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>> Vous avez de Turnus vu le noble coursier,

» Son aigrette de pourpre, et son beau bouclier;
» Je ne souffrirai pas que
le sort en ordonne,
» Nisus, et dès ce jour Ascagne vous les donne.
» J'ajoute à ce présent douze jeunes beautés,
» Avec leurs douze enfans par leur sein allaités;
» Douze esclaves armés; enfin, la riche plaine
» Qui du roi des Latins est l'antique domaine.

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Et toi, qu'un âge égal rapproche encor de moi, » O respectable enfant! tout mon cœur est à toi : » Que me soit la fortune ou propice ou fatale, » Ascagne ne peut plus vivre sans Euryale; » Ame de mes conseils, ame de mes combats, » Je verrai par tes yeux, je vaincrai par ton bras; » Le serment en est fait. — Ah! que les dieux propices » De ma jeune valeur couronnent les prémices! » C'est assez pour mon cœur, je le jure! et jamais » Rien ne démentira ces glorieux essais,

> Dit Euryale en pleurs; mais il est une grâce

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surpasse:

Qui vaut tous ces trésors, qui même les » Une mère, du sang de notre dernier roi, » A tout fait, tout osé, tout supporté pour moi; >> Pour moi son tendre amour a quitté sa patrie, » A bravé les hasards d'une mer en furie :

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At tu, oro,

solare inopem, et succurre

relictæ.

Hanc sine me spem ferre tui; audentior ibo

In casus omnes. Percussâ mente dederunt
Dardanidæ lacrymas; ante omnes pulcher Iulus ;
Atque animum patriæ strinxit pietatis imago.
Tum sic effatur :

Spondeo digna tuis ingentibus omnia cœptis.
Namque erit ista mihi genetrix, nomenque Creiisæ
Solum defuerit; nec partum gratia talem

Parva manet, casus factum quicumque sequentur.
Per caput hoc juro, per quod pater antè solebat ;
Quæ tibi polliceor reduci rebusque secundis,
Hæc eadem matrique tuæ generique manebunt.

» Quand je vole pour vous à de nouveaux hasards, » Seul je lui reste encor, je l'adore, et je pars;

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Je pars sans l'avertir; ma timide tendresse

>> A craint par des adieux d'affliger sa vieillesse.

» Je crois déjà la voir sous ces tristes lambris » A ses foyers déserts redemander son fils.

» J'en jure par la nuit, témoin de mon audace; » J'en atteste, en pleurant, cette main que j'embrasse; » Je puis braver la mort, mais non pas ses douleurs; » Le plus grand des assauts est celui de ses pleurs; » Mon cœur eût succombé. Vous à qui je la laisse,

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Soignez son abandon, secourez sa vieillesse :

» Fort de ce doux espoir je marche sans effroi, » Et chéris un péril qui n'expose que moi. >> Il dit et les Troyens laissent couler leurs larmes; Mais Ascagne surtout, partageant ses alarmes N'entend pas, sans pleurer, ces touchans entretiens, Et les regrets d'un fils renouvellent les siens :

« Eh bien, dès ce moment je l'adopte pour mère;

»

Oui, je deviens son fils, et tu deviens mon frère:

» Eh! qui peut trop chérir la mère d'un tel fils?

>> Tout ce que les Troyens par ma voix t'ont promis, Tout ce que je réserve à ton retour prospère,

J'en jure par mes jours, par qui juroit mon père,

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Sic ait illacrymans: humero simul exuit ensem Auratum, mirâ i quem fecerat arte Lycaon Gnosius, atque habilem vaginâ aptârat eburnâ Dat Niso Mnestheus pellem horrentisque leonis Exuvias: galeam fidus permutat Aletes.

Protenus armati incedunt; quos omnis euntes

Primorum manus ad portas juvenumque senumque

Prosequitur votis: nec non et pulcher Iulus,
Ante annos animumque gerens curamque

virilem.

Multa patri portanda dabat mandata ; sed aura
Omnia discerpunt, et nubibus irrita donant.

Egressi superant fossas, noctisque per umbram
Castra inimica petunt, multis tamen antè futuri
Exitio. Passim somno vinoque per herbam
Corpora fusa vident; arrectos littore currus,
Inter lora rotasque viros; simul arma jacere,

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»Ne dépend plus du sort: quel que soit le succès,
» Ta mère, tous les tiens sont sûrs de mes bienfaits.»
Il dit; et de ses pleurs baigne son beau visage,
Lui donne son épée, ingénieux ouvrage,
Dont le fourreau d'ivoire et l'acier brillant d'or
De l'art de Lycaon s'embellissent encor.
D'un lion dépouillé de sa large fourrure
Mnesthée offre à Nisus la sauvage parure;
Et, , pour son jeune front, Alète en l'embrassant
Détache avec plaisir son casque éblouissant.
Ils partent, revêtus de leurs brillantes armes ;

De leurs vœux, de leurs cris, de leurs touchantes larmes,
Les femmes, les vieillards, les chefs et les soldats,
Aux portes de la ville accompagnent leurs pas.
D'Ascagne cependant la précoce prudence,
Devançant les leçons, l'âge, l'expérience,
A son père envoyoit mille avis importans :
Vain espoir! ses discours sont le jouet des vents.

Ils sortent; des fossés ils passent la barrière,
Dans l'ombre de la nuit poursuivent leur carrière;
Vers le camp qui somnieille ils dirigent leurs pas :
Mais combien d'ennemis, immolés par leur bras,
Vont marquer leur passage et leurs traces sanglantes!
Parmiles traits, les chars et les rênes pendantes,

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