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que le denier valoit dix as. Le quart du denier étoit donc de deux as et demi ou deux livres et demie de cuivre, voilà pourquoi on l'appelloit sestertius, ou sestertius nummus, ou simplement nummus. Il valut dans la suite quatre as, mais le nom subsista comme à l'ordinaire, plus longtems que la raison du nom. L'abus fut moins grand, comme c'étoit l'as qu'on avoit diminué et non le sesterce. On exprimoit un nombre de ces sesterces par le pluriel sestertii, ou bien par sestertium en sousentendant corpora ou capita.

.

III. Outre la livre pondérale des Romains, ils avoient une livre de compte qu'ils appelloient pondo. Pour n'avoir pas fait cette distinction Budéé s'est imaginé que la livre Romaine contenoit cent deniers. Le pondo les contenoit en effet, et son égalité avec la mine nous fait croire: que les Romains l'avoient composé pour rendre avec facilité les monnoies étrangères. Quand Plutarque parle du cartel établi dans la seconde guerre Punique, il fixe la rançon des prisonniers à deux cens cinquante drachmes ou deniers. Tite Live lui avoit appris qu'elle étoit deux pondo et demi d'argent. Ces deux pondo et demi faisoient en argent la libra sestertia, ou par excellence le sestertium. Comme il contenoit deux cens cinquante deniers, il étoit équivalent à mille sestertii, ou deux mille cinq cens livres de cuivre. Les Romains comptoient indifféremment par livres sesterces de cuivre et livres sesterces d'argent. Celle-ci valoit mille de celle-là. Le genre masculin distingue la première, nous reconnoissons la seconde au

neutre.

IV. Les mots sont relatifs aux idées, et les idées aux besoins. On a connu des sauvages qui ne pouvoient compter que jusqu'à vingt. Leur langue ne leur fournissoit point d'expressions pour les nombres plus grands, mais c'étoit parceque celui-là suffiroit pour la chasse, la pèche, et leur manière de faire la guerre. La première classe des Romains ne possédoit que cent mille as: aussi les idées et les expressions de ce peuple se bornoient à ce nombre. Lorsque devenu plus riche il parvint à connoître et à posséder des sommes bien au delà, il ne savoit les exprimer qu'en multipliant des cens mille par un autre nombre, auquel il donnoit une terminaison adverbiale; decies centena millia 'sestertium signifioit un million de sesterces.

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Il ne me reste que d'expliquer quelques marques et quelques abbréviations trop arbitraires pour se lier facilement avec ces principes. : I. LLS. II. HS H-S. sont les marques auxquelles nous reconnoissons le sestertius. Le sestertium est distingué dans les bons manuscrits par une ligne transversale, HS. Quand vous trouvez un nombre quelconque avec cette ligne, sousentendez cent mille: DC. HS. font sexcenties centena millia sestertium. Quand les nombres sont distingués dans plusieurs divisions, celle à la main droite signifie des nombres simples, la suivante des milliers, et la troisième autant de cent milles. II. Notre langue, qui veut la clarté, condamne les suppressions de mots que les Romains, qui cherchoient la brièveté, admettoient sans scrupule. Ici il y en avoit deux. On omettoit le mot sestertii, parcequ'ils ne comptoient presque que de cette manière. Ils supprimoient centena millia, dont les nombres excédens n'étoient que les multiplica tions. Cherchons un exemple un peu compliqué: LXII. LXXV. CCCC. est équivalent à bis et sexagies centena millia, septuaginta et quinque millia, quadringenti sestertium, ou à six millions deux cens soixante-quinze mille quatre eens sesterces.

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Le prodigue dissipe ses richesses, l'avare les enfouit, l'économe vit sans excéder le revenu de ses biens. C'est ce revenu que je veux exa miner. Celui qui met son argent au six pour cent, est une fois plus riche que celui qui n'en tire que le trois. Cependant le fonds de tous les deux est le même. Voyons donc quel pouvoit être le revenu et la dépense d'un Romain, car je me bornerai à ce peuple, qui possédoit une telle somme. Ce n'est pas que nous puissions jamais apprécier au juste leur capital. Nous voyons parmi nous qu'il n'y a rien de plus vague que ces évaluations. En gros celles de la république me paroissent plus forts que la vérité, celles du tems des empereurs, plus foibles. Tout chef de parti doit être riche: mais souvent l'opinion de sa richesse lui suffit. Quelques largesses et des promesses immenses éblouissent ses partisans, et parmi les hommes corrompus l'espoir agit

plus

plus puissamment que la reconnoissance. Mais sous les meilleurs princes les richesses étoient un motif de soupçon, sous les tyrans un arrêt de mort. On s'en cachoit alors comme d'un crime.

L'intérêt se payoit, parmi les Romains, tous les mois. Un pour cent par mois, ou douze pour cent par année étoient l'intérêt qu'ils appelloient centesima. Cet un par mois se divisoit en fractions. Au lieu de dire six pour cent, on disoit un demi pour cent, usuræ semisses, &c. Les tribuns Duillius et Menenius déterminèrent l'intérêt légitime à douze pour cent; c'étoit à l'an 398: mais on le réduisit bientôt à la moitié, et l'an 413 on l'abolit entièrement. Depuis ce tems l'usure demeuroit condamnée et pratiquée à Rome; et comme les mœurs suppléent quelquefois aux loix l'intérêt de six pour cent passoit pour honnête et modique, pendant qu'on prodiguoit le nom odieux d'usuriers, à ceux qui, ne se contentant pas de ce profit, bravoient l'infamie pour le gain. Cette défense du prêt sur usure ne s'étendoit point toutefois aux provinces. Cicéron et Pline m'apprennent que dans la Bithynie et la Cilicie l'intérêt au douze pour cent étoit permis par les arrêts des pro consuls et des empereurs. Cependant cette usure, toute forte qu'elle étoit, n'assouvissoit pas l'avarice Romaine. l'avarice Romaine. Brutus avoit prêté deux millions cinq cens mille sesterces à la ville de Salamine en Cypre à quarante-huit pour cent; et cette malheureuse cité se trouvant dans. l'impuissance de les payer, Scaptius, son fidèle émissaire, environna l'hôtel de ville d'un corps de cavalerie, et le tint assiégé jusqu'à faire périr de faim cinq de leurs sénateurs. Ce Stoïcien Brutus, qui assassina son bienfaiteur, le meilleur des maîtres, pour avoir osé gouverner une république qui ne pouvoit plus se gouverner elle-même, exerçoit sur les peuples le despotisme le plus dur et le plus injuste.

La grandeur de l'usure à Rome ne peut surprendre que ceux qui ne connoissent ni les hommes, ni les Romains. L'argent étoit englouti dans un petit nombre de mains. Ce peuple méprisoit le commerce, les revenus étoient affermis par des compagnies qui avoient un commun intérêt. Les dépouilles des provinces enrichissoient quelques familles. consulaires. Les esclaves des tyrans, monstres plus méprisables que les maltôtiers, et plus destructeurs que les conquérans, ne pouvoient souffrir des rivaux. Ainsi il y avoit peu de prêteurs à Rome. De-là, ceux qui avoient le monopole de ce commerce, étoient les maîtres de

le

le faire aussi lucratif qu'ils vouloient. Les loix mêmes les engageoient à se dédommager, par le plus gros gain, du danger et de l'infamie qu'elles y attachoient. Le danger étoit grand, surtout dans les premiers tems, où leurs créanciers, c'est à dire le peuple, par un seul décret pouvoit rayer à jamais et l'intérêt et le principal.

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L'intérêt de l'argent et le prix des terres gardent toujours un certain équilibre. Si l'intérêt est bas, il est plus avantageux d'acheter des fonds; ceux-ci haussent de valeur. Si l'intérêt est fort, il est plus commode d'avoir des rentes; on réalise peu et les terres se donnent à vil prix. L'intérêt commun à Rome étoit de six pour cent; -passage de Pline me fait voir que le prix d'achat pour les terres étoit au revenu comme cent à six. Ce bienfaiteur éclairé autant que généreux, voulant donner cinq cens mille sesterces à la ville de Como, aima mieux charger une de ses terres d'une rente perpétuelle de trente mille

sesterces.

Cependant sur ces six pour cent, j'aimerois assez diminuer un sixième; les palais, les meubles, les esclaves emportoient aux grands des sommes immenses qui ne rendoient rien.

XI.

Une carrière toute différente nous attend, et nous pourrions encore une fois simplifier nos idées. La connoissance des mesures a pour objet, aussi bien que la géométrie, les lignes droites. Mais dans la géométrie leurs propriétés abstraites nous intéressent. Ici la seule considération est celle de leur longueur.

Cette longueur n'est point arbitraire comme les poids. Les hommes sont assez généralement convenus de former leur mesures longues sur quelque division naturelle du corps humain. Quelques uns ont choisi le pied; d'autres ont préféré la coudée, et l'on ne doit imputer les légères différences des poids et des coudées respectives qu'à la manière dont on les a prises; ici on a cherché des hommes d'une taille deme

* Quelquefois l'on en trroit beaucoup plus; mais aussi comme il n'y avoit point à Rome de fonds publics, il n'étoit pas toujours possible de faire travailler tout son argent. Il faut compenser l'un par l'autre.

surée,

surée, là on s'est attaché plutôt à la grandeur commune de l'espèce hu maine. D'ailleurs la nature, en dispensant ses dons, n'a point accordé à tous les peuples la même taille. Le climat et les alimens agissent d'une manière lente mais puissante. Que les peuples du nord surpassent en grandeur ceux du midi, est une maxime mieux fondée que la plupart des maximes générales. Les nations Celtiques ont toujours paru des géans aux peuples de la Grèce et de l'Italie, et nous, les descendans de ces Celtes, citons avec admiration les Suèdes et les Norvégiens.

En recherchant les mesures des anciens je distinguerai avec soin les preuves dont la certitude n'est point égale. J'éviterai de confondre les démonstrations et les conjectures. Deux monumens précieux, échappés au naufrage des tems, serviront d'appui à mes raisonnemens. Les inductions, les proportions qui peuvent nous aider à découvrir les autres mesures paroîtront à leur place.

VOL. III.

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DIS

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