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Talibus Æneadæ donis dictisque Latini

Sublimes in equis redeunt, pacemque reportant.

Ecce autem Inachiis sese referebat ab Argis Sæva Jovis conjux, aurasque invecta tenebat; Et lætum Ænean classemque ex æthere longo Dardaniam Siculo prospexit ab usque Pachyno. Moliri jam tecta videt, jam fidere terræ, Deseruisse rales: stetit acri fixa dolore.

Tum, quassans caput, hæc effundit pectore dicta: Heu stirpem invisam ! et fatis contraria nostris Fata Phrygum! num Sigeis occumbere campis, Num capti potuere capi? num incensa cremavit Troja viros? medias acies mediosque per ignes Invenere viam. At, credo, mea numina tandem Fessa jacent, odiis aut exsaturata quievi.

Elle-même soumit, par un heureux larcin,
Une mère mortelle à l'étalon divin;

Et les chevaux issus de ce noble adultère
Soufflent encor le feu des chevaux de son père.
Montés sur leurs coursiers les Troyens satisfaits
Partent, et vont porter ces promesses de paix.
Dans ce moment, des dieux l'impitoyable reine
Quittoit sa chère Argos. L'œil perçant de sa haine,
Des monts de la Sicile aux bords Laviniens,
Voit triomphante au port la flotte des Troyens;
Elle les voit, heureux, vainqueurs et pleins de joie,
Ébaucher les remparts de la nouvelle Troie,
Confier leurs destins à ces climats nouveaux,
S'emparer de la terre, et triompher des eaux.
Troublée à cet aspect, la déesse s'arrête
Les

yeux étincelans, et secouant la tête :

« O racé que je hais, infâmes Phrygiens!

>> Leurs destins osent donc lutter contre les miens! »Je les ai faits captifs, et ce vil peuple est libre ! » J'armai contre eux les mers, les voilà dans le Tibre! » Quoi! ni leurs murs croulans n'ont pu les écraser, »Ni leurs remparts en feu n'ont pu les embraser!

Quin etiam patriâ excussos infesta per undas
Ausa sequi, et profugis toto me opponere ponto.
Absumptæ in Teucros vires cœlique marisque.
Quid Syrtes, aut Scylla mihi, quid vasta Charybdis
Profuit? optato conduntur Thybridis alveo,
Securi pelagi, atque mei. Mars perdere gentem
Immanem Lapithûm valuit: concessit in iras
Ipse deûm antiquam genitor Calydona Dianæ.

Quod scelus aut Lapithas tantum, aut Calydona merentem?
Ast ego, magna Jovis conjux, nil linquere inausum
Quæ potui infelix, quæ memet in omnia verti,

Vincor ab Eneâ. Quòd si mea numina non sunt

Magna satis,dubitem haud equidem implorare quod usquam est Flectere si nequeo Superos, Acheronta movebo.

Non dabitur regnis (esto) prohibere Latinis,

Atque immota manet fatis Lavinia conjux

At trahere, atque moras tantis licet addere rebus

At licet amborum populos exscindere regum.

» Ma haine apparemment a manqué de constance : » Lasse enfin, j'ai laissé reposer ma vengeance.

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Que dis-je ? j'ai traîné leurs débris sur les mers ;

>> Contre eux j'ai fatigué l'eau, la terre et les airs :

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Que m'ont servi la terre, et les cieux, et les ondes, » Et l'horrible Carybde, et ses roches profondes?

>> Les voilà dans le port, sans péril, sans effroi, » Fondant leurs murs nouveaux, bravant la mer et moi. >> Où donc est mon pouvoir? Quoi ! le dieu de la Thrace >> Aura pu du Lapithe exterminer la race;

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» Diane à ses fureurs immoler Calydon:

» Eh! quel crime à ces dieux défendoit le pardon?

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Jupiter permit tout; et moi, moi son épouse,

» Moi la reine des dieux, dont la fureur jalouse » A pris, imaginé, lassé tous les moyens, >> Malheureuse, il m'immole à ce roi des Troyens! >> Eh bien, si j'ai perdu ma suprême puissance, >> Il n'est rien qu'aujourd'hui n'invoque ma vengeance. » Cherchons-nous des appuis dans un autre univers: >> J'ai contre moi les cieux, j'armerai les enfers. >> Je ne puis leur ravir le sceptre d'Ausonie, Mais je puis arrêter l'hymen de Lavinie,

Hac gener atque socer coëant mercede suorum.
Sanguine Trojano et Rutulo dotabere, virgo;
Et Bellona manet te pronuba. Nec face tantùm
Cisseïs prægnans ignes enixa jugales ;
Quin idem Veneri partus suus, et Paris alter,
Funestæque iterum recidiva in Pergama tædæ.

Hæc ubi dicta dedit, terras horrenda petivit Luctificam Alecto dirarum ab sede sororum Infernisque ciet tenebris; cui tristia bella, Iræque, insidiæque, et crimina noxia cordi. Odit et ipse pater Pluton, odere sorores Tartareæ monstrum: tot sese vertit in ora, Tam sævæ facies, tot pullulat atra colubris. Quam Juno his acuit verbis, ac talia fatur:

Hunc mihi da proprium, virgo sata Nocte, laborem,

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