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Et le miroir de ton intelligence

Réfléchira ses mobiles hasards.

Vois l'industrie y verser l'abondance;
Vois-y régner nos Poussins, nos Mansards;
Suis au barreau, suis aux bancs du théâtre
Un peuple entier des talens idolâtre;
Vois se former les jardins, les remparts,
Où brilleront les modes et les arts:
Ce monde-là, spectacle pour le sage,
Moins criminel, moins trompeur que volage,
Pourra t'offrir quelques amis constans,
Peut-être encor l'aspect d'un bon ménage.
C'en est assez ses défauts sont du temps.
S'il n'est parfait, toi, l'es-tu davantage?
Pardonne-lui; prends part à ses plaisirs;
Et si, plus tard, gagnant ton ermitage,
Tu rentres seul rêver en tes loisirs,
Les doux pensers berceront ton vieil âge.

De mes chagrins soigneux de me guérir,
J'en use ainsi le monde m'intéresse ;
La langueur pèse à qui fuit son ivresse.
Je suis sa pente afin de moins souffrir;
Je m'y complais; j'y cherche une allégresse
Dont l'erreur flatte et ravisse mes sens.
Les chants, les ris, les mots divertissans,
Un chien qui jappe, un cercle qui babille,

Le jeu coquet des belles, et les tours
De ces enfans que l'on appelle amours,
Un roi qui passe, un charlatan qui brille,
Je m'en amuse; oui, la moindre vétille,
Les vains tréteaux, la gloire et les tambours:
Tout me distrait; et, ma mélancolie
De cent jouets empruntant le secours,
Pour mon repos je m'évite, et m'oublie.

Combats, Chénier, dans la foule où je cours,
Les souvenirs dont l'ame est assaillie;

C'est un tourment de méditer toujours;
Pour vivre en paix, vivre seul est folie.

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CONTES.

LE MAITRE ITALIEN.

NOUVELLE.

1802.

Aux environs des mers de Germanie,
Tout près de l'Elbe, et non loin de Hambourg,
Se trouve un lieu qu'on nomme Lunébourg,
Cité fameuse, et berceau du génie.
C'était le tems où nos preux chevaliers
Couraient cherchant des murs hospitaliers
Loin de la France et loin de leur famille,
Depuis le jour, à jamais détesté,
Qui détruisit la saine liberté,

En renversant les murs de la Bastille.
Comme il faut vivre, aucuns étaient lecteurs,
Instituteurs, auteurs, prédicateurs;

Aucuns montraient le chant à quelque belle, Aucuns la danse, aucuns Polichinelle.

M'est-il permis, entre tant de héros,

D'en choisir un, dont je dirai deux mots?

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