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>> Si nous venons ici devant son souverain,

» La prière à la bouche et l'olive à la main,
» Ce n'est pas que le sort nous laisse sans asile :
>> Plus d'un fier potentat à son peuple, à sa ville
» A voulu réunir de malheureux proscrits,

» Nobles dans leurs disgrâces, et grands dans leurs debris. » Mais les dieux sur vos bords ont guidé notre course, » Le sang de Dardanus vient retrouver sa source; »Et, si j'en crois Délos, le sacré Numicus

>> D'accord avec le Tibre attend nos dieux vaincus.

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Vous, daignez recevoir ces restes de Pergame

» Avec peine arrachés à notre ville en flamme;

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Acceptez ces débris d'une antique splendeur,

>> Monumens d'infortune ainsi que de grandeur:
» Dans cette coupe d'or, aux dieux alors propices
>> Anchise présentoit le vin des sacrifices;

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Lorsqu'aux jours solennels, comme nos premiers rois, » Aux peuples convoqués Priam donnoit des lois,

>> Ce manteau, cet habit du plus grand des monarques, » De son pouvoir royal étoient les nobles marques; >> Ce sceptre dans ses mains fut long-temps révéré; » Ce riche diadème ornoit son front sacré;

III.

17

Talibus Ilionei dictis, defixa Latinus

Obtutu tenet ora, soloque immobilis hæret,
Intentos volvens oculos: nec purpura regem
Picta movet, nec sceptra movent Priameïa tantùm,
Quantùm in connubio nata thalamoque moratur :
Et veteris Fauni volvit sub pectore sortem.
Hunc illum fatis externâ ab sede profectum
Portendi generum, paribusque in regna vocari
Auspiciis; huic progeniem virtute futuram
Egregiam, et totum quæ viribus occupet orbem.
Tandem lætus ait : Dî nostra incepta secundent,
Auguriumque suum. Dabitur, Trojane, quod optas,
Munera nec sperno. Non vobis, rege Latino,
Divitis uber agri Trojæve opulentia deerit.
Ipse modò Æneas (nostri si tanta cupido est,
Si jungi hospitio properat, sociusque vocari),
Adveniat; vultus neve exhorrescat amicos.

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» Des femmes de son sang ces tissus sont l'ouvrage.»>

De l'orateur troyen tel étoit le langage.
Le roi l'entend d'un air profondément rêveur.
Ces trésors, ces présens touchent bien moins son cœur
Que les grands intérêts de sa noble famille,
Et l'oracle de Faune, et l'hymen de sa fille.
Le voila, se dit-il, ce héros tant promis,
A qui doit cet empire un jour être soumis;
Celui de qui la race, en conquêtes féconde,
A son vaste pouvoir doit asservir le monde.

Enfin éclaircissant son front majestueux :

«Non, vous ne formez pas des vœux présomptueux :

» Puisse le juste ciel accomplir son présage!

» Je sais de vos présens apprécier l'hommage.

»Troyens, je vous promets dans ce séjour nouveau » Des champs non moins féconds, un destin non moins beau.

» A votre illustre chef si ces lieux peuvent plaire,

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Qu'il vienne, il touchera ma main hospitalière,

» Je toucherai la sienne ; et ce traité suffit.

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Vous, courez lui porter ce fidèle récit.

Qu'il sache mes projets: une jeune princesse,

» Le fruit de mon hymen, l'objet de ma tendresse,

Pars mihi pacis erit dextram tetigisse tyranni.
Vos contrà regi mea nunc mandata referte.
Est mihi nata, viro gentis quam jungere nostræ,
Non patrio ex adyto sortes, non plurima cœlo
Monstra sinunt: generos externis affore ab oris,
Hoc Latio restare canunt, qui sanguine nostrum
Nomen in astra ferant. Hunc illum poscere fata
et, si quid veri mens augurat, opto.

Et reor,

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Stabant ter centum nitidi in præsepibus altis.
Omnibus extemplo Teucris jubet ordine duci
Instratos ostro alipedes pictisque tapetis.
Aurea pectoribus demissa monilia pendent:
Tecti auro, fulvum mandunt sub dentibus aurum.
Absenti Æneæ currum geminosque jugales,

Semine ab ætherio, spirantes naribus ignem,
Illorum de gente patri quos Dædala Circe
Suppositâ de matre nothos furata creavit.

» Si j'en crois le Destin, l'oracle paternel,

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» Et les signes nombreux des volontés du ciel,
>> Doit (et rien n'en sauroit changer la loi sévère)
» Recevoir un époux d'une race étrangère.
>> Sans doute ils m'annonçoient le héros d'Ilion;

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C'est lui qui jusqu'aux cieux doit porter notre nom: » Oui, c'est lui; je le crois, j'en chéris l'espérance, » Et mon pressentiment m'en donne l'assurance. »

Il dit, et fait choisir ses coursiers les plus beaux : L'orgueil de ses haras, trois cents jeunes chevaux Ornoient d'un double rang leur superbe demeure. A chacun des Troyens on amène sur l'heure

Un coursier dont les vents n'égaloient pas l'essor:
Sur leur large poitrail descend un collier d'or;
L'or couvre leurs harnois, et leur fierté farouche
Obeit au frein d'or qui gourmande leur bouche.
Pour leur monarque absent part un couple pareil
De coursiers, nobles fils des coursiers du soleil.
Ils traîneront son char dans les champs de la
La fille du soleil les créa pour la terre:

guerre;

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