» Ou, suivant de nos cœurs l'instinct impérieux, » Prenons-nous nos transports pour un avis des dieux? » Je ne sais ; mais le mien, que la gloire maîtrise, » A besoin de tenter quelque grande entreprise : » Assez dans nos remparts j'ai langui renfermé ; » De perils, de combats, ce.cœur est affamé ; » L'occasion me rit : tu vois quelle assurance » Des imprudens Latins endort la vigilance; » Autour d'eux tout se tait, tout dort, et de leurs camps » Les feux abandonnés languissent expirans; Du sommeil et du vin les vapeurs les enivrent; » La nuit, leur négligence, et les dieux nous les livrent, » Ecoute mon projet : Nos dangers, notre amour, >> De notre chef absent demandent le retour; » On veut lui députer un messager fidèle, » Et ma vaillance envie un danger digne d'elle; Qu'on t'assure, au retour, le prix de ma valeur, » A l'ami d'Euryale il suffit de l'honneur; כג Je pars sous ces hauteurs une route écartée » Me conduit, je l'espère, aux murs de Pallantée. » Nise, fugis? solum te in tanta pericula mittam? Neu matri miseræ tanti sim causa doloris ; » Crois-tu que je balance, avare de mes jours, » A payer de mon sang cet honneur où tu cours? » Ah! ce n'est pas ainsi qu'au milieu des alarmes, » Des horreurs d'un long siège, et du fracas des armes, » Les soins du brave Ophelte instruisirent son fils. » Toi-même de mon cœur tu t'étois mieux promis, Quand ma jeune valeur sur les champs de Neptune » Suivit le grand Énée et sa noble infortune. » Je sens, oui, je sens là (je connois bien mon cœur) » Le mépris de la vie et la soif de l'honneur; » Et puis-je, dans la lice où ta valeur t'engage, Non, je ne doute point de ton cœur généreux, » Lui réplique Nisus; m'en préservent les dieux! Qu'ainsi puissent ces dieux, arbitres de la gloire, » Au sein de l'amitié ramener la victoire! » Mais les périls sont grands; et si le sort jaloux, » Si des dieux ennemis conjuroient contre nous, » Ton âge tendre encor te défend de me suivre : » C'est à moi de mourir, à toi de me survivre : כג Qu'il me reste un ami, quand je ne serai plus, » Ou si, pour leur payer les tributs funéraires, Nec mea jam mutata loco sententia cedit. Acceleremus, ait: vigiles simul excitat; illi Cetera per terras omnes animalia somno Laxabant curas, et corda oblita laborum : Ductores Teucrum primi, et delecta juventus, Consilium summis regni de rebus habebant; Quid facerent, quisve Æneæ jam nuntius esset. Stant longis adnixi hastis, et scuta tenentes, Castrorum et campi medio. Tum Nisus et unà Euryalus confestim alacres admittier oran!; Rem magnam, pretiumque moræ fore. Primus Iulus Accepit trepidos, ac Nisum dicere jussit. » A mon ombre du moins élève un vain cercueil. כג Songe à tou tendre ami, songe à ta mère en deuil : » Hélas! à ton départ, scule entre tant de mères » Elle a suivi tes pas aux terres étrangères; >> Et, dédaignant des ports et des princes amis, » Leur préféra les mers qu'alloit braver son fils : » Veux-tu que de sa mort ton ami soit la cause? » En vain à mes projets ton amitié s'oppose : Marchons, dit Euryale. » Il s'élance à ces mots ; Déjà l'obscure nuit versoit l'oubli des maux; » Les conduit au conseil ; ce qu'on peut en attendre |