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(1) In Attic. c. 19.

que. Si dans la vie d'Atticus il se trouve obligé une fois de louer Auguste, c'est en quatre mots qu'il le fait encore y ajoute-t-il une modification qui ne devoit guères être du goût de ce prince: en parlant de sa fortune il dit qu'elle lui avoit donné tout à ce quoi un citoyen Romain pouvoit parvenir. (1) N'étoit-ce pas le reprocher tacitement de son ambition? Cette vie d'Atticus, où se trouve cette louange, est beaucoup plus longue que toutes les autres, et comme avec cela il n'avoit à décrire que les événemens peu variés d'une vie privée, il pouvoit entrer dans un assez grand détail sur le caractère et les mœurs de cet homme singulier, qui à su si bien se rendre célèbre sans le secours d'aucune action éclatante. Aussi l'a-t-il fait jusqu'à nous apprendre la dépense journalière de sa maison. (2) Ibid. c. Elle montoit (2) à quatre mille cinq cens livres argent de Suisse; (3) somme très petite, considérée en elle-même, puisque son domestique étoit fort nombreux, mais qui nous donne une bien grande idée de sa modération si nous nous souvenons qu'il étoit de la même ville et du même siècle que ce Lucullus qui mangea à un seul repas plus (4) 50,000 de cinq fois autant. (4) Atticus démentit, par sa conduite, les calomnies de ceux qui accusoient les Epicuréens de placer leur souverain bonheur dans la jouissance des plaisirs sensuels. Il leur fit voir qu'un vrai philosophe de cette secte regardoit une volupté délicate et un loisir studieux comme seuls capables de rendre heureux un homme raisonnable. Ce n'est point ici la place d'entreprendre la justification d'Atticus contre les sanglantes accusa

13.

(3) 3000

asses par

mois.

denarii.

son Cæsari

cond tome

de ses

tions de l'Abbé de St. Real, (1) et dans lesquelles (1) Dans il paroît avoir eu bien des sectateurs.. Aussi je ne on, au sele ferai pas. Je dirai seulement (après avoir remarqué qu'il étoit bien difficile pour un honnête Oeuvres. homme de prendre un parti quand il n'y en avoit aucun qui pensa au bien public) que s'il est difficile de justifier sa conduite en tout, il ne l'est pas moins de s'empêcher d'aimer son caractère. Il en est tout autrement des Catons; en lisant leur vie nous devenons plus aisément leurs admirateurs que leurs imitateurs. Le danger est plutôt de l'autre côté ici.

Dans les derniers siècles notre auteur a eu un sort bien différent de celui de bien d'autres. Nous avons regardé beaucoup de fictions modernes comme des pièces authentiques de l'antiquité, ici un écrivain a risqué de se voir enlever son propre ouvrage. Plusieurs critiques, trompés par les titres des anciens manuscrits, ont cru que ces vies des fameux généraux étoient, non pas de Cornelius Nepos, mais d'un certain Æmilius Probus qui doit avoir vécu sous l'empire de Théodose et lui avoir présenté son livre. Mais aujourd'hui on est généralement revenu de cette opinion, et on rend à Nepos ce qui est à Nepos. La seule latinité de son livre seroit bien assez pour nous convaincre qu'il ne pouvoit jamais être écrivain du siècle de Théodose. Elle suffit pour prouver l'antiquité de Quinte Curce, et avec raison, car il est très sûr qu'il y a quinze cens ans qu'on n'écrit plus comme cela en Latin. Mais nous en avons bien d'autres raisons. Supposons pour un moment qu' Æmilius Probus

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Probus soit l'auteur de ce livre, que lui fait-on faire? On le fait se vanter d'avoir été lié fort familièrement avec Atticus, qui vécut cinquante ans avant l'ère Chrétienne, dans le même ouvrage qu'il présente à l'Empereur Théodose, qui mourut près de quatre cens ans après cette ère. Certainement ou Emilius Probus ou nos critiques avoient un coup de marteau. Je ne dis rien de ces passages des vies que j'ai déjà cités par rapport aux généraux Romains, aux vétérans, à Auguste, tous très convenables au siècle de Nepos, mais ridicules dans celui de Probus. Les vers de Probus, qui se trouvent dans tous les anciens manuscrits, aussi bien que le titre qui l'appelle auteur de l'ouvrage, font bien voir comment il faut expliquer ce titre. Comme je ne sais point s'ils se trouvent dans toutes les éditions, les voici :

Vade, liber noster, fato meliore memento,
Cum leget hæc Dominus, te sciat esse meum.
Ne timeas fulvo strictos diedemate crines,
Ridentes blandum vel pietate oculos;
Communis cunctis: hominem se regna tenere
Sed meminit; vincit bine magis ille homines.
Ornentur steriles: facilis tectura libelli

Theodosio, et doctis carmina nuda placent.
Si rogat auctorem, paullatim detege nostrum
Tunc domino' nomen, me sciat esse Probum.
Corpore in hoc manus est genetricis, avique, meaque
Felices domini qui meruere manus.

Je ferai deux ou trois réflexions sur ces vers. 1. Que veut dire le "fato meliore memento?" Il me paroît ne pouvoir convenir qu'à un livre qui

avoit déjà vu le jour, mais qui comptoit paroître alors avec un éclat que lui donnoient quelques circonstances particulières qui accompagnoient sa publication d'alors. Ce seroit justement le ton que prendroit un éditeur qui publieroit une édition de quelque auteur déjà connu, bien supérieure à toutes les autres, et qui la présenteroit à quelque grand prince. Je n'appuie pourtant pas trop sur cet argument, quoique je le croie bon, parceque je sais qu'on peut me répondre, qu'un homme qui auroit présenté un exemplaire de son propre ouvrage à ce prince auroit pu s'être servi des mêmes expressions, par rapport seulement aux autres exemplaires du même ouvrage qui n'avoient pas eu le bonheur de tomber dans des mains aussi respectables. 2. Un auteur (surtout parlant à un empereur) auroit-il loué son propre ouvrage comme il fait dans ce vers, Ornentur steriles? 3. Mais ce qui, selon moi, est la raison la plus forte de toutes, c'est ce qu'il dit dans le onzieme vers, "Corpore in hoc manus est genitricis, avique, meaque." A-t-on jamais entendu parler d'ouvrage bien écrit aux frais communs de l'auteur, de sa mère et de son grand-père? Le ridicule de cela saute aux yeux. Concluons donc de tout cela que Cornelius Nepos est le véritable auteur des vies des fameux généraux, et que Probus n'avoit fait que de faire une copie exacte de l'ouvrage, laquelle il présenta à l'Empereur Theodose.

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TITI LIVII Patavini Historiarum ab Urbe Conditá Tomi Tres. L'Edition de Gronovius. Amstelodami. Apud D. Elzeivir. 1678.

TITE LIVE est un de ce petit nombre de grands hommes dont le nom seul fait le plus bel éloge qu'il est possible de faire d'eux. Son propre siècle lui a accordé la gloire d'avoir été parmi les historiens ce que Virgile a été pour les poëtes, et Cicéron pour les orateurs. Seize siècles la lui ont confirmé, et ce seroit en vain que quelqu'un penseroit à la lui ravir aujourd'hui. On convient que la majesté de son histoire égaloit celle du peuple de qui elle traitoit. Soit qu'on le considère du côté des choses qu'il raconte, ou de sa façon de les raconter, de sa fidélité ou de son style, les plus grands maîtres de l'art devroient l'avoir continuellement entre les mains, et tous ses lecteurs, de quelque ordre qu'ils soient, peuvent toujours trouver de quoi se plaire et s'instruire. Comme je compte que l'article de son histoire, que je vais commencer à présent, me mènera un peu plus loin que les autres, je partagerai ce que j'ai à dire dans quelques portions; j'en ferai quatre: I. Dans la première, je dirai quelque chose de la personne et de l'ouvrage de Tite Live. II. Dans la seconde, je donnerai quelques des qualités qui distinguent son histoire de la plupart des autres. III. Dans la troisième, je considererai les objections et les accusations qu'on fait contre lui; et IV. Dans la der

nière.

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