ページの画像
PDF
ePub

Rhétus le suit de près sans voir venir la mort :
Tout ce peuple endormi s'éveille au sombre bord.
Rhétus plus malheureux veilloit, voyoit l'épée
Dans le sang du Rutule à tout moment trempée ;
Derrière un large vase en silence tapi,

A chaque mouvement il frissonne pour lui;
Il se lève
pour fuir l'atteinte meurtrière,

Mais l'épée en son corps se plonge tout entière :
La mort entre avec elle, et le sang et le vin
En longs ruisseaux pourprés s'échappent de son sein.
Euryale poursuit, enivré de carnage;

Jusqu'au camp de Messape, entraîné par sa rage,
Il s'avance, il regarde, il voit de tous côtés
Languir des feux mourans les dernières clartés,
Il voit ses fiers coursiers paissant les molles herbes,
Et liés à son char baisser leurs fronts superbes;
Il s'élançoit sur lui, quand Nisus moins ardent
Arrête par ces mots son courage imprudent :
» C'en est assez, bientôt vient l'aurore ennemie,
» Laissons pour d'autres temps cette foule endormie :
» Marchons, et traversons ces rangs ensanglantes,»
Ils marchent l'or, l'argent épars de tous côtés,
Les riches boucliers et les armes brillantes,
Leur présentent en vain leurs pompes séduisantes;

Interea præmissi equites ex urbe Latinâ, Cetera dum legio campis instructa moratur, Ibant, et Turno regis responsa ferebant, Tercentum, scutati omnes, Volscente magistro. Jamque propinquabant castris, murosque subibant, Quum procul hos lævo flectentes limite cernunt; Et galea Euryalum sublustri noctis in umbrâ Prodidit immemorem, radiisque adversa refulsit.

Euryale, lui seul, saisit avidement

Des coursiers de Rhamnès le superbe ornement,
Son riche baudrier qu'un art savant décore,
Que des globes dorés embellissent encore.
Auprès de Rémulus, Cédicus autrefois,
De l'hospitalité sollicitant les droits,
Envoya de sa foi ce brillant témoignage:
Le prince son neveu le reçut en partage;
Celui-ci, par sa mort, de ce précieux don
Au Rutule vainqueur fit le triste abandon.
Euryale le voit, le saisit, et s'en pare;
Avec la même ardeur sa jeune main s'empare
Du casque de Messape, où d'un panache altier
L'ondoyante parure ombrageoit son cimier.

Ils sortent. Cependant un escadron d'élite,
La fleur d'un corps nombreux qu'elle laisse à sa suite,
En ordre s'avançoit des murs de Latinus,
Et portoit un message au superbe Turnus;
Volscens le conduisoit : déjà d'un pas agile
Ils approchoient du camp et découvroient la ville,
Quand son regard, perçant au sein de la forêt,
A vu de loin fuyant par un sentier secret
Avec son cher Nisus le charmant Euryale.
Vain espoir! Un rayon de l'aube matinale

111.

40

Haud temerè est visum, conclamat ab agmine Volscens s

State, viri; quæ causa viæ ? quive estis in armis ?—
Quove tenetis iter? Nihil illi tendere contrà;

Sed celerare fugam in silvas, et fidere nocti.
Objiciunt equites sese ad divortia nota

Hinc atque hinc, omnemque abitum custode coronant.
Silva fuit latè dumis atque ilice nigrâ

Horrida, quam densi complèrant undique sentes;
Rara per occultos ducebat semita calles.

Euryalum tenebræ ramorum onerosaque præda
Impediunt; fallitque timor regione viarum.
Nisus abit : jamque imprudens evaserat hostes,
Ad lucos qui pòst, Albæ de nomine, dicti
Albani; tum rex stabula alta Latinus habebat.
Üt stetit, et frustra absentem respexit amicum :
Euryale infelix, quâ te regione reliqui?

Quâve sequar? Rursus perplexum iter omne revolvens

Fallacis silvæ, simul et vestigia retro

Observata legit, dumisque silentibus errat.

Audit equos, audit strepitus et signa sequentum.

Vient tomber sur son casque, et de ce jour douteux
Le perfide reflet les a trahis tous deux.

« Je ne me trompois pas; arrêtez-vous, s'écrie
» L'inflexible Volscens : quelle est votre patrie?
» De quel lieu venez-vous? où portez-vous vos pas?
» Quels sont vos noms, vos chefs? parlez, jeunes soldats. »
Ils ne répondent rien; et, se glissant dans l'ombre,
De la nuit protectrice et de la forêt sombre
Ils implorent du lieu la double obscurité.
Mais aux détours connus, placés de tout côté,
De nombreux cavaliers ferment chaque passage,
Dans la noire épaisseur de ce profond ombrage,
A travers les taillis, les rameaux buissonneux
Coupés de loin en loin de sentiers épineux,
Euryale poursuit sa route embarrassée;
De son pesant butin sa force harassée
Cède à ce riche poids, et la nuit et la peur
Ont égaré ses pas dans un sentier trompeur.
Nisus vole, et s'échappe enfin sur la colline
Qui de Rome au berceau vit la noble origine,
Riche domaine alors du monarque ennemi.
Il s'arrête, il se tourne, il cherche son ami;
Il ne le trouve plus : « O mon cher Euryale!
» Où l'ai-je donc laissé? par quelle erreur fatale

« 前へ次へ »