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Grecques; et par conséquent Cumes est beaucoup
moins ancienne qu'on ne l'a dit. Ce n'est pas dans
un pays rempli de Grecs qui soutenoient des rela-
tions les plus étroites avec leur pays, que ce pöete
auroit placé des géans, des enchantemens, et le
sejour même des morts, prodiges qui ne convien-
nent qu'à un monde nouveau à peine découvert et
qu'on ne connoissoit encore que par les hyperboles
mal interprétées des voyageurs Phéniciens. 2. Il
y a peu de villes de la Grande Grèce qui n'ayent
une double origine. L'une qui remonte aux dieux
et aux héros de la mythologie; l'autre plus his-
torique et plus récente. Peut-on balancer? Qui
ne supposera pas avec raison que les fondateurs
réels ont voulu se donner des ayeux imaginaires
pour relever l'antiquité et la noblesse de la colonie?
Il me paroît que les migrations commencèrent un
peu après la première Olympiade, et qu'elles durè-
rent environ 300 ans. On voit (surtout par Stra-
bon) que leurs discordes civiles et les courses des
barbares les livrèrent enfin à la tyrannie des Sy-
racusains, et que les guerres des Samnites, de
Pyrrhus, et d'Hannibal les ruinèrent si totalement,
que la Grande Grèce paroissoit détruite du tems de
Cicéron.

Nec tibi sit mirum Græco rem nomine dici,
Itala nam tellus, Gracia major erat.
Venerat Evander plenâ cum classe suorum,
Venerat Alcides; Graius uterque genus.
Hospes Aventinis armenta pavit in herbis
Claviger; et tanto est Albula pota Deo.
Dur quoque Narycius; testes Læstrigones exstant.
Et quod adhuc Circes nomina litus habet,
Ţ 3

Et

Cicero. in
Lælio.

Ovid. Fas-
tor. l. iv. p.
567.

Horat.

Epist. i. 2.

V. la Carte

de Deslisle,

Et jam Telegoni, jam monia Tiburis udi
Stabant; Argolicæ quæ posuere manus.
Venerat Atridæ fatis agitatus Halesus;

A quo se dictam terra Falisca putat;
Adjice Trojanæ suasorem Antenora pacis,
Et generum Oeniden, Apule Daune, tuum.
Serus ab Iliacis et post Antenora flammis
Abstulit Eneas in loca nostra Deos.

Quidve Calabris

Saltibus adjecti Lucani ——

SECT. X.

CALABRIA ET APULIA.

APULIA. Cette région, qui comprenoit une des cornes de l'Italie, étoit bornée par la Lucanie, la Campanie, et le Samnium. Sur la mer Adriatique elle s'étendoit jusqu'au Frento, et sur le golfe de Tarente jusqu'à Metapontum. Le mont Vultur et le Bradanus la séparoient de la Lucanie, et le fleuve Sabbatus du Samnium et de la Campanie. On peut la partager en trois provinces, 1. Le pays et Clavier. des HIRPINI; 2. L'APULIE PROPRE; et 3. La CALABRE. La Daunie paroît n'être que la seconde des provinces. L'Iapygie n'étoit qu'un nom générique et un peu vague que les Grecs donnoient à toute cette côte. On voit confusément que la Messapie et les Salentini n'étoient que l'extrémité de la corne, et que les Peucetii ou Pædiculi formoient une cité ancienne, d'origine Illyrienne, qui étoit placée dans les environs de Tarentum.

Ital. Antiq.

1. iv. c. 10.

Cluvier Ital. Antiq. Liv. c. 8.

I. HIRPINI. Je suis surpris que les Romains ayent enlevé ce peuple aux Samnites pour le don

ner

ner aux Apuli. Il étoit d'origine Samnite, et sa liaison avec cette nation étoit si étroite que les historiens de la guerre Samnite les ont presque toujours confondus. Cette cité s'étendoit des deux côtés de l'Apennin depuis le Sabbatus jusqu'à l'Aufidus. Je trouve en-deça des montagnes, 1. Equus Tuticus; 2. Callifæ, colonie; 3. Eculanum; 4. Romula; 5. Taurasium; 6. Avillinum, colonie. Au-delà des montagnes, 1. Aquilonia; 2. Herdonia; 3. Rufæ, ou Rufræ, ou Rufrum; 4. Compsa.

38.

TAURASIUM. On voyoit une nation Ligurienne T. Liv. xl. dans les environs de Taurasium. Les Romains, ennuyés des courses des Apuani, prirent la résolution de les transporter dans un pays fort éloigné du leur. Les Consuls Bæbius et Cornelius, les ayant poussé dans les montagnes, les obligèrent de se rendre au nombre de douze milles hommes. Cette petite armée fournit, avec les femmes et les enfans, quarante mille ames, que le sénat fit passer dans le pays des Hirpini, où on leur distribua des terres avec un présent de 150,000 sesterces (dix mille écus) pour les y établir. Du tems de Pline ils conservoient encore les noms de Corneliani et de Bæbiani. Peu de tems après, le Préteur Fulvius y conduisit par mer encore sept mille hommes. Cette migration se fit A. U. C. 573.

atur. ii.

AMSANCTI LACUS. Ce lac rendoit des exha- Plin. Hist. laisons très dangereuses pour ceux qui s'en appro- 93. choient. On avoit mêlé beaucoup de fables à la description de ce phénomène. Pline lui-même n'en est point exempt. Il n'étoit pas loin de Tau

rasium.

Virg. Æn.

vii. 563.

Cicero. de

Leg. Agrar. in Rull.

vi. p. 198.

Est locus Italiæ in medio, sub montibus altis,
Nobilis, et famâ multis veneratus in oris,
Amsancti valles; densis hunc frondibus atrum
Urget utrinque latus nemoris: medioque fragosus
Dat sonitum saxis et torto vertice torrens.
Hic specus horrendum sævi spiracula Ditis
Monstratur; ruptoque ingens Acheronte vorago
Pestiferas aperit fauces.

II. APULIA PROPRIA. Cette province, qui ne paroît pas avoir jamais formé un corps politique et national, étoit la plus grande des trois. La mer, le Frento, les Hirpini, le Bradanus, et une ligne de Tarentum à Brundisium en-deça de ces villes,voilà ses bornes. Dans la Daunie propre, ou le pays entre le Frento et l'Aufide, je trouve, 1. Apenesta au pied du mont Garganus; 2. Uria; 3. Sipus ou Sipontum; 4. Salepia avec la Palus Salapina; ces quatre villes étoient sur les bords de la mer; 5. Teanum Apulum sur le Frento; 6. Gerion ou Gerunium; 7. Luceria; et 8. Arpi, Argos Hippium, ou Argyrippa. Dans la portion de l'Apulie qui est entre l'Aufide et le mont Vultur, portion plus longue, mais plus étroite que la première, je trouve, 1. Venusia; 2. Canusium; 3. Cannæ; 4. Barium; et 5. Gnatiæ. Dans le petit canton entre le Vultur et le Bradanus, je ne vois que, 1. Bantia; 2. Forentum; 3. Acherontia; et 4. Genusium.

SIPUS ET SALAPIA. Quand Cicéron veut donner une idée des endroits les moins désirables de l'Italie, il choisit le territoire aride de Sipus, et les marais pestiférés de Salapia.

Strab. Geog. ARPI. On voit que les colonies Grecques en Italie ont agi comme les Européens dans le

nouveau

nouveau monde, et qu'ils ont saisi avidement les vraisemblances les moins décisives pour y trouver des traces de leurs ancêtres. C'est ainsi que Diomède doit avoir régné sur les bords de l'Adriatique. On y voit les insula Diomedeæ, et les présens que ce héros offrit à Minerve dans son temple à Lucerie. Mais ces traditions sont aussi contradictoires qu'elles sont fabuleuses. Le judicieux Strabon a su remarquer qu'on racontoit les aventures de Diomède de quatre façons essentiellement différentes.

Et Venulus, dicto parens, sic farier infit:

Vidimus, O cives, Diomeden Argivaque castra;
Atque iter emensi casus superavimus omnes,
Contigimiusque manum quâ concidit Ilia tellus.
Ille urbem drgyripam, patriæ cognomine gentis,
Victor Gargani condebat Jupygis agris.

Non seulement Arpi, mais encore Beneventum, et Equus Tuticus reconnoissoient Diomède pour leur fondateur,

MONS GARGANUS, &c.

Virg. Æn. xi.

Sil, Ital.

viii. 630.

Nutantique ruens prostravit vertice silvas Garganus; fundoque imo mugivit anhelans Aufidus; et magno late distantia ponto Terruerunt pavidos accensâ cerauniâ nautas. Quæsivit Calaber, subductâ luce repente Immensis tenebris, et terram et litora Sipús. CANUSIUM. Cette ville, fameuse par la jour- V. Clavier. née de Cannes qui arriva dans son voisinage, étoit qua, l. iv. située au milieu des plaines de Diomède toujours couvertes de troupeaux nombreux, dont la Strab.Geog. laine courte, et d'une couleur foncée, servoit à vi. p. 199. faire des manteaux, et alloit de pair d'avec celle de Plin. Hist.

Ital, Anti

c. 12.

Nat. c. 8.

Tarentum p 48.

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