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OCTOBRE 1806.

qu'elle avait données l'an dernier, et dont je présen

perçu. En quelques jours, la classe mettra sous les DE

public, dans une des salles de ce palais, une partie des avans
d'émulation des pensionnaire de l'école de Rome:
envoi précieux, et trop différé, nous est enfin parvenu
Il est composé, pour la peinture, d'une étude
(d'une proportion plus forte que nature), par M. Gaudar
représentant Roland qui arrache l'arbre sur lequel sont écrits
les noms d'Angélica et de Médor; d'une composition lavée
au bistre, par le même, représentant Ulysse de retour à
Ithaque; de onze études faites au Vatican, d'après Raphaël,
encore par le même pensionnaire.

L'on verra de M. Ilonnet un Athlète vainqueur (aussi de proportion plus grande que nature), et un tableau représentant la reine de Candaule au bain; une copie de la Vierge au Chardonneret, d'après Raphaël. Ce dernier tableau est l'ouvrage d'émulation exigé des pensionnaires pendant leur quatrième année de séjour à Rome; il appartient au Gouvernement, ainsi que le tableau original que les mêmes pensionnaires doivent exécuter pendant leur cinquième année. Des circonstances ayant empêché MM. Hounet et Guérin d'acquilter cette obligation, qu'eux-mêmes regardent comme sacrée, ils ont obtenu un délai que le talent de l'un et de l'autre compensera avantageusement. Ces deux tableaux doivent être regardés comme faisant partie des travaux d'émulation de l'année.

Nous aurions dû recevoir en même temps un tableau de feu M. Harriet, peintre d'une grande espérance; mais M. le directeur de l'Ecole a vu dans la grandeur de cet ouvrage un obstacle que nous regrettons qu'il n'ait pas tâché de surmonter. L'envoi en est ajourné avec celui des travaux de sculpture que la difficulté des transports retient à Rome depuis long-temps. Il est facheux que la classe ne puisse pas en faire jouir le public, et qu'elle-même ne puisse pas juger des progrès qu'ont faits les pensionnaires sculpteurs. Ce qu'attestent les comptes rendus par M. le directeur de l'Ecole, c'est qu'il y a eu une constance de zèle et une ardeur d'émulation remarquables dans MM. les pensionnaires sculpteurs. Deux d'entre eux, MM. Callamar et Dupaty, ont obtenu de Son Exc. le mi nistre de l'intérieur une année de prolongation de pension, qui permet au premier de terminer une statue en marbre, de l'Innocence, et au second d'entreprendre l'exécution, aussi en marbre, d'une statue de Philoctete, en même temps qu'il prépare une Etude de grandeur naturelle, représentant une Vénus céleste.

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M. Marin n'ayant pas pu, faute de marbre, exécuter la copie d'une statue antique que les pensionnaires sculpteurs doivent faire pour le Gouvernement, pendant leur cinquième année, a produit des ouvrages d'une petite dimension.

M. Milhomme travaille au marbre desa Psyché qu'il exposa l'année dernière, et au modèle de la statue de Ganymede enlevé par l'aigle de Jupiter.

Enfin, M. Egenviller, le dernier des pensionnaires sculpteurs arrivé à Rome, termine le modèle d'un Mercure, de grandeur naturelle.

Les architectes se sont distingués par des travaux importans. Les règlemens de l'Ecole leur imposent l'obligation de faire pendant les deux dernières années de leur séjour à Rome : 1o. la restauration d'un édifice ou monument antique; 2°. un projet de monument ou d'édifice de leur invention, applicable à la France. Ces pensionnaires ont rempli ce devoir avec

zèle et succès.

M. Dubut a choisi la restauration du temple de la Pudicité patricienne, à Rome. Il en a présenté les vestiges tels qu'ils se trouvent maintenant engagés dans les constructions modernes, ensuite le plan, dégagé de ces constructions, avec l'élévation, la coupe et les détails. Pour projet d'invention, il a composé celui d'une bibliothèque publique.

M. Coussin a donné la restauration du petit temple corinthien, de forme circulaire, connu sous le nom de Temple de Vesta, à Rome. Il a fait pratiquer, au pied de cet édifice, des fouilles qui lui ont permis de voir et d'en mesurer le stylobate, resté enseveli jusqu'a ce jour. Il a fait, de son invention, un projet de thermes, à l'intar de ceux des anciens.

Le mausolée de Cécilia Metella, dont les ruines si pittoresques sont un des ornemens les plus piquans de la voie Appienne, a été l'objet des études de M. Grandjean, qui a pu reconnoître, au moyen d'excavations dirigées avec intelligence, toutes les parties inférieures de ce monument et en former une restauration beaucoup plus complète que toutes celles tentées jusqu'ici. M. Grandjean a donné en outre tous les détails du forum de Nerva, à Rome, et de l'arc de Trajan, à Bénévent. Le projet d'invention qu'il a composé est un forum ou place publique, autour de laquelle sont distribués les hôtels des ministres et des principales autorités du gou

Vernement.

M. Clémence a composé, pour travail de sa cinquième année, un projet de caserne, avec plan, coupe et élévation. L'un des monumens les plus imposins de l'antique magnificence romaine, le seul peut-être où la grandeur de l'ensemble

se trouve réunie à la beauté des détails et à l'exécution la plus exquise, le temple de Mars vengeur, a fixé l'attention de M. Gasse. Il en a fait plusieurs dessins dans lesquels ce monu ment, ainsi que le forum d'Auguste où il a été érigé, se trouvent représentés dans leurs différens états et avec tous leurs détails. Le même artiste a fait, pour projet d'invention, les plans et coupes d'un Musée de sculpture.

Le fruit immédiat de ces divers travaux des pensionnaires architectes est de former une suite de projets qui pourront y servir à marquer la marche de l'art et le progrès des études; de composer une suite de monumens et d'édifices antiques, mesurés et dessinés soigneusement. Cette double collection recueillie, mise en ordre et publiée par la classe des BeauxArts de l'Institut, avec ses observations, pourra présenter un cours complet des antiquités d'Italie, dans lequel ces monu→ mens seront décrits avec beaucoup plus d'exactitude et de développement qu'ils ne l'auront été jusqu'alors.

Mais un autre avantage plus grand encore de cette nouvelle 'direction donnée par la classe aux études des pensionnaires architectes, c'est de créer une pépinière d'artistes aussi profondément instruits dans la pratique que dans la théorie, et capable de diriger l'exécution des vastes projets du gouver

nement.

Déjà le public peut apercevoir des effets heureux de cest études; car à peine les jeunes artistes que nous venons de citer ont-ils fini leurs cinq années à l'Ecole de Rome, et déjà plusieurs d'entr'eux se signalent en publiant des ouvrages intéressans sur leur art. M. Dubut a donné, et continue avec succès, un recueil de maisons de ville et de campagne de toutes les formes, propres à être élevées sur des terrains de différentes grandeurs. MM. Grandjean et Famin se sont réunis pour publier un ouvrage intitulé: Architecture toscane, lequel contient les palais, maisons et édifices remarquables de cette terre classique, le berceau des arts modernes.

M. Gasse prépare une description de la ville antique de Pompéïa dont il a levé tous les plans et les détails avec la précision scrupuleuse que desiroient depuis long-temps les artistes et les antiquaires.

Tels sont les résultats qu'offre,cette année, l'Ecole de France, à Rome, et dont les détails sont contenus dans le compte annuel que le directeur de cet établissement rend à la classe avec autant de zèle que de fidélité. Tels sont les effets des moyens d'instruction offerts aux arts, et de l'utile munificence de S. M. l'EMPEREUR et Ror envers l'Ecole de Rome.

La gravure et la musique n'ayant point eu de pensionnaires

à Rome, cette année, n'ont point fourni leur contingent de travaux. Il enrichira le tableau de l'an prochain: car cette lacune est déjà réparée en partie, et elle le sera bientôt complétement.

Dans l'Ecole de Paris, la classe des beaux-arts a donné aux élèves sculpteurs un moyen d'émulation que nous annonçâmes l'an dernier comme un présage heureux, et dont nous avons déjà senti la réalité cette année : en décidant que le concours pour le grand prix de sculpture seroit une figure de ronde bosse, d'un mètre de proportion, au lieu d'un basrelief, nous avons obligé les artistes qui se proposoient de concourir, à étudier l'art plus en grand, plus d'après nature; et la classe a reconnu avec satisfaction le fruit de leurs études, un progrès sensible dans leur talent.

La classe s'est persuadée aussi qu'elle feroit un travail utile, si elle déterminoit les acceptions des mots usités dans les beaux-arts, et elle s'est livrée avec beaucoup de zèle à la formation d'une espèce de dictionnaire des termes techniques ou usuels. Il y en a beaucoup qui n'ont aucun de ces rapports d'analogie, d'étymologie, de composition ou de décomposition, qui peuvent faire connoître d'où ils dérivent, ni ce qu'ils signifient; cependant ils ont un sens déterminé et un droit de possession dans la langue des arts. C'est à la classe chargée de la confection du dictionnaire de la langue usuelle, qu'il appartiendra de choisir ceux qui pourront mériter d'y être admis; mais ceux même qu'elle rejetteroit, ont leur sens qu'il est utile de déterminer. Tel est le but que s'est proposé la classe des beaux-arts; dans le cours de l'année, elle a discuté environ la moitié des mots de la lettre A. Ceux des membres qui ont soumis le plus d'articles à la discussion, sont MM. Vincent, Taunay, Dufourni, Heurtier, et M. Framery, corres→ pondant, qui, depuis que la classe se l'est attaché, prend part à ses travaux avec zèle, constance, talent, et qui se contente de notre estime pour prix de son dévouement aux arts.

La première question que doivent faire ceux qui se livrent à la profession des arts, et même ceux qui ne desirent que les connoître, pour en jouir mieux, c'est de demander quelle est la bonne route à suivre, et quelles sont les mauvaises? Quels sont les caractères du bon, et ce qui constitue le mauvais et le médiocre ? Il n'appartenoit qu'à un artiste en France de par-ler en législateur sur cette matière; c'étoit au restaurateur de l'école française, à M. Vien, et il a eu le zéle de l'entreprendre. Les arts lui auront cette obligation de plus. L'un des disciples qui honore le plus son école, M. Vincent, vous offrira dans cette séance un extrait des sages observations de son maître.

M. Quatremerre de Quincy, membre de la classe d'histoire et de littérature ancienne, et qui appartient aussi à la classe des beaux-arts, du moins par ses goûts, ses connoissances relatives, et par l'estime qu'on y fait de son savoir, nous a lu une dissertation qui offre un autre genre d'intérêt. Comme le Mémoire de M. Vien, elle à rempli deux de nos séances. L'auteur s'y propose de démêler et de déterminer plusieurs causes qui ont une influence générale sur les arts.

Sa dissertation a pour titre : Considerations morales sur les ouvrages de l'art, dans leur rapport avec leur destination et leur emploi ; ou de l'Influence des causes morales, accessoires ou locales sur la production de ces ouvrages, sur la manière de les estimer et sur les impressions que l'on en reçoit.

M. Ponce, membre de plusieurs Sociétes littéraires, est venu aussi apporter à la classe un tribut qui l'a beaucoup intéressée : ce sont des observations sur le beau idéal, considéré sous le rapport des arts du dessin. Cette dissertation ayant été publiée, ne peut trouver place ici que pour être recommandée à l'attention.

Notre correspondance a en, cette année, un aliment qui semble à peine tenir aux arts, mais qui peut fournir beau coup de substance d'instruction. Dans le compte de nos travaux de l'an XII, nous annonçâmes l'intérêt que la classe des beaux-arts avoit pris aux recherches de M. Louis Petit-Radel, sur les constructions de monumens militaires de l'antiquité. Cet objet de recherches, comme beaucoup d'autres, appelle la réunion de connoissances si diverses, que deux des classes de l'Institut ont trouvé matière à s'en occuper : la classe d'histoire et des langues anciennes, pour méditer si les preuves sur lesquelles reposent les aperçus nouveaux et vastes qu'ouvre M. Petit-Radel sont historiquement fondées, et la classe des beaux-arts, pour connoître et juger les caractères d'un genre d'architecture antérieur à toutes les époques de l'art.

En l'an 12, la classe des beaux-arts fit imprimer, et elle a fait répandre depuis dans l'Europe savante, une série de questions et de demandes d'éclaircissemens qui commencent à présenter des résultats dignes d'être annoncés. C'est à nos savans confrères de la classe d'histoire et des antiquités qu'il appartiendra d'examiner et de juger la plus grande partie de ces résultats. Nous ne réclamons que le plaisir de les avoir provoqués, et quelques connoissances pour l'histoire de l'architecture antique.

Je me bornerai donc à une simple annonce des diverses correspondances: celles qui promettent, et qui déjà ont fourni le plus de renseignemens intéressans, sont dues au ministère

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