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ver deux choses: Que les écrivains du siècle d'Auguste appelloient les Parthes, alors maîtres de l'orient, du nom de Perses, et que ces mêmes Perses faisoient quelquefois des incursions jusqu'au Nil et en Ægypte.

il

(1) Horat. Od. Od. v. 22. v. 15. v. 23.

1. i. Od. 2. 1. i.

1. iv. Od. 15.

P. 501.

I. Le premier point saute aux yeux à quiconque a quelque lecture des auteurs de ce beau siècle. Tous les passages d'Horace, (1) où parle des Perses comme d'un ennemi formidable à l'empire qu'il les compte avec les Bretons, &c. ne peuvent s'entendre que des Parthes, dont l'empire avoit pris la place de celui des Perses éteint depuis Alexandre. Les véritables Persans du tems d'Auguste, bien loin d'être conquérans, étoient esclaves. Rétrécis dans leurs anciennes limites ils avoient bien conservé une espèce de roi, mais ce roi n'étoit au fonds qu'un satrape tributaire et sujet du grand roi des Parthes. (2) Cette (2) Strab. 1. xv. méprise étoit facile à faire; les mœurs, le gouvernement, la religion des deux peuples avoient beaucoup de rapport, et un empereur Romain, qui avoit eu des avantages sur les vainqueurs de Crassus, étoit charmé, qu'on les appellât Perses, pour pouvoir lui-même être comparé à Alexandre que plusieurs empereurs admiroient et copioient particulièrement. (3) Ce n'est donc faire aucune violence aux paroles de Virgile, (3) Les Césars de les entendre des Parthes. L'épithète pharetrata nous y conduit na- duits par M. de Spanheim. turellement. Personne n'ignore l'habileté des Parthes à se servir de l'arc. p. 126. Rem. II. Mais faisoient-ils quelquefois des incursions jusqu'en Egypte? Souvent après la mort de Crassus, vingt-cinq ans avant Virgile, ils passèrent l'Euphrate, ravagèrent toute la Syrie, (4) mirent le siège devant (4) V. le xv. Antioche, et n'épargnèrent pas vraisemblablement les frontières de tres de Cicéron l'Egypte qui étoient sans défence, et qui se remettoit à peine de ses guerres civiles.(5) Une douzaine d'années après, le roi Orodes envoya son fils Pacore* en deça de l'Euphrate avec une grande armée, lui ordonnant de porter la guerre en Syrie et jusqu'aux portes d'Alexandrie. (6) Pacore exécuta ses ordres, conquit la Syrie, et ne s'en tint pas là, car p. 156. Justin. après avoir ravagé la Palestine, (7) "Emanabat latius malum," dit Flo- (7) Joseph.

* Jam bis Monæses, et Pacori manus
Non auspicatos contudit impetus

Nostros, et adjecisse prædam

Torquibus exiguis renidet.

HORAT. Od. 1. iii. Od. 6. c. 9.

de Julien. tra

404. Sueton. in

Jul. c. 7. Idem,

in August. c. 18.

Livres des Epi

ad Familiares,

Justin. 1. xlii. c.

(5) V. Prideaux

à l'an 55.

(6) Appian in

Bell. Parth.

ubi supra.

Antiq. Jud.

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(1) Flor. l. iv.

rus. (1) L'Egypte devoit assez se ressentir de ces maux pour que la désignation du poëte ne renfermât point d'obscurité.

Voici mon idée sur ce passage, peut-être est-elle aussi défectueuse qu'aucune de celles que j'ai examinés. Mais dans ces sortes de recherches ce n'est qu'en tout tentant, qu'on parvient à quelque chose d'un peu assuré.

(1) Cicero. pro Sullâ, c. 14.

Epist. ad Fam. 1. iv. Ep. 13. (2) Serv. ad Virgil. 1. x. v. 175.

Lausanne, 10 Novembre, 1757.

REMARQUES SUR QUELQUES PRODIGES.

Le philosophe ouvre les yeux. Il considère la terre et ses habitans. Il croit voir un palais bâti par les mains des fées. Partout il ne voit que des prodiges, les histoires en sont pleines,

*.

*

Tantôt c'est un dogme obscur prouvé par un miracle puérile; tantôt c'est le ciel qui ordonne le massacre des mécréans, ou qui prône avec éclat les vertus d'un tyran. Le philosophe dépouille ces prodiges de ce qu'ils peuvent avoir d'imposant pour les considérer en eux-mêmes. Aussitôt les fantômes s'évanouissent. Il n'apperçoit plus que de tristes vestiges de la politique des grands, de la crédulité des petits, de l'adulation des historiens, et de l'imposture des prêtres.

L'examen de deux événemens miraculeux tirés d'un historien aussi exact que peu élégant, servira de preuve à ces réflexions. Nous verrons que de pareilles recherches produiront l'incrédulité, mais une incrédulité sage et éclairée, dont plus d'un saint et plus d'un père de l'église auroit souvent eu besoin.

I. Un jour qu'on agitoit en sénat l'affaire de la conjuration de Catilina, Octavius, père d'Auguste, y arriva un peu tard. Nigidius Figulus, ami de Cicéron, (1) et comme lui politique et savant, (2) lui demanda la raison de son délai. Octave allégua sa femme qui venoit dans ce moment d'accoucher. Sur quoi Nigidius, ayant rêvé un moment, lui (3) Suet. l. ii. répondit: Votre femme vient de mettre au jour le maître de la terre. (3)

c. 94.

1

On

On sait de quelle façon Auguste remplit sa destinée. Voilà un édifice pompeux, faisons-le disparoître. Nous y réussirons précisément à l'aide de ces circonstances de tems et de lieu qui sembloient en assurer la durée.

par

c. 5.

(2) Middleton's Life of Cicero, vol. i. p. 185. Ciceron. Hist.

cir Fabric, ad

par

Lorsqu'Octave vint en sénat le jour de la naissance de son fils, on y traitoit de l'affaire de Catilina. Or Auguste naquit le vingt-trois de Septembre sous le consulat de M. Tullius Cicero et de C. Antonius, A. U. C. Varron, 691. C'est une vérité si connue que je pourrois me dispenser de la prouver. (1) Cicéron prononça sa première Catilinaire (1) Suet... ii. en sénat, le 8 Novembre de la même année. (2) Il y dit que c'étoit le vingtième jour depuis que le sénat eût armé les mains des consuls le fameux décret," Darent operam consules, ne quid Respublica capiat detrementi." (3) On leur conféra donc ce pouvoir le 20 Octobre. Calcem. edit. Mais nous apprenons de Salluste, écrivain contemporain, que ce décret se passa immédiatement après la première indication que Cicéron fit de la conjuration au sénat. "Rem ad senatum refert jam antea volgi rumoribus exagitatam. Itaque quod plerumque in atroci negotio solet senatus decrevit, &c." (4) Comment dont le sénat pouvoit-il délibérer (4) Sallust. de la conjuration de Catilina le 23 Septembre de l'an 691, puisqu'il Bell..c.29. l'ignora lui-même jusqu'au 20 Octobre de la même année ?

Verbugg. p. 16.

(3) Cicero in

Catilin, c. 2.

Hist. Catil.

Leg. Manil.

viar. l. iii. c. 23.

Memorial.

p. 323. ad Calc.

Flori.

II. Q. Lutatius Catulus, (magnæ spes altera Romæ), (5) que Sulla (5) Cicero pro appelloit le meilleur citoyen de la République, et qui justifia ce titre c. 20. en repoussant les desseins séditieux de Lepidus, (6) après avoir dédié (6) Sallust. Fragm. Hist. le temple de Jupiter Capitolin eut deux songes remarquables. Il crut 1. i. Flori Brevoir dans le premier ce Dieu qui remettoit dans le sein d'un jeune gar- L. Ampel, Lil. çon “signum reipublicæ,"* et dans le second, voulant ôter. ce même garçon des bras de Jupiter, il reçut ordre de l'y laisser parceque la divinité l'élevoit pour être un jour le protecteur de la république. (7) Le lendemain il vit Auguste alors enfant, et qui ne lui étoit pas connu. Il c. 94. le reconnut pour être celui qu'il avoit vu en songe. Suivant d'autres relations, il avoit vu une troupe d'enfans qui demandoit à Jupiter un de leur bande pour la gouverner. Il leur indiqua le jeune Auguste. Cette fable, encore plus éblouissante que la première, ne soutiendra pas mieux l'épreuve de l'examen.

Je ne le traduis pas, parcequ'on ne sait pas bien ce que c'est. Torrentius et Casaubon sont d'un avis différent là-dessus.

Lorsque

(7) Sueton. 1. ii,

(1) Cicero in
Verrem. 1. iv. c.
31. T. Livii
Epitom. 1.
xcviii.

Lorsque Suétone nous dit que Catulus eut ses songes FC post dedicatum Capitolium," la bonne critique veut qu'on l'entende d'abord après cette consécration, le soir même qui la suivit, ou du moins les premiers jours après, pendant que la mémoire de cet événement étoit encore fraiche. Sans cela rien de plus vague et de moins détérminé que cette désignation du tems. Or Catulus consacra le Capitole A. U. C. Varr. 684, (1)* sept ans avant la naissance d'Auguste. Mais prenons ces paroles dans le sens le plus favorable, et supposons que Suétone n'a songé parler qu'à désigner le Catulus dont il vouloit parler pour être celui qui dédia le Capitole; en ce cas même nous ne manquerons pas de moyens pour réfuter cette fable. Catulus étoit déjà fort vieux (2) Sallust. Bell. l'année de la naissance d'Auguste, "extremâ ætate," dit Salluste. (2) Il étoit mort quand Cicéron défendit Sextius: car cet orateur, faisant le tableau d'un vrai citoyen, après avoir parlé de quelques autres, il dit, "Neve eorum aliquem qui vivunt nominem qualis nuper fuit Q. Catulus." (3) Or Cicéron prononça cette harangue A. U. C. Varron, 698. (4) D'un autre côté quand Catulus rencontra Auguste il avoit déjà pris la prætexta. (5) Anciennement les jeunes gens ne la portoient que depuis l'age de quatorze ans. (6) Cependant je veux bien supposer que l'on avance cette prise à proportion de celle de la robe virile; anMacrob. Saturn. ciennement on la prenoit à l'age de dix-sept ans. (7)

Catilin. c. 49.

(3) Cicero pro

Sextio, c. 47.

(4) Fabr. Cice

ron. Hist. p. 22.

(5) Sueton. loc.

citat.

(6) V. Pitisc. Lexicon. tom. iii. p. 163. sub voc. Prætexta.

1. i. c. 6.

(7) Middleton's à celui de seize (8) ou bien de quatorze ans. (9)

Life of Cicero,

(8) Sueton. I.ii.

Auguste la prit

Ainsi il prit la

tom. i. p. 13. prætexta étant agé de onze ou de treize ans, savoir en 702, ou en 704. On vient de voir que Catulus étoit mort plus de six ans Grævii in locum auparavant. supralaudatum.

c. 3.
(9) V. Notas

Puisqu'on détruit si facilement des événemens miraculeux supposés être arrivés dans un tems éclairé, rapportés par un historien très exact

* J'ai rencontré depuis un endroit de Suétone qui pourroit faire croire que le Capitole n'étoit pas encore achevé du tems de la préture de César A. U. C. 691. Le voici: "Primo præturæ die, Q. Catulum de refectione Capitolii ad disquisitionem populi (10) Sueton. in vocavit, rogatione promulgatâ quâ curationem eam in alium transferebat." (10) Que le lecteur pèse l'évidence qui résulte de ce passage avec celle qui nait du témoignage combiné de Cicéron et de Tite Live. Son choix ne sera pas difficile, mais quel qu'il soit il m'intéresse peu. Je fais voir dans un moment que Catulus n'étoit plus quand ee songe a dû avoir lieu.

Jul. Cæsar.c.15.

et

et voisin de ce tems-là, qu'en doit-on conclure de mille de leurs pareils nés au milieu de l'ignorance, enveloppés dans l'éloignement des tems, et adoptés par des légendaires?

C. 94.

J'avouerois franchement que je ne saurois venir à bout avec la même facilité d'une prophétie qui avoit cours parmi les Véliternes, concitoyens d'Auguste. Je souhaite que quelqu'autre puisse être plus heureux que moi. Le mur de leur ville avoit été touché de la foudre. Ils consultent les augures. On leur répond qu'il est annoncé par là, qu'ils doivent un jour donner un maître au monde. En conséquent de cette espérance ils soutinrent la guerre contre les Romains avec opiniâtreté, jusqu'à en être presque exterminés. Ils virent à la fin que la prédiction avoit regardé Auguste. (1) Je n'aurois point fait attention (1) Sueton. 1. ii. à cette prophétie, et je l'aurois rangé sur le champ parmi mille autres fables que la flatterie inventa pour relever la naissance et les vertus d'Auguste, si un passage singulier de Tite Live n'avoit pas frappé ma mémoire. Le voici : les Romains, après avoir subjugué les diverses cités de Latium, en agirent envers eux avec assez de douceur. Ils accordèrent même la bourgeoisie de leur ville à plusieurs d'entr'elles; mais ils distinguèrent ceux de Velitræ par une sévérité toute particulière. Ils divisèrent les terres des sénateurs à une colonie qu'ils y envoyèrent. Ils bannirent tous les citoyens de Velitræ de l'autre côté du Tibre, leur ordonnant d'y rester sous peine d'une grande amende, ou de la prison, pour quiconque contreviendroit à leurs ordres.† (2) Ce passage (2) Tit. Liv. en lui-même est singulier, et le devient bien davantage en le combinant avec celui de Suétone. 1. Cette obstination des Veliternes est tout à fait surprenante. Pourquoi cette petite ville de Latium s'est-elle distinguée à vouloir lutter contre les Romains plutôt que plusieurs autres de ses voisines plus puissantes qu'elle? L'étourderie d'une populace effrénée auroit bien pu produire une seule rebellion, mais pour rendre raison de si fréquentes récidives, on a besoin d'un principe répandu

* C. Suetonius étoit contemporain de Tacite, puisque Pline le jeune étoit ami de tous les deux. Or Tacite avoit vu des vieillards qui avoient assisté au jugement de Pison et qui par conséquent avoient vécu avec bien des personnes du siècle même d'Auguste. V. Tacit. Annal. iii. c. 16.

+ Tite Live ajouta qu'on les traita avec cette sévérité, " quod toties rebellassent," jusqu'à massacrer une colonie Romaine qu'on avoit envoyée chez eux,

1. viii. c. 14.

VOL. III.

3 F

parmi

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