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Oui.

(Tous les conseillers se levant.)

DES LANDES.

Je cède; mais Dieu juge l'intention.

(4 Isabelle.)

Vous, à la vérité ne soyez point rebelle!
Courtin, interrogez ce témoin.

COURTIN.

Isabelle,

Vous connaissiez déjà la maréchale?

ISABELLE.

Oh oui !

Quoi! ton attachement s'est-il évanoui!

Quand l'une de nous deux va marcher au supplice,
Ne veux-tu pas, ma fille, embrasser ta complice?

Ah! Luyne, Luyne!

LA MARECHALE.

DESLANDES, à Isabelle.

Trève à tant d'indignité !

Pensez-vous insulter avec impunité?.....

ISABELLE.

J'ai dit, je dis encor ma complice !.... Qu'elle ose
Me démentir!.... Voyez si je vous en impose!

PAUL LACROIX.

FRAGMENT.

Mais, qui t'a dit, nocher, de déployer tes voiles?
Un vague ennui de cœur tout à coup me surprend.
Cesse de me vanter ce rivage odorant

Et ce beau ciel de Naple, où des milliers d'étoiles
Nagent dans un azur suave et transparent...
Il en est un plus doux, celui que je regrette.
Je me sens retenu par un premier lien,

Ce beau pays, dis-tu, vaut mieux que ma retraite :

Ce beau pays n'est pas le mien.

Je sens qu'il est dans l'homme, et sans qu'il se l'explique,
Un nœud mystérieux qui, lentement formé,
L'attache à son insu, d'un attrait sympathique,
Aux objets dont son cœur était le moins charmé.
Chaque jour s'embellit du bonheur de la veille;
La voix accoutumée est douce à notre oreille;
Et s'être vu long-tems c'est presque s'être aimé.

Oui, dans l'ame surtout on craint la solitude:
Et lorsqu'il faut se séparer

De ceux dont nous entoure une longue habitude,
Pour calmer de son cœur la vague inquiétude,
On compte leurs défauts qu'on semblait ignorer;
Et, sans qu'on les regrette, on se prend à pleurer.

Alexandre GUIRAUD.

VIERGE ET MARTYRE.

Sur les bords escarpés d'un grand vase,

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où la Chine

Avait, pour les yeux noirs de quelque Mandarine,

Epuisé le secret des riantes couleurs,

Jeté l'azur du ciel et la pourpre des fleurs,
Sélima, la plus chaste, et la plus regrettée
De l'espèce qui joue en robe tachetée,
S'inclinait

-

saisir un rayon du soleil. pour Car le soleil mourant teignait d'un feu vermeil Ce lac, dout le miroir flottait au dessous d'elle. Elle a vu...

Dans ses traits que d'orgueil se décèle !

Un visage arrondi, cette barbe d'argent,

Le velours de ses pieds, tout son manteau changeant, Ses oreilles de jais, ses yeux verts, — où la fraude S'allume quelquefois au feu de l'émeraude,

Elle contemplait tout dans un vague loisir,
Et l'accent de sa voix se roulait de plaisir.
-Oh! pourquoi, dans l'azur de ces eaux aplanies
Vit-elle se glisser deux formes, deux génies,
Deux frêles habitans d'un océan si clair?

Ils traversaient les flots comme un furtif éclair,
L'or mobile éclatait sur leur tête orgueilleuse,
Et la pourpre enflammait leur armure écailleusc.
Sélima sent l'espoir de saisir ce trésor:
Quel désir féminin sait résister à l'or? —
De son dos recourbé se hérisse la soie,
Une griffe ardemment s'allonge vers la proie;
Les piéges, les dangers sont tous inaperçus,
Et le vase glissant trahit ses pieds déçus,
Elle tombe.

Trois fois remontant sur les ondes
Elle adjura les dieux de ces vagues profondes.
Pas une Néréide, hélas! pas un dauphin
N'accourut se charger de son flottant destin;

Que faisiez-vous, Justine? Et toi, cent fois coupable, O John! qu'elle admettait aux honneurs de sa table? Esclaves si long-temps à ses ordres soumis,

Un favori tombé n'a donc jamais d'amis!

H. DE LATOuche.

ÉPITRE

SUR LE RESPECT DU AUX ARTS.

Nanterre, septembre 1879.

FRAGMENT.

Quoi l'aveugle Thémis ose peser la lyre?
Qu'un poète soit libre en son noble délire!
Le poète pour juge a la postérité,
Et sa gloire répond de sa témérité.

S'il mêle à ses doux chants la vérité mordante,
Profanes, respectez sa verve indépendante.
Craignez moins de son vers l'énergique âpreté,
Que l'encens du Tartuffe à genoux présenté.
Sa maio, qui vous lança le trait de la censure,
Épanche aussi le baume auprès de la blessure.
Du poète, l'abeille a souvent le destin :
D'un vol libre, en tous lieux recueillant son butin,
Elle effleure au hasard, de ses ailes légères,
La couronne des rois, le bouquet des bergères,
Et puis de son nectar nous offre un doux rayon.
Vous savourez le miel, pardonnez l'aiguillon.
Le chant le plus malin trouble-t-il un empire?
Non, l'écho seul répond lorsque le luth soupire.
Le zèle envenimé de l'argus délateur

Du scandale souvent est le premier auteur.
Sous les yeux du pouvoir quand l'ami de Mécène
Couronnait au tombeau la liberté romaine,
La férule à la main, voyait-on les censeurs
Chercher si le venin se glissait sous les fleurs?
Quand Paris, indigné de quelque taxe inique,
Lançait à Mazarin un couplet satirique,

Le prêtre-roi disait, en déridant son front:

Ils chantent ces Français? ils chantent... ils pairont!

Il avait deviné ce peuple aimable et brave,

Qu'un mot peut subjuguer, mais qui craint d'être esclave.

Il châtie en riant les modernes Solons;

Trop heureux quand son fiel s'évapore en chansons.

D'un poète irrité la voix vous importune?
Ah! laissez, croyez-moi, la plainte à l'infortune.
Quelle que soit l'aigreur de son vers courroucé,
C'est s'avouer vaincu de se croire offensé.

Il est triste, après tout, du haut de la puissance,
D'implorer de Thémis une froide vengeance,
D'attendre sans péril qu'un arrêt insolent
Au banc de l'infamie outrage le talent.

D'un vieux maître adulant la ferveur fanatique,
Cette cour de Louis, débauchée et mystique,

Du moins devant les arts courbait sa vanité;
Elle-même applaudit au génie indomté
Qui fustigeait gaiment d'une main triomphante
Le sot emmarquisé, le dévot sycophante;
Et sur eux imprimant son fouet ensanglanté,
Les dévouait aux ris de la postérité.

O vous, qui du pouvoir cultivez la science,
Pour juge à l'écrivain laissez sa conscience;
Dans le fruit savoureux il glisse le poison.
Cependant que pourraient les fers et la prison?
Le martyre au talent ajoute un nouveau lustre,
Fait du moindre agresseur un adversaire illustre :
Mille échos à l'envi vont répéter ses chants,
Et ses plus faibles traits sont des glaives tranchans.
Mais dût-il épancher les trésors du génie,
Si sa muse effrontée arme la calomnie,
L'avenir indigné, flétrissant ses excès,
Fait succéder l'opprobre à de làches succès.
Abandonnez au tems le soin de votre gloire.
La vengeance souvent rougit de sa victoire.
On cesse d'être grand dès qu'on est rigoureux;
Et le cœur le plus pur est le plus généreux.
Saladin de son camp s'approchait en silence
A l'heure où des soldats l'oisive turbulence
Mêle à des jeux grossiers l'image des combats;
Une lourde chaussure, objet de leurs débats,
Par leurs mains tour à tour malignement saisie,
Frappe au front qui pesait les destins de l'Asie.
Mais l'outrage au Sultan ne pouvait parvenir;
Il ne l'aperçut pas de peur de le punir.
Je m'arrête à ces mots; car déjà la critique
A ma muse rêveuse en souriant réplique :
Courage, fais pour nous revivre un Saladin,

Et cherche dans nos bois les palmiers du Jourdain.

PONGERVILLE, de L'INSTITUT.

ERRATA. Page 191. 1e livraison. (Stances de M. SAINTE-BEUVE.)

Vers 7. Comme un, lisez comme au.

moins souvent.

-

Vers 17. Du moins, lisez De

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