Là, dans les flancs du mont, bien loin de l'œil du jour, » De l'infàme Cacus fut l'infàme séjour. » Des têtes au front pâle et de sang dégouttantes » A sa porte homicide étoient touj urs pendantes; Et son antre, du meurtre odieux monument, » D'un carnage nouveau sans cesse étoit fumant. » Ce monstre horrible à voir, fier de sa taille immense, >> Devoit au dieu du feu sa funeste naissance; » Et, tel qu'un noir volcan, de son gosier affreux » Le prix de sa conquête erroit en paix sur l'herbe. » Les cache en sa caverne ; et cependant sa main, » Pour déguiser aux yeux les traces du larcin, Indiciis raptos, saxo occultabat opaco. Hic verò Alcidae furiis exarserat atro Felle dolor rapit arma manu, nodisque gravatum Ecce furens animis aderat Tirynthius, omnemque Saisit par leurs lougs crins, fait marcher en arrière » Les taureaux, dont les pas marqués en sens contraire » De son infâme vol écartoient le soupçon. » Enfin, las du repos, le fils d'Amphitryon » Se prépare à mener sur de lointains rivages >> Ses troupeaux engraissés dans ces beaux pâturages » Et des taureaux partout les gémissantes voix » De leur adieu plaintif ont fait mugir ces bois. Alors, de ce brigand trahissant l'artifice, » Du fond de l'antre creux répond une génisse : » Alcide entend ses cris. Aussitôt dans son cœur » Un fiel noir et brûlant allume sa fureur; » Il s'élance, il saisit sa pesante massue, » Cherche du noir séjour la porte inapperçue. » Alors, les yeux troublés, sans courage, sans voix, » L'affreux Cacus trembla pour la première fois : » Plus prompt que les éclairs, vers ses roches fidèles » Il court, vole ; à ses pieds la peur donne des ailes » Il fait tomber ce roc que, d'upe adroite main, » A des chaînes de fer a suspendu Vulcain, » S'enferme, oppose au dieu cette vaine défense. » Hercule est accouru respirant la vengeance : Ergo insperatâ deprensum in luce repentè, Inclusumque cavo saxo, atque insueta rudentem, Desuper Alcides telis premit, omniaque arma Advocat, et ramis vastisque molaribus instat. Ille autem, neque enim fuga jam super ulla pericli, Evomit, involvitque domum caligine cæcâ, Cælo ostenduntur; pedibusque informe cadaver » Du globe tout à coup rompoit la voûte immense, » Et dans ses profondeurs découvroit à nos yeux » Le Styx craint des mortels, abhorré par les dieux, » De ce royaume affreux, désolé, lamentable, >> L'œil verroit jusqu'au fond l'abîme redoutable; Et, dans l'ombre éternelle envoyant ses clartés, » Le jour éblouiroit les morts épouvantés : » Tel, effrayé du jour qui malgré lui l'éclaire, » Le monstre en vain s'agite, et rugit de colère. » De la cime du mont Alcide le combat ; » Tantôt d'un roc brisé lui lance un large éclat ; > Et tantôt, à deux mains, d'un arbre entier l'accable. » Alors le monstre, en proie à son bras implacable, » Se ressouvient du dieu qui lui donna le jour : >> De son gosier brûlant, dans son hideux séjour, » Il vomit des torrens de flamme et de fumée, » S'entoure tout entier d'une nue enflammée, 2 Et dans ses noirs cachots, image des enfers, » A leur obscurité mêle d'affreux éclairs. » Alcide furieux ne contient plus sa rage; : • |