ページの画像
PDF
ePub

Echainement des er

reurs.

Sentimens confus du sauvage.

tarque essay a-t-il de revendiquer la foi de ses ayeux. Ephémère régna par tout; et les pères de l'Eglise, se servant de leurs avantages, attaquèrent le paganisme du côté le plus foible. Pourroit-on les blâmer? Si les dieux prétendus ne furent pas en effet des hommes déifiés, ils l'étoient devenus, du moins dans l'opinion de leurs adorateurs; et les pères n'en vouloient qu'à leurs opinions.

LXVI. Allons plus loin; tâchons de suivre l'enchainement non des faits, mais des idées, de sonder le cœur humain, et de démêler ce fil d'erreurs, qui du sentiment vrai, simple, et universel qu'il y a une puissance au dessus de l'homme, le conduisit par dégrés à se faire des dieux, auxquels il eût rougi de ressembler.

Le sentiment n'est qu'un retour sur nous-mêmes. Les idées se rapportent aux objets hors de nous. Leur nombre, en occupant l'esprit, affoiblit le sentiment. C'est donc parmi les sauvages, dont les idées sont bornées aux besoins, et les besoins simplement ceux de la nature, que le sentiment doit être le plus vif, quoiqu'en même tems le plus confus. Le sauvage ressent à tout moment des agitations, qu'il ne peut ni expliquer ni reprimer. Ignorant et foible, il craint tout, parcequ'il ne peut se défendre de rien. I admire tout, parcequ'il ne connoît rien. Le mépris bien fondé de lui-même, car la vanité est un ouvrage de la société, lui fait sentir l'existence d'une puissance supérieure. C'est cette puissance, dont il ignore les attributs, qu'il

Plut. de Placit. Philosoph. de Isid. et Osirid.

invoque,

invoque, et dont il demande des graces, sans savoir à quel titre il en peut espérer. Ce sentiment peu distinct produisit les dieux bons des premiers Grecs, et les divinités de la plupart des sauvages, et les uns et les autres n'en surent régler ni le nombre, ni le caractère, ni le culte.

LXVII. Bientôt le sentiment devint idée. Le Il adore tout ce qu'il sauvage rendit son homage à tout ce qui l'en- voit; touroit. Tout devoit lui paroître plus excellent

que lui-même. Ce chêne majestueux, qui le couvroit de son feuillage épais, avoit ombragé ses ayeux, depuis l'origine de sa race. Il élevoit sa pourquoi? tête jusqu'aux nues; le fier Aquilon se perdoit à travers ses branches. Auprès de cet arbre altier qu'étoit sa durée, sa taille, sa force? La reconnoissance se joignit à l'admiration. Cet arbre qui lui prodiguoit ses glands, cette onde claire où il se désalteroit, étoient des bienfaiteurs qui rendoient sa vie heureuse; sans eux il ne pouvoit subsister, mais quel besoin avoient-ils de lui? En effet sans les lumières qui nous apprennent combien la raison seule est supérieure à toutes ces parties nécessaires d'un systême intelligent, chacune d'elles est audessus de l'homme. Mais privé de ces lumières, le sauvage leur accorda à chacune la vie et la puissance. Il se prosterna devant son ouvrage.

sont.

LXVIII. Les idées du sauvage sont uniques, Ses idées parcequ'elles sont simples. Remarquer les quali- uniques. tés différentes des objets, observer celles qui leur sont communes, et de cette ressemblance former une idée abstraite, qui représente le genre, sans être l'image d'aucun objet particulier; sont les

ouvrages

Génération

et hiérarchie des

dieux.

Dieux de la vie hu

maine.

Des gens, qui croyoient à l'éternité de la matière, ne pouvoient guères aller plus loin.*

LXXI. Jupiter, le Dieu de la mer et le noir Pluton étoient frères. Toutes les branches de leur postérité s'étendoient à l'infini, et renfermoient toute la nature. Telle étoit la mythologie des anciens. Pour des hommes grossiers, l'idée de génération étoit plus naturelle que celle de création. Elle étoit plus aisée à saisir, elle supposoit moins de puissance, on y étoit conduit par des liaisons sensibles; mais aussi cette génération les menoit à établir une hiérarchie, dont ces êtres libres mais bornés ne pouvoient pas se passer. Les trois grands Dieux exerçoient une puissance paternelle sur leurs enfans, habitans de la terre, des airs, et des mers; et la primogéniture de Jupiter lui donnoit une supériorité sur ses frères, qui lui mérita le titre de roi des dieux, et de père des hommes. Mais ce roi, ce père suprême, étoit trop borné à tous égards, pour nous permettre de faire honneur aux Grecs de la croyance d'un être suprême.

LXXII. Ce systême, tout mal construit qu'il étoit, rendoit raison de tous les effets de la nature. Mais le monde moral, l'homme, son sort, et ses actions étoient sans divinités. L'éther ou la terre y

Le culte du soleil a été connu de tous les peuples. Je dirai ce qui m'en paroît la raison. C'est peut-être le seul objet de l'univers à la fois sensible et unique. Sensible à tous les peuples, de la manière la plus brillante et la plus bienfaisante, il enlevoit leurs hommages. Unique et indivisible, les raisonneurs qui n'étoient pas trop difficiles trouvcient en lui tous les grands traits de la divinité.

eût

d'hui, ne sont l'un et l'autre que ce tyran furieux, qui soulève les flots de la mer Adriatique.*

combinai.

sons.

LXX. Plus on s'exerce à penser, plus on fait Suite de ses de combinaisons. Deux genres sont différens à quelques égards, ils se ressemblent à d'autres : ils sont destinés au même usage, ils font partie du même élément. La fontaine devient rivière, la rivière se perd dans la mer. Cette mer fait partie du vaste océan qui embrasse toute l'étendue de la terre, et la terre elle-même renferme dans son sein tout ce qui subsiste par un principe de végétation. A mesure que les nations se sont éclairées, leur idolâtrie a dû se raffiner. Elles ont mieux senti combien l'univers est gouverné par des loix générales; elles se sont plus rapprochées de l'unité d'une cause efficiente. Jamais les Grecs n'ont su simplifier leurs idées au delà de l'eau, de la terre et du ciel, qui, sous les noms de Jupiter, de Neptune, et de Pluton, contenoient et régissoient toutes choses. Mais les Egyptiens, d'un génie plus propre aux spéculations abstraites, formèrent enfin leur Osiris le premier des Dieux, le principe intelligent, qui agissoit sans cesse sur le principe matériel, connu sous le nom d'Isis sa femme et sa sœur.

Hor. Carm. L. iii. Od. 3.

Neque Auster

Dux inquieti turbidus Adriæ."

+ Remarquez que cet Osiris et sa sœur étoient les plus jeunes des dieux. Il avoit fallu aux Egyptiens un grand nombre de siècles pour parvenir à cette simplicité. (1)

(1) Diodore de Sicile, L. i. c. 8.

VOL. IV.

Des

Génération

et hiérarchie des

dieux.

Dieux de la vie humaine.

Des gens, qui croyoient à l'éternité de la matière, ne pouvoient guères aller plus loin.*

LXXI. Jupiter, le Dieu de la mer et le noir Pluton étoient frères. Toutes les branches de leur postérité s'étendoient à l'infini, et renfermoient toute la nature. Telle étoit la mythologie des anciens. Pour des hommes grossiers, l'idée de génération étoit plus naturelle que celle de création. Elle étoit plus aisée à saisir, elle supposoit moins de puissance, on y étoit conduit par des liaisons sensibles; mais aussi cette génération les menoit à établir une hiérarchie, dont ces êtres libres mais bornés ne pouvoient pas se passer. Les trois grands Dieux exerçoient une puissance paternelle sur leurs enfans, habitans de la terre, des airs, et des mers; et la primogéniture de Jupiter lui donnoit une supériorité sur ses frères, qui lui mérita le titre de roi des dieux, et de père des hommes. Mais ce roi, ce père suprême, étoit trop borné à tous égards, pour nous permettre de faire honneur aux Grecs de la croyance d'un être suprême.

LXXII. Ce système, tout mal construit qu'il étoit, rendoit raison de tous les effets de la nature. Mais le monde moral, l'homme, son sort, et ses actions étoient sans divinités. L'éther ou la terre y

⚫ Le culte du soleil a été connu de tous les peuples. Je dirai ce qui m'en paroît la raison. C'est peut-être le seul objet de l'univers à la fois sensible et unique. Sensible à tous les peuples, de la manière la plus brillante et la plus bienfaisante, il enlevoit leurs hommages. Unique et indivisible, les raisonneurs qui n'étoient pas trop difficiles trouvcient en lui tous les grands traits de la divinité.

eût

« 前へ次へ »