» Mais ce feu merveilleux, propice à Lavinie, » D'un vaste embrasement menace l'Ausonie, » Quand son corps assoupi presse leurs peaux sanglantes,. « Mon fils, chez les Latins ne choisis point un gendre; » Un étranger viendra (ton sort est de l'attendre,) O mea progenies, thalamis neu crede paratis : Æneas, primique duces, et pulcher Iulus, » Qui par ses nobles faits, son bras victorieux, » Portera jusqu'au ciel notre nom glorieux, >> Dont les fiers descendans vaincront plus de contrées Que l'astre étincelant des voûtes azurées » N'en découvre sous lui, quand du trône des airs >>> Il embrasse les cieux, les pôles et les mers.» Le roi ne cache point la fatale réponse; Déjà la Renommée à cent peuples l'annonce, Tandis que les Troyens, vainqueurs heureux des eaux, Au rivage du Tibre enchaînent leurs vaisseaux. Dans le lieu le plus frais d'une riche campagne, Le héros et ses chefs, et le charmant Ascagne, Sur la verdure assis, de verdure couverts, Réparent par des mets les fatigues des mers. Ces mets ne chargent point une table superbe : Des gâteaux de froment qu'ils étendent sur l'herbe, (Ainsi s'accomplissoient les arrêts du Destin) Font entr'eux sans apprêts un champêtre festin; Des tributs des vergers leur coupe se couronne, Et Cérès sert de table aux présens de Pamone. Fatalis crusti, patulis nec parcere quadris: Heus! etiam mensas consumimus ! inquit Iulus. ; Vosque, ait, o fidi Troja, salvete, Penates. Hic domus, hæc patria est. Genitor mihi talia, namque Quare agite, et primo læti cum lumine solis Quæ loca, quive habeant homines, ubi mania gentis, Vestigemus, et a portu diversa petamus. Tous les mets épuisés, de ce fatal froment Ascagne, à cet aspect, dans un transport soudain : Sont pour lui le signal de la fin de leurs maux. Rempli du dieu par qui sont inspirés ces mots, << Salut, s'écria-t-il, terre long-temps promise! »Salut, dieu des Troyens! Plus d'une fois Anchise » (J'en avois jusqu'ici perdu le souvenir) >> M'annonça comme un bien ce malheur à venir. » Mon fils, me disoit-il, si`la faim indomptable >> Un jour en aliment te fait changer ta table, » Dans ce même moment et dans ces mêmes lieux » De ton premier abri fais hommage à tes dieux : Là, de ton sort cruel finira la détresse. » Aiusi parloit Anchise ; il me tient sa promesse. » Oui, je les trouve enfin ces lieux hospitaliers! Voilà notre patrie, et voilà nos foyers. |