandeur et le singulier frap

V. Berg.

Grands

l'Empire.

1. v. c. 2-7.

Dionys. Halicarn. Antiquit. Rom. 1. iii. p. 106.

Tit. Liv.

frappoient également et excluoient à la fois la description et l'imitation. Constantin et le prince Hormisdas admirèrent surtout la statue colossale de Trajan à cheval placée au milieu de la superbe basilique.

ÆTATES. On peut distinguer quatre ages de Chemins de cette ville. 1. Du tems des premiers rois, elle ressembloit plutôt à un camp de Tartares, qu'à une ville Européenne; un assemblage confus de cabanes qui ne renfermoient qu'une troupe de pâtres dirai-je, ou de brigands. Le palais de Romulus s'est conservé long tems. Elle n'étoit qu'une petite chaumière. 2. L'an de Rome 138, Avant Christ 616, Tarquin l'ancien fut élu roi ; il apporta dans l'état naissant le goût des arts. i. 55, 36. Quand je songe au goût Etrusque qu'on apperçe voit dans tous les premiers monumens de Rome, et que je le compare avec l'attachement exclusif des Grecs pour leurs artistes, l'origine Corinthienne de Tarquin me paroît très suspecte. Quoiqu'il en soit, cet étranger construisit beaucoup d'ouvrages publics, le grand Cirque, et les Cloaques; il commença le Capitole et des murailles de pierre autour de la ville, et ses successeurs n'eurent que la gloire d'exécuter ses idées. Les anciens parlent avec étonnement de la grandeur de ces monumens; des cloaques surtout, qui auroient fait honneur au siècle d'Auguste, et qui paroissoient bien au-dessus des forces d'un petit roitelet. Mais ne seroit-il pas permis de croire que la gloire du fondateur a ob scurci celle des consuls et des censeurs qui ont rétabli, agrandi, et perfectionné tous ces ouvra

ges?

ges? Je vois que les censeurs donnèrent une fois mille talens pour nettoyer et pour rétablir ces cloaques qui s'étoient bouchées. Les premiers consuls contribuèrent peu à l'embellissement de la ville. Le magistrat d'une année ne pouvoit guères dédier l'ouvrage qu'il auroit commencé, pendant que la gloire plus brillante d'un triomphe ne coûtoit alors qu'une campagne heureuse de quinze jours. Les Gaulois ont dû trouver dans Rome une ville assez pauvre et mal-bâtie. Je pense qu'on se fait une idée trop outrée des ravages de ces barbares, et que de quelques expressions un peu hyperboliques de Tite Live, on a conclu un peu légèrement que toute la ville avoit périe dans l'in- V. Tit. Liv.

v. 42,3.

ual. xv. 41.

cendie des Gaulois. Mais sans me servir du fameux passage de Polybe, qui soutient qui la ville s'étoit rachetée du feu et même du pillage, sans m'appuyer d'une expression de Tite Live, douteuse à la vérité et qui peut ne regarder que le premier jour, je dirai seulement, 1. Que dans l'incendie de Tacit. AnNéron on vit périr le temple de la Lune, l'ouvrage de Servius Tullius, et le temple de Jupiter Stator construit par Romulus, le temple de Vesta et le palais de Numa; et l'autel et le temple d'Hercule qu'on attribuoit à Evandre, et qui n'étoit certainement pas moins ancien que la ville même. 2. Que Tit. Liv. d'abord après la défaite des Gaulois, avant qu'on v. 55. eût pris la résolution de rétablir la ville, le sénat s'assembla dans la Curia Hostilia, qui a dû s'être trouvée au milieu des quartiers Gaulois. Je conviens que les Gaulois firent beaucoup de mal à Rome, et qu'un très grand nombre de monumens

publics

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