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Cependant tout est prêt, tout part, et de la ville
Des fiers Arcadiens sort l'escadron agile:
Le grand Énée, Achate, et les chefs d'Ilion,
A leur tête guidoient le brillant escadron;
Pallas est dans le centre, et sa superbe armure
De son habit guerrier relève la parure.
Moins rayonnant se montre aux célestes lambris
Des astres du matin le plus cher à Cypris,
Lorsque, pur et brillant, il sort du sein de l'onde,
Remonte vers les cieux, et rend le jour au monde.
Les femmes cependant de leurs yeux attendris
Suivent, du haut des murs, leurs époux et leurs fils,
Et leurs casques brillans, et leur marche poudreuse.
A travers des buissons leur troupe valeureuse
Marche, abrégeant la route : ils avancent. Enfin
La route s'élargit, un cri part; et soudain

Tous les pieds des chevaux qu'un même ordre rassemble
Vont montant, retombant, et remontant ensemble,
Et de leurs pas bruyaus battant les champs poudreux,
D'un tourbillon de sable obscurcissent les cieux.

Aux lieux où le Cérite égare en paix son onde
S'étend sur le rivage une forêt profonde;

Inclusere cavi, et nigrâ nemus abiete cingunt.
Silvano fama est veteres sacrasse Pelasgos,
Arvorum pecorisque deo, lucumque diemque,
Qui primi fines aliquando habuere Latinos.
Haud procul hinc Tarchon et Tyrrheni tuta tenebant
Castra locis; celsoque omnis de colle videri
Jam poterat legio, et latis tendebat in arvis.
Huc pater Æneas et bello lecta juventus
Succedunt, fessique et equos et corpora curant.

At Venus ætherios inter dea candida nimbos Dona ferens aderat : natumque in valle reductâ Ut procul egelido secretum flumine vidit, Talibus affata est dictis, seque obtulit ultro : En perfecta mei promissâ conjugis arte Munera ne mox aut Laurentes, nate, superbos, Aut acrem dubites in prælia poscere Turnum.

L'a,

des rameaux touffus la sauvage épaisseur, De son obscurité répandant la noirceur,

Dans les esprits émus d'une terreur pieuse
Eutretenoit du lieu l'horreur religieuse;
Là, d'un double côteau de cèdres couronné
L'un et l'autre rivage étoit environné:

A Sylvain, dieu des bois, les Grecs le consacrèrent,
Et d'un culte annuel leurs enfans l'honorèrent :
Les antiques Latins l'habitoient autrefois;

Là, Tarchon, les Toscans rassemblés sous ses lois,
Avoient assis leur camp, et du haut des montagnes
On voyoit leurs drapeaux flotter dans les campagnes;
Là le héros troyen arrête ses guerriers,
Et permet le repos aux soldats, aux coursiers.
De Paphos cependant la brillante déesse
Venoit, du haut des cieux, acquitter sa promesse.
Énée,
en ce moment, couvert d'épais rameaux,
Respiroit la fraîcheur et de l'ombre et des eaux ;
Il regarde, et soudain dans son éclat céleste

A

ses yeux enchantés Vénus se manifeste:

« Les voilà ces présens que Vénus a promis,
Et qu'un dieu mon époux prépara pour mon fils ;

Dixit, et amplexus nati Cytherea petivit :

Arma sub adversâ posuit radiantia quercu.
Ille deæ donis et tanto lætus honore

Expleri nequit, atque oculos per singula volvit ;
Miraturque, interque manus et brachia versat
Terribilem cristis galeam flammasque vomentem;
Fatiferumque ensem; loricam ex ære rigentem,
Sanguineam, ingentem, qualis quum cærula nubes
Solis inardescit radiis longèque refulget;
Tum leves ocreas electro auroque recocto,
Hastamque, et clypei non enarrabile textuin.

Illic res Italas, Romanorumque triumphos, Haud vatum ignarus, venturique inscius ævi,

» Avec eux ne crains plus la superbe Laurente;

insolente. »

» Pars, va braver Turnus et sa rage
A ces mots elle avance, et pose de sa main
Sur un chène élevé l'ouvrage de Vulcain.
Enée à cet aspect tressaille d'allégresse;
Il s'élance, il saisit les dons de la déesse,
Les emporte en triomphe, et d'un œil curieux
Se plait à parcourir cet ouvrage des dieux;
Il prend, reprend cent fois ce casque formidable
Qui darde en longs éclairs sa flamme inépuisable,
Et de son cimier d'or les panaches mouvans
Pareils à ces rameaux que balancent les vents,
Et son impénétrable et sanglante cuirasse
Dont l'éclat éblouit, dont la couleur menace,

Tel qu'en un jour d'été nous

Des feux d'un

voyons un ciel

pur

pourpre ardent enflammer son azur;

Puis, de ses longs cuissards essayant la souplesse,
D'un argent mêlé d'or admire la richesse,

Et sa lance fatale, et son glaive divin,
Surtout son bouclier chef-d'œuvre de Vulcain.

Là ce dieu, que le sort instruisit de leur gloire,

De Rome triomphante a retracé l'histoire.

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