Un sillon où le soc a laissé son empreinte
De la cité future a désigné l'enceinte ;
De remparts de gazon les murs sont entourés; Sous la forme d'un camp ils croissent par degrés. La troupe arrive enfin, et de la capitale Déjà s'offre à leurs yeux la pompe impériale; Ils approchent des murs. Là de jeunes guerriers Guident des chars poudreux, domptent de fiers coursiers, La lance ou l'arc en main signalent leur adresse, Et disputent d'ardeur, d'audace et de vitesse. L'un d'eux, aiguillonnant un coursier généreux, Vers son auguste roi vole, arrive avant eux, Dit que des inconnus d'une haute stature, Étrangers de langage, étrangers de parure, Demandent audience. Exempt d'un vain orgueil, Le prince les admet, leur fait un doux accueil, Et monte sur le trône où siégeoient ses ancêtres. Digne de ce grand peuple, et digne de ses maîtres, Dans les airs s'élevoit son palais somptueux, De Picus son ayeul séjour majestueux.
Cent colonnes de marbre en pompe l'environnent; D'un bois religieux les arbres le couronnent,
Regibus omen erat; hoc illis curia templum ; Hæ sacris sedes epulis; hîc, ariete cæso, Perpetuis soliti patres considere mensis. Quin etiam veterum effigies ex ordine avorum Antiquâ e cedro, Italusque, paterque Sabinus Vitisator, curvam servans sub imagine falcem, Saturnusque senex, Janique bifrontis imago, Vestibulo adstabant ; aliique ab origine reges Martia qui ob patriam pugnando vulnera passi. Multaque præterea sacris in postibus arma; Captivi pendent currus, curvæque secures, Et cristæ capitum, et portarum ingentia claustra, Spiculaque, clypeique, ereptaque rostra carinis. Ipse Quirinali lituo parvâque sedebat
Succinctus trabeâ, lævâque ancile gerebat
Picus, equûm domitor ; quem capta cupidine conjux Aureâ percussum virgâ, versumque venenis, Fecit avem Circe, sparsitque coloribus alas.
Qui depuis trois cents ans, pleins d'une sainte horreur, Ainsi que le respect inspirent la terreur:
Les rois y sont des dieux, ce palais est un temple. Là, le front prosterné, la nation contemple Ses princes recevant, pour la première fois, Les faisceaux souverains et le sceptre des rois. Là, lorsqu'un saint usage en pompe renouvelle D'un bélier immolé l'offrande solennelle, Les premiers de l'état sur leur siège exhaussés, Près d'une table immense en ordre sont placés. Là, d'un peuple fidèle éternisant l'hommage, Le cèdre de leurs rois a conservé l'image; Italus, Sabinus, qui, la serpette en main, Annonce que la vigne est son bienfait divin; Saturne, dieu du temps; Janus aux deux visages; Cent autres souverains dont les mâles courages Ont affronté la mort pour sauver leur pays, D'un vestibule immense occupent les lambris. A l'entrée on voyoit des nations soumises Les drapeaux déchirés, et les portes conquises: Là, des chars fracassés, du fer courbé des faux, Des panaches flottans, de l'airain des vaisseaux,
Tali intus templo divûm, patriâque Latinus
Sede sedens, Teucros ad sese in tecta vocavil; Atque hæc ingressis placido prior edidit ore: Dicite, Dardanida, neque enim nescimus et urbem auditique advertitis æquore cursum, Quid petitis? quæ causa rates, aut cujus egentes Littus ad Ausonium tot per vada cærula vexit? Sive errore viæ, seu tempestatibus acli, (Qualia multa mari nautæ patiuntur in alto) Fluminis intrastis ripas, portuque sedetis; Ne fugite hospitium; neve ignorate Latinos Saturni gentem, haud vinclo nec legibus æquam, Sponte suâ, veterisque dei se more tenentem. Atque equidem memini (fama est obscurior annis) Auruncos ita ferre senes; his ortus ut agris Dardanus Ideas Phrygiæ penetrârit ad urbes, Threiciamque Samum, quæ nunc Samothracia fertur. Hinc illum Corythi Tyrrhenâ ab sede profectum
Et des arcs détendus, et des lances oisives
Pendoient pompeusement les dépouilles captives. Lui-même, s'appuyant sur son sceptre augural, Dans sa courte tunique, ornement martial, Un bouclier au bras, de la porte sacrée Picus, son noble ayeul, ornoit l'auguste entrée; Picus, qui des coursiers savoit dompter l'essor. Circé l'aimoit; Circé de sa baguette d'or Le toucha, le vêtit de ses plumes nouvelles, Et de riches couleurs elle émailla ses ailes. C'est là, c'est dans ces lieux, où brillent à la fois La majesté des dieux et la grandeur des rois, Que, sur son trône assis, le vieux roi de Laurente Admet les Phrygiens, et, d'une voix touchante: « Enfans de Dardanus (car je n'ignore pas
» Votre nom, votre ville, et vos trop longs combats), » L'éclat de votre gloire, à qui tout éclat cède,
» Dans mes vastes états, dès long-temps vous précède.
» Quel est votre dessein? et que puis-je pour vous?
» Soit qu'un astre trompeur, soit que l'onde en courroux
» Ait poussé vos vaisseaux dans les ports d'Ausonie, de vos cœurs la craite soit bannie.
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