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de Catrou,

tom. ii. p. 481.

in Bell. Ju

l'Egypte, et qui la serrent du côté occidental, mais (1) Virgile sur tout la Haute Egypte." (1) Il essaye ensuite de répondre à quelques objections qu'on pouvoit lui faire, mais il n'a point prévenu les miennes. Il faut convenir avec lui que, quoique Salluste ne nous donne cette tradition que d'un air peu assuré, (fides (2) Sallust. ejus rei penes auctoris crit,) (2) il nous la donne gurth. c. 17. pourtant, et ce qui étoit bon pour l'historien l'étoit sûrement pour le poëte; comme on ne peut lui disputer que Virgile ne se soit plu à désigner les colonies du nom des pays dont elle venoient: mais je dis, Iment que la tradition en question (quand même elle conviendroit au sens de Virgile) n'étoit pas de nature à pouvoir en être employée, et IIment. qu'elle n'y convient pas.

Iment. Il y a de certains traits d'histoire ancienne, vrais ou faux, qui vont bien dans un poëme; ils délassent le lecteur et ils donnent bonne idée du savoir du poëte, mais dès qu'on les y fait entrer (surtout quand ce n'est qu'en allusion) on les suppose déjà connus de tout le monde, et ils doivent l'être en effet. Mais cette colonie des Persans ne peut point avoir place dans cette classe. Salluste, qui le premier l'avoit tiré des livres Puniques du roi Hiempsal, avoue, que c'étoit ab eȧ famá quæ plerosque obtinet diversum. En effet un Hercule, général des Mèdes, des Perses, et des Arméniens, mort en Espagne, est si totalement opposé aux notions communes, qu'il faudroit qu'un lecteur fût averti d'avance de ce qu'on vouloit lui dire, pour pouvoir y comprendre quelque chose. Il

cut

(1) Serv. ad

Eclog. I.

(2) Sueton.

Histoire des

eut pu donner lieu à une épisode, à une description, mais pour une allusion aussi courte, autant sans préparation, non seulement Virgile, mais même le pédant Properce l'auroit sûrement exclu. Les traits les plus fabuleux, mais dans la bouche de tout le monde, les Gorgones, les Jardins des Hespérides, avec tous leurs prodiges, pouvoient être reçus plutôt que cette tradition, vraie peut-être, mais heurtant de front toutes les idées du vulgaire. De plus elle étoit nouvelle, autre circonstance fâcheuse. Virgile doit avoir écrit les lignes en question au plus tard d'abord après la mort de Cornelius Gallus, (1) l'an de Rome 726. (2) Salluste avoit écrit la Guerre Jugurthine dans sa retraite, (3) en- v. 1. viron l'an 711 ou 712. Or Salluste étoit le premier in Aug. C qui fit connoître à ses compatriotes l'opinion des 66. Crevier. Numides sur leur propre origine, en traduisant ies Empereurs, morceaux de la langue Punique qui en traitoient. (3) Sallust. Quinze ans, qui s'étoient écoulés depuis la publi- 4. (V. p. cation de cet ouvrage, bien loin de l'avoir mis 400.) entre les mains de tout le monde, ne devoient (vu la rareté des livres et les troubles des tems) l'avoir fait connoître qu'à un petit nombre de curieux, de gens particulièrement adonnés à l'étude des antiquités de leur patrie. Peut-être que Virgile ne l'avoit pas encore vu, mais à coup sûr de mille de ses lecteurs (et un poëte n'écrit pas seulement pour les savans) à peine s'en trouvoit un qui l'eut eu entre les mains. Virgile seroit-il allé rechercher dans un tel écrivain, des idées aussi singulières que leur auteur étoit nouveau? Et où les est-il allé chercher? Dans le Latium peut-être ou tout au VOL. IV.

G G

plus

tom.i. p. 72.

in Jug. c.

plus dans l'enceinte de l'Italie. Un certain nombre de personnes connoît toujours bien l'histoire de sa patrie. Point du tout: à toutes les autres circonstances propres à embarrasser ses lecteurs, il auroit joint l'éloignement des lieux, il seroit allé en Perse pour en faire venir une colonie en Afrique afin de pouvoir dire qu'ils habitoient près des bords du Nil. Les exemples que le Père Catrou apporte comme semblables à celui-ci ne le sont point. Il n'y a jamais eu qu'une voix sur le pays d'où sortoient les Toscans, ni sur les ancêtres de ceux de Cumes. Depuis qu'Hérodote avoit parlé de la première migration (1) il a été suivi par une foule p. 45. Edit. d'autres, (2) et Varron, (3) aussi bien que Caton, (2) Justin, (4) avoient si bien éclairci la fondation des princiPom- pales villes de l'Italie qu'il n'y restoit que peu ou c. 1. Virgile point de difficultés. Aussi Velleius Paterculus du même siècle que Virgile (5) n'a point hésité d'af. 479, &c. firmer la même chose que lui sur la fondation de

(1)Herodot.

1. i. c. 72.

H. Steph.

ou plutôt

peius, 1. xx.

lui-même

Æneid. viii.

(3) V. Ciceron. in

Quæst. Academ. l. i.

c. 3.

(4) Corn.
Nepos. in

Caton. c. 8.
Serv. ad

Eneid. vii.

c. 7.

Cumes. (6)

II. Mais en second lieu je dis que cette tradition, vraie ou fabuleuse, ancienne ou moderne, connue ou obscure, ne convient nullement au sens de Virgile. Suivant le P. Catrou lui-même il falloit que le v. 678. Vell. peuple en question touchât les bords du Nil; or a Paterc. 1. i. suivre la narration de Salluste nous trouverons que (5) Vell. Pa- les Numides Persans n'étoient point dans ce cas, et que leur pays étoit très éloigné du Nil et de Annal. Vel- l'Egypte. Il est difficile de fixer au juste les bornes (6) Vell. Pa des divers peuples de l'Afrique, c'est parcequ'ils tercul. 1. i. n'en avoient point de bien déterminées, et qu'ils changeoient (comme nous le dit Virgile lui-même)

terc. Hist.

1. ii. c. 36. Dodwell.

Jeiani. s. 8.

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leurs

secum ar

Afer agit, tectumque

Virgil.

v. 343.

Hist. Nat. l.

Cellar. No

pars 2. p.

(1) leurs habitations lorsqu'ils ne trouvoient plus (1) Omnia de pâturage là où ils étoient. Cependant comme toute l'Afrique étoit peuplée, leurs erreurs ne pouvoient pas s'étendre bien loin, et on a cru pouvoir Laremque. leur assigner de certaines limites qu'ils ne passoient Georg. I. iii. guères. De cette manière on a donné la rivière Tusca pour borne orientale de la Numidie. (2) (2) Plin. Cette rivière, située plus à l'occident que Carthage, v. c. 3. étoit éloignée de plus de la moitié de la largeur de tit. Orb. Anl'Afrique du Nil, avec lequel ces peuples n'avoient tiq. tom. ii. aucun commerce, de sorte que j'aimerois autant 111. parler du voisinage du Portugal et de la Pologne que de celui de ces deux nations. Si l'on me répondoit que telles à la vérité pouvoient être les bornes de la Numidie du tems de Salluste et de Pline, mais que dans les anciens tems, dont il s'agit ici, elles s'étendoient bien plus loin, ma réplique seroit facile; je lui dirois qu'il fonde son objection -sur un fait qu'il suppose mais dont il n'apporte point de preuve; que Salluste n'insinue nulle part rien de pareil; qu'au contraire il dit expressément que tous les peuples vaincus reçurent le nom des Numides leurs vainqueurs. Je sais bien qu'après Juba, la Numidie se rétrécit, et qu'une bonne partie de ce royaume prit le nom de Mauritanie; (3) mais (3) Cellar. cela arriva dans un tems bien postérieur non seulement à l'établissement des Perses en Afrique mais même au tems de Salluste: à la vérité le Père Catrou, pour accabler ses adversaires, nous cite un passage de Salluste, "Africa interior pars pleraque ab Numidis possessa est," d'où il conclut que leur empire (puisqu'il renfermoit la plus grande partie de l'Af

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Notit. Orb.

Antiq. tom.

ii. pars 2. p.

125.

de Thysius,

1649, cum

de Philippe,

(2) In edit. c. 18. Bell.

Thysii ad

Jugurth.

Egypte.

quence.

rique intérieure) alloit jusqu'au Nil et la Haute Mais je lui nie son principe et sa consé(1) L'ane Dans deux éditions assez bonnes (1) que Lugd. Bat. j'ai de Salluste, au lieu d'interior on a inferior, ce notis vario- qui fait un sens bien différent, sans qu'il soit fait rum, l'autre mention de différente leçon. Interior, par rapParis, 1744. port à l'Afrique, ne sauroit signifier que la partie située fort avant dans les terres. Mais, sans nous arrêter au sentiment de Soldus qui y donne un sens, dont on ne pourroit trouver d'exemple, Glareanus (2) en offre deux pour le mot inferior. Il peut signifier la partie de l'Afrique la plus près de la mer et de l'embouchure des rivières, ou bien la partie occidentale de cette région. Sans m'arrêter à examiner ces différentes explications, puisqu'elles me sout également favorables, je ne dirai qu'un mot sur la hardiesse du Père Catrou, qui ose ainsi falsifier un auteur entre les mains de tout le monde pour le plier à ses systèmes. Etoit-ce excès d'inattention? Etoit-ce manque de bonne foi? Je n'ai garde de décider: mais le caractère de confrère du Père Hardouin est bien loin de fournir un préjugé en sa faveur. Je lui nie aussi sa conséquence. Admettons son interior, donnons-lui toute l'étendue possible, n'y mettons d'autres bornes que la longitude de Catabaltomus, borne de l'Afrique (3)Sallustii même suivant Salluste, (3) il restera toujours une immense étendue de pays avant que d'arriver en Egypte, les Garamantes, les Blemmyes, et les déserts de la Lybie. Sans compter que l'urget de Virgile indique ce qui est, non ce qui étoit, un poëte de nos jours diroit-il que la Toscane toucha à

Bell. Ju

gurth. c. 17. Cellar. ubi

supra, p. 66.

la

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