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IMPRIMERIE F. RAMBOZ ET Cie, RUE DE L'HÔTEL-DE-VILLE, 78.

UNIVERSELLE

DE GENÈVE.

He série

TOME VINGT-QUATRIÈME.

GENÈVE

JOEL CHERBULIEZ, LIBRAIRE, RUE DE LA CITÉ.

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PFr 129.1.2

HARVAR

COL

OLLEGS

7 1893

LIBRARY

Minot fund.

BIBLIOTHÈQUE UNIVERSELLE

DE GENÈVE.

POEMES DES BARDES BRETONS
DU SIXIÈME SIÈCLE

TRADUITS POUR LA PREMIÈRE fois, avec le TEXTE EN REGARD REVU SUR
LES PLUS ANCIENS MANUSCRITS,

par

TH. HERSART DE LA VILLEMARQUÉ.

Paris, Jules Renouard, 1 vol. in-8°.

Il y a maintenant cinquante ans qu'Owen Jones de Myvyr, dans le comté de Denbigh, enflammé d'un amour tout patriotique pour les vieux souvenirs des bardes de son pays natal, consacra toutes ses modiques ressources à la publication des anciens manuscrits qui les renfermaient. De 1801 à 1807, il fit paraître, sous le titre d'Archaiology of Wales, trois volumes de poésies galloises de différents âges, de chroniques historiques, de textes de lois, de légendes des saints, d'aphorismes bardiques de diverse nature, et de proverbes populaires.

Le premier volume surtout était bien propre à piquer la curiosité des savants, car il contenait des poëmes attribués, par des traditions unanimes, à des bardes du sixième siècle, dont les noms avaient traversé les âges; à Taliesin, Aneurin, Llywarch Hen, Myrddin, etc. Mais les

savants s'occupaient peu du gallois, et tout ce qui se rapportait aux monuments originaux des races celtiques de l'Angleterre, de l'Ecosse et de l'Irlande, était frappé de suspicion, ou rejeté sans examen comme apocryphe. Les préjugés nationaux élevaient encore une barrière insurmontable entre les Saxons et les Celtes; et l'ancienne oppression des vainqueurs s'étaient changée en une tyrannie morale aussi brutale et outrecuidante que celle de la conquête. Aux yeux des Anglais, toute prétention des Gallois, des Gaëls ou des Irlandais, à la possession d'une poésie originale, ou de traditions historiques de quelque valeur, ne pouvait être qu'absurde et ridicule. Par l'effet d'une réaction naturelle, les descendants des races aborigènes répondaient à cet aveugle et injuste mépris, en exaltant outre mesure la valeur des vénérables débris de leur antique culture. Ainsi, d'une part, ceux qui auraient pu porter la lumière d'une critique impartiale dans les obscurités de la littérature celtique, continuèrent à l'ignorer, et même à lui contester l'existence; de l'autre, les celtomanes indigènes travaillèrent, par leurs exagérations et leurs systèmes plus ou moins absurdes, à éloigner de plus en plus les bons esprits d'une étude qui semblait ne conduire qu'à des chimères. Il faut citer cependant, comme une honorable exception, le savant historien Sharon Turner qui, déjà en 1803, réussit pleinement, par les arguments de la plus saine critique, à revendiquer l'authenticité des poëmes bardiques du sixième siècle.

Le principal obstacle toutefois à une appréciation raisonnée et équitable des anciens poëmes gallois, c'était la langue. L'Archaiology of Wales d'Owen Jones, ne contenait absolument que des textes originaux, sans

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