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système de tyrannie qui a prévalu depuis ce grand prince; mais très défectueuse, si on la compare à l'ordre de choses qu'il convient d'établir en France à la fin du dix-huitième siècle. Pour fonder une constitution, il ne s'agit point de remonter à telle ou telle époque, mais aux principes du droit naturel qui existaient avant toutes les époques. Un ministre, qui ne passait pas précisément pour un insensé, vient d'écrire, dans une brochure adressée au roi, que d'autres faiseurs de brochures, après avoir poussé la témérité jusqu'aux plus grands excês, ont fini par remonter aux principes du droit naturel. Ce ministre a écrit au milieu de Londres : ce qui doit fort étonner; mais ce qui doit étonner encore davantage, c'est que sa lettre n'est point datée de Bedlam.

Page 304, vers 22 et suivans.

De ce roi fortuné les enfans malheureux

Laissèrent tomber l'édifice

Construit par ses soins généreux.

On peut voir dans l'excellent ouvrage de l'abbé de Mably, sur l'histoire de France, comment l'indolence ou la tyrannie des successeurs de Charlemagne, comment les usurpations du clergé, de la noblesse et des différens corps, ont anéanti par degrés la constitution française. Je ne laisserai point échapper cette occasion de rendre hommage à ce profond politique, dont la réputation s'accroît de jour en jour, à mesure que la nation se lasse de l'esclavage. La perte d'un tel homme doit être vivement sentie par tous les bons citoyens. Il manque la patrie dans les circonstances présentes. L'abbé de Mably pensait qu'une bonne constitution politique ne pouvait avoir d'autres fondemens que le droit naturel. L'auteur du Contrat Social était du même avis. C'est bien dommage qu'ils n'eussent pas étudié la politique sous M. de Calonne.

à

Page 306, vers 7.

Brigands toujours vendus aux brigands couronnés.

Les rois qui vont porter le fer et la flamme chez les nations qui ne les attaquent point méritent le nom de brigands: c'est une vérité ancienne et très reconnue. Mais quel nom méritent les rois qui se servent de la puissance militaire pour opprimer leur propre nation? La puissance militaire est un point sur lequel un peuple qui s'assemble ne saurait trop réfléchir. On n'est pas sûr d'avoir toujours sur le trône des Louis XII et des Louis XVI. Il faut songer qu'après notre bon Henri IV nous avons eu pour roi le cardinal de Richelieu. Il est essentiel de prendre ses précautions.

Page 306, vers 18 et suivans.

Ni le délire frénétique

De ce peuple de la Baltique

Par un choix solennel esclave de ses rois.

La nation danoise, assemblée en 1660, a donné un exemple unique jusqu'alors dans les annales du monde. Elle a conféré à son roi la puissance législative et la puissance exécutive dans leur plus grande étendue; de sorte que l'on peut dire que l'esclavage est légal en Danemarck. Pour l'honneur de l'humanité, il faut espérer que cet exemple sera toujours unique.

VARIANTES

POUR LES NOTES SUR L'ODE SUR L'ASSEMBLÉE NATIONAle.

Page 309, vers 13 et suivans.

Et déja, depuis cent années,
Dans ses campagnes fortunées

L'abondance a fleuri sous l'ombrage des lois.

Après la fuite de Jacques II, la nation anglaise assemblée donna, comme on sait, le trône d'Angleterre à Guillaume, prince d'Orange. C'est de 1688 que date la liberté anglaise. Avant cette époque, les Anglais étaient aussi esclaves que la plupart des autres nations de l'Europe.

HERMANN ET THUSNELDA.

TRADUCTION DE KLOPSTOCK.

1790.

000

THUSNELDA.

COUVERT de sang romain, de sueur, de poussière, Il revient des combats sanglans:

Jamais les traits d'Hermann ne furent si brillans; Et jamais si vive lumière

Ne jaillit de ses yeux brûlans.

Viens, donne cette épée; elle est encor fumante: Varus a reçu le trépas.

Respire, et viens goûter le repos dans mes bras, Sur la bouche de ton amante,

Loin du tonnerre des combats.

Hermann, repose-toi; que sur ton front j'essuie
Ton sang et ta noble sueur.

Comme il brûle, ton front! de Rome heureux vainqueur,
Non jamais Thusnelda ravie

Ne sentit pour toi cette ardeur!

Non pas même le jour où, sous un chêne antique,
Hermann, par l'amour emporté,

Fuyante me saisit de son bras indompté.
J'observai son œil héroïque,

Et j'y vis l'immortalité.

C'est ton bien désormais. O Germains! plus d'alarmes,
Germains dont Hermann est l'appui!

Honte au divin Auguste! il s'abreuve aujourd'hui
D'un nectar mêlé de ses larmes;

Hermann est plus divin que lui.

HERMANN.

Laisse là mes cheveux: vois, pâle et sans lumière,
Mon père étendu devant nous.

César, s'il eût osé s'offrir à mon courroux,
Serait ici dans la poussière,

Plus pâle, et plus couvert de coups!

THUSNELDA.

Que tes cheveux, Hermann, en boucles menaçantes, Ombragent ton front glorieux!

Ce corps n'est plus Sigmar : ton père est dans les cieux; Sèche tes larmes impuissantes;

Tu le reverras chez les dieux.

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