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échappé seul à la fureur des flammes. La ville avoit été fondée deux cens quatre-vingt-six ans auparavant, comme une place forte qui couvrit la frontière Romaine du côté des Alpes. Le nombre des habitans qu'on y envoya, la commodité du Po, la richesse de son territoire, et les alliances des peuples voisins qu'elle sut attirer, la rendirent bientôt très florissante. Elle se rétablit bientôt de son malheur par les secours de ses voisins, et les soins de Vespasien. On voit par divers traits qu'elle étoit très forte quoique située dans une plaine, qu'elle avoit des murailles et des tours, des temples très riches, et des foires publiques qui attiroient tout le commerce de ces provinces.

r. Berger, Grands

Chemins,

7. 8. 9.

p. 354-360.

et Wesse

ad Itinerar. Antonin.

SECT. XVI.

ITINERA.

ITINERARIA ET TABULE. On peut poser en fait que les hommes ne négligent guères les choses L. c.6. dont l'acquisition est aussi utile qu'aisée. Pour la guerre, les voyages, et l'administration d'un état ling præfat. étendu, il est presque nécessaire d'avoir des Itinéraires et des cartes géographiques, et dès qu'on a construit des grands chemins il est très facile de se procurer ces secours. Je conviens qu'ils n'étoient point aussi communs qu'à présent. Les mêmes monumens qui nous assurent de leur existence nous font sentir qu'ils étoient rares et qu'ils ne se trouvoient qu'entre les mains des généraux

et Hierosol.

et

1. ix. Sim

p. 117.

p. 538.

mitian.c.10

Natur.

et des hommes d'état, ou tout au plus des géographes de profession et de quelques curieux, dont le commun des hommes empruntoit les lumières dans le besoin. Croiroit-on qu'un Galen n'ait Galen. appris que par l'expérience le chemin qu'il falloit plic. Medic. tenir pour aller d'Alexandrie en Troade à l'île de Facult. Lemnos, et qu'à son retour il ait dressé un itiné- Edit. Basil. apud Wesraire de cette route pourqu'on ne s'égarât point seling. comme il avoit fait lui-même? Quand Domitien finer. Sue fit mourir Metius Pomposianus, il fit une action to in Du de tyran, mais quand on compare les chefs d'ac- Plin. His cusation les uns avec les autres on sent que l'acquisi- iii. 2. tion d'une mappe-monde étoit une curiosité singulière dans ce siècle. Agrippa exposa aux yeux du public un itinéraire général de la terre, mais si chaque particulier en avoit eu de pareils chez lui, ce monument d'Agrippa auroit peu mérité l'attention de Pline. On voit cependant, sans recourir aux fables d'un Ethicus, qu'il s'étoit faite du tems d'Auguste un itinéraire de l'Empire. Il nous en reste un très curieux qu'on a attribué à Jules César, à Marc Antoine, à l'Empereur Antonin, à Ammien Marcellin, et à Æthicus lui même. Sans vouloir décider une question aussi obscure qu'elle est peu intéressante, on peut dire qu'un pareil ouvrage destiné à l'utilité publique à dû subir un grand nombre de changemens dans des siècles assez éloignés. Les noms de Constantinople, &c. et l'usage d'appeller les capitales des cités Gauloises par le nom de la cité même, annonceroient assez que le fond de l'ouvrage est du quatrième siècle, et qu'il a pu être dressé sous les enfans du grand Constantin.

Y 2

V. Berger,

Grands

l'Empire, 1.

ii. c. 1-31,

et l. iii. c. 54.

Constantin. L'Itinéraire de Bourdeaux à Jerusa lem avec le retour par un chemin différent est une pièce très curieuse, et qui est à peu près du même tems. C'est dommage qu'elle soit corrompue au point que les détails ne s'accordent presque jamais avec les sommes totales. Les Tables de Peutinger, (qu'on nomme aussi Tables Théodosiennes) paroissent au premier coup une carte géographique; les villes, les rivières et les mers y sont désignées: mais qu'on pense que la but d'une carte est de faire sentir la forme d'un pays, la situation de ses parties, et le rapport mutuel des lieux, et qu'on se rappelle que dans cette table il n'y a ni ordre ni proportion, on sentira qu'on a voulu peindre sur un des longs rouleaux des anciens, une tables des chemins et nullement une carte de l'Empire.

VIE MILITARES. Je ne dirai rien ici d'une inChemins de finité de digressions aussi belles que savantes dont M. Berger a rempli son histoire des Grands Chemins de l'Empire Romain, et qui ont un rapport plus ou moins éloigné avec son objet principal; les dépenses qu'ont coûté ces voies militaires qui partoient de la capitale pour s'étendre jusqu'aux frontières les plus reculées, les milliaires, les tombeaux, les maisons, les ponts, dont elles étoient ornées, et l'ordre qui s'observoit à l'égard des postes qui n'ont jamais appartenues qu'à l'état et dont la permission gratuite se communiquoit aux particuliers par les diplomes des princes et des magistrats. Je ne parlerai que de la construction des chemins. Les ouvriers commençoient par tracer au cordeau deux sillons profonds. Ils creusoient ensuite un fossé

de

de l'un à l'autre qu'ils remplissoient de sable et de bonne terre pour donner au chemin une assiette ferme. Dans un terrein uni et solide, cette levée, qu'on nommoit Agger, ne s'élevoit qu'à fleur de terre, en lui donnant toujours une pente suffisante pour l'écoulement des eaux. Mais dans la plupart des endroits on lui donnoit jusqu'à dix, quinze et même vingt pieds de hauteur au-dessus des champs voisins, et puisqu'on n'a certainement pas voulu les dépouiller de leurs meilleures terres, il a fallu beaucoup de dépense pour les charier de loin. Sur cet Agger on plaçoit quatre couches différentes de matériaux. 1. Le Statumen. C'étoient des pierres larges et plattes, couchées les unes sur les autres et assises dans un ciment de chaux nouvelle; cette couche avoit dix pouces d'épaisseur. 2. La Ruderatia. C'étoient des pierrailles, des pots cassés, des tuiles, des briques répandues avec la pêle, et affermies à grands coups de barre. Elle avoit dix pouces d'épaisseur. 3. Le Nucleus. C'étoit une craie grasse et gluante, qui servoit de ciment et qui unissoit tout l'ouvrage. Il avoit un pied d'épaisseur. 4. La Summa Crusta. Elle avoit six pouces d'épaisseur, et par conséquent l'ouvrage entier avoit trois pieds. Cette surface étoit ordinairement composée de pierres d'une grandeur inégale et médiocre, (Glarea); quelquefois à la vérité c'étoient de gros cailloux (Silex), et quelquefois même on y a vu des carreaux taillés d'une façon régulière. Domitien alla jusqu'à paver son chemin de carreaux de marbre. On choisissoit surtout ces pierres un peu raboteuses, (qu'on nommoit

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326 NOMINA, GENTESQUE ANTIQUE ITALIÆ.

nommoit Fistulose) parcequ'elles donnoient plus de prise aux pieds des chevaux, et on observoit de les coucher toujours tout de leur long et jamais sur les côtés. La largeur ordinaire du pavé étoit de vingt pieds, mais lorsque l'Agger s'élevoit au-dessus du niveau de la terre, chacun des côtés occupoit à peu près le même espace, et le chemin entier avoit soixante pieds de largeur. Le règlement qui défendoit de donner aux chemins plus de huit pieds ne pouvoit point regarder les voies militaires.

An

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