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La prêtresse répond : « O l'espoir de ta race! Sais-tu bien ce qu'ici demande ton audace? » Il n'est que trop aisé de descendre aux enfers, » Les palais de Pluton nuit et jour sont ouverts; » Mais rentrer dans la vie, et revoir la lumiere, » Est un bonheur bien rare, un vœu bien téméraire. » Le Destin n'accorda ce privilège heureux ? Qu'à peu de favoris, issus du sang des dieux. » Le passage est fermé par des forêts profondes, » Le Cocyte alentour roule ses noires ondes. » Mais si tels sont tes vœux, si ton pieux amour » Veut passer l'Acheron qu'on passe sans retour, » Écoute mes leçons : dans la nuit ténébreuse, >> Dont un bois vaste entoure une vallée ombreuse, » D'un rameau précieux se cache le trésor;

» L'or brille sur sa tige, et son feuillage est d'or.

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Là, préside des dieux l'auguste souveraine;

» Mais nul ne peut percer cette nuit souterraine, Qu'il n'ait de ce rameau cueilli le riche don

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>> Que demande en tribut l'épouse de Pluton. » On a beau l'arracher au tronc qui le possède, » Soudain un rameau d'or au rameau d'or succède;

Instituit. Primo avulso, non deficit alter

Aureus; et simili frondescit virga metallo.

Ergo altè vestiga oculis, et ritè repertum

Carpe manu: namque ipse volens facilisque sequetur,
Si te fata vocant; aliter, non viribus ullis
Vincere, nec duro poteris convellere ferro.
Præterea jacet exanimum tibi corpus amici,
Heu nescis! totamque incestat funere classem,
Dum consulta petis, nostroque in limine pendes:
Sedibus hunc refer antè suis, et conde sepulcro.
Duc nigras pecudes; ea prima piacula sunto.
Sic demum lucos Stygios, regna invia vivis,
Adspicies. Dixit, pressoque obmutuit ore.
Eneas mæsto defixus lumina vultu
Ingreditur, linquens antrum, cæcosque volutat
Eventus animo secum: cui fidus Achates

It comes, et paribus curis vestigia figit.
Multa inter sese vario sermone serebant:

» Et, toujours reproduit, le précieux métal
» Rend à l'arbre immortel son luxe végétal.
>> Toi donc, perçant des bois la nuit silencieuse,
» Va chercher, va cueillir la branche précieuse :
» Si dans les sombres lieux t'appelle le Destin,
» Docile, d'elle-même elle suivra ta main :

» Autrement, aucune arme, aucune main mortelle »Ne pourroit triompher de sa tige rebelle.

» C'est peu: tandis qu'ici tu consultes les dieux,
» De l'un de tes amis la mort ferme les yeux,
» Et scuille tes vaisseaux de ses vapeurs funestes.
» Dans l'asile des morts va déposer ses restes,
» Offre une brebis noire aux noires déités,

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Que ces premiers devoirs soient d'abord acquittés: » Alors, tu pourras voir, au gré de ton envie,

>> Ces lieux où la mort règne, et qu'abhorre la vie. »
Elle dit. Le héros, le cœur préoccupé,
D'étonnement, de crainte, et de respect frappé,
Triste, les yeux baissés, s'éloignant en silence,
Maudissoit la fortune et sa longue inconstance.
A son chagrin profond Achate unit le sien:
Mille discours divers forment leur entretien.

Quem socium exanimem vates, quod corpus humandum,
Diceret. Atque illi Misenum in littore sicco,

Ut venere, vident, indignâ morte peremptum ;
Misenum Æoliden, quo non præstantior alter
Ære ciere viros, Martemque accendere cantu.
Hectoris hic magni fuerat comes: Hectora circum
Et lituo pugnas insignis obibat et hastâ.
Postquam illum victor vitâ spoliavit Achilles,
Dardanio Æneæ sese fortissimus heros

Addiderat socium, non inferiora secutus.
Sed tum fortè cavâ dum personat æquora concha,
Demens, et cantu vocat in certamina divos;
Æmulus exceptum Triton (si credere dignum est)
Inter saxa virum spumosâ immerserat undâ.
Ergo omnes magao circùm clamore fremebant,
Præcipuè pius Æneas. Tum jussa Sibyllæ,
Haud mora, festinant flentes; aramque sepulcri
Congerere arboribus, coloque educere certant,

Quel est ce malheureux, quelle est cette ombre chère,
Pour qui Pluton demande un tribut funéraire?
Quand leurs tristes regards, ô coup inattendu!
Reconnoissent Misène à leurs pieds étendu,
Misène dont l'airain, cher au dieu de la Thrace,
Échauffoit la valeur et rallumoit l'audace.
Jadis, du grand Hector illustre compagnon,
Il portoit près de lui la lance et le clairon;
Mais, quand Hector perdit la vie et la victoire,
Sous un autre héros gardant la même gloire,
Du vaillant fils d'Anchise il suivit le destin.
Un jour qu'il embouchoit l'harmonieux airain,
Provoqué par les sons de sa conque sonore
Un des Tritons jaloux, qu'au noir dépit dévere,
Si le dépit est fait pour les ames des dieux,
Saisit dans sa fureur ce rival odieux,

Le plonge entre les rocs, sous la vague écumeuse.
Tous pleurent sa vaillance et sa trompe fameuse ;
Et le héros surtout, du sommet d'un rocher,
Veut porter jusqu'aux cieux son superbe bûcher.
De l'antique forêt déjà les chênes tombent;
Les sapins orgueilleux sous la hache succombent:

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