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Il dit, court aux autels, présente son hommage;,
Tout son peuple irrité seconde son courage:
L'un vante en lui ce sang issu de tant de rois,
Celui-ci sa beauté, celui-là ses exploits.

Tandis qu'au fier Rutule, armé pour sa vengeance, L'audacieux Turnus inspire sa vaillance, L'horrible Alecton vole embraser les Troyens; Et son art a recours à de nouveaux moyens. Ce jour, dans les forêts et le long des rivages Ascagne poursuivoit leurs habitans sauvages, Tantôt les surprenant en des pièges adroits, Tantôt d'un pied léger les suivant dans les bois; Et, tandis que ses chiens pleins d'adresse ou d'audace De leur timide proie interrogent la trace, Alecton, tout à coup irritant leur ardeur, D'un cerf au front altier leur apporte l'odeur. Son art fatal ainsi cherche à troubler la terre, Et donne dans les champs le signal de la Les enfans de Tyrrhée, honneur de ces hameaux, A qui le roi commit le soin de ses troupeaux, Avoient, tout jeune encor, dérobé sous sa mère Cet hôte des forêts élevé chez leur père.

guerre.

Pectebatque ferum, puroque in fonte lavabat.

Ille, manum patiens, mensæque assuetus herili,
Errabat silvis, rursusque ad limina nota
Ipse domum serâ quamvis se nocte ferebat.
Hunc procul errantem rabidæ venantis Iuli
Commovêre canes, fluvio quum fortè secundo
Deflueret, ripâque æstus viridante levaret.
Ipse etiam, eximiæ laudis succensus amore,
Ascanius curvo direxit spicula cornu :

Nec dextræ erranti deus abfuit; actaque multo
Perque uterum sonitu perque ilia venit arundo.
Saucius at quadrupes nota intra tecta refugit,
Successitque gemens stabulis; questuque, cruentus,
Atque imploranti similis, tectum omne replebat.
Silvia prima soror, palmis percussa lacertos,
Auxilium vocat, et duros conclamat agrestes.
Olli (pestis enim tacitis latet aspera silvis)

Improvisi adsunt; hic torre armatus obusto,

Leurs yeux avec plaisir avoient vu sous leurs toits
Croître sa jeune tête et l'orgueil de son bois ;
Surtout leur jeune sœur, la charmante Sylvie,
En faisoit le plaisir, le bonheur de sa vie :
Elle enlaçoit des fleurs à son front jeune et fier,
Choisissoit pour son bain le ruisseau le plus clair,
Le lavoit dans ses flots, le séchoit au rivage,
Tous les jours de sa main peignoit son poil sauvage;
Il vivoit à sa table, accouroit à sa voix;

Libre dans la journée, il erroit dans les bois;
Et vers la fin du jour, bondissant d'allégresse,
Lui-même revenoit retrouver sa maîtresse.

Ce jour, comme il suivoit le frais courant des eaux,
Ou reposoit sur l'herbe au bord des clairs ruisseaux,
Les chiens qui, pleins d'ardeur erroient dans la campagne,
De cette belle proie avertirent Ascagne,

Et vers elle leurs cris dirigèrent ses pas.
Soudain, impatient de signaler son bras,
Vers le noble animal couché sur la verdure
Son arc a fait voler une flèche trop sûre;
Alecton la guidcit. Le trait part en sifflant,
Et du cerf qui sommeille il va percer le flano.

Stipitis hic gravidi nodis: quod cuique repertum Rimanti, telum ira facit. Vocat agmina Tyrrheus, Quadrifidam quercum cuneis ut fortè coactis Scindebat, raptâ spirans immane securi

At sæva e speculis tempus dea nacta nocendi Ardua tecta petit stabuli, et de culmine summo Pastorale canit signum, cornuque recurvo

Lui, tout ensanglanté de la fatale atteinte,
Accourt à son asile, et par sa triste plainte,
Gémissant, l'œil en pleurs, la flèche dans le sein,
De ses maîtres chéris semble implorer la main.
Sylvie entend ses cris; elle accourt la première,
Elle accourt,
elle voit la flèche meurtrière;
Elle frappe son sein, invoque à haute voix
Ses frères, ses amis, dispersés dans les bois.
Alecton la seconde. A l'instant tout s'assemble;
Diversement armés ils accourent ensemble:
Ici c'est un tison tout noirci par les feux,
Là des pieux aiguisés, l'à des rameaux noueux;
De tout ce qu'il saisit chacun se fait des armes.
Tyrrhée, en ce moment, loin d'eux et sans alarmes,
A l'aide de longs coins enfoncés par son bras,
D'un chêne déchiré séparoit les éclats;

Il écoute, il approche, il apprend son outrage,
Et, la hache à la main, vole brûlant de rage.
Cependant la déesse, avide de malheurs,
Ne perd pas ce moment d'embraser tous les cœurs,
S'élance vers l'étable, et sa bouche infernale
Enfle d'horribles sous sa trompette fatale.

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