ページの画像
PDF
ePub

«

Applaudis-toi, dit-il à son jeune rival,

» Numanus a par loi reçu le coup fatal;

[ocr errors]

» Moi-même je pourrois envier ta victoire :
» Mais ce prélude heureux doit suffire à ta gloire,
» Tu dois compte aux destins de tes jours précieux.
Il dit, et s'évapore, et disparoît aux yeux :
Mais son casque divin, ses traits qui retentissent,
Tout décèle Apollon. Les Troyens obeissent;
Et, du jeune héros arrêtant la valeur,
Volent où les dangers appellent leur grand cœur.
Aussitôt on entend le long de leurs murailles
Courir les cris affreux, précurseurs des batailles ;
Tous les arcs sont tendus, les traits fendent les airs,
Les cieux en sont noircis, les champs en sont couverts.
Là, doublant la vigueur de la main qui la lance,
La courroie en sifflant laisse échapper la lance;
On entend retentir et casque et bouclier;
L'acier avec fracas heurte contre l'acier.

Avec moins de fureur la saison orageuse
Épanche en noirs torrens la pluie impétueuse ;

A coups moins redoublés, moins prompts et moins bruyans,
La grèle épaisse tombe et bondit dans les champs,
Quand le grand Jupiter, déchirant les nuages,
Fait partir la tempête, et siffler les orages.

Pandarus et Bitias, Idæo Alcanore creti, Quos Jovis eduxit luco silvestris Iæra, Abietibus juvenes patriis et montibus æquos, Portam, quæ ducis imperio commissa, recludunt Freti armis, ultroque invitant manibus hostem. Ipsi intus dextrâ ac lævâ pro turribus adstant. Armati ferro, et cristis capita alta corusci : Quales aëria liquentia flumina circum,

Sive Padi ripis, Athesim seu propter amœnum, Consurgunt geminæ quercus, intonsaque cœlo Atiollunt capita, et sublimi vertice nutant. Irrumpunt, aditus Rutuli ut vidère patentes. Continuò Quercens, et pulcher Aquicolus armis,

Et

præceps animi Tmarus, et mavortius Hæmon, Agminibus totis aut versi terga dedère,

Aut ipso portæ posuere in limine vitam.
Tum magis increscunt animis discordibus iræ;
Et jam collecti Troës glomerantur eodem,

Et conferre manum et procarrere longiùs audent.

Pandare et Bitias, sauvages nourrissons
Des forêts d'Iéra que surpassent leurs fronts,
Tout à coup de leurs murs osent ouvrir les portes,
Et des Latins surpris défier les cohortes :
Du passage chacun protégeant un côté

Au pied de chaque tour se place avec fierté;
Ils comptent sur leurs bras, sur leur terrible lance;
Un long panache ajoute à leur stature immense :
Tels près de l'Éridan, ou dans ces lieux si beaux
Que l'aimable Athésis arrose de ses eaux,
Autour d'eux déployant leurs ombres solennelles,
De deux chênes égaux les tiges fraternelles
S'élèvent à la fois et balancent dans l'air
Leur front que n'a jamais déshonoré le fer.
Des Latins provoqués la foule immense vole;
C'est le mâle Quercens, le brillant Aquicole,
Et l'imprudent Tmarus, et le farouche Hémon ;
Après eux introduite une foule sans nom
A devant ces géans reculé d'épouvante,
Ou du seuil a mordu la poussière sanglante.
Le carnage s'accroît : déjà les assiégés
Par ces premiers succès volent encouragés ;
Leur nombre se grossit, leur ardeur les emporte;
Déjà même plusieurs osent franchir la porte.

Ductori Turno diversâ in parte furenti,

Turbantique viros, perfertur nuntius hostem
Fervere cæde novâ, et portas præbere patentes,
Deserit inceptum, atque immani concitus irâ
Dardaniam ruit ad portam fratresque superbos:
Et primùm Antiphaten, is enim se primus agebat,
Thebanâ de matre nothum Sarpedonis alti,
Conjecto sternit jaculo: volat Itala cornus
Aera per tenerum, stomachoque infixa sub altum
Pectus abit; reddit specus atri vulneris undam
Spumantem, et fixo ferrum in pulmone tepescit.
Tum Meropem atque Erymantha manu,tum sternit Aphi
Tum Bitian ardentem oculis, animisque frementem,
Non jaculo, neque enim jaculo vitam ille dedisset ;
Sed magnum stridens contorta falarica venit,
Fulminis acta modo, quam nec duo taurea terga,
Nec duplici squamâ lorica fidelis et auro

Sustinuit collapsa ruunt immania membra;

:

Dat tellus gemitum, et clypeum super intonat ingens : Qualis in Eubeico Baiarum littore quondan

Dans ce moment, Turnus, poursuivant ses combats,
Semoit ailleurs l'effroi, l'horreur et le trépas:
Tout à coup il apprend que les Troyens sans crainte
De leurs murs aux Latins ne ferment plus l'enceinte,
Que, forts de leur audace, et de sang tout couverts,
Ils laissent leurs remparts insolemment ouverts.
Aussitôt la fureur dans ses regards éclate;

Il accourt, et d'abord il rencontre Antiphate,
Enfant d'une Thebaine et du grand Sarpédon:
Soudain son javelot vers ce fils d'Ilion
Part, atteint le guerrier dans sa course rapide.

Le

sang coule à grands flots sous la pointe homicide; Il meurt, et dans son sein le fer reste enfoncé.

Mérope perd la vie, Érymanthe est blessé,
Aphidenus succombe; enfin sur son passage
Turnus voit accourir, l'œil enflammé de rage,
Un superbe géant, le puissant Bitias :

D'un simple dard alors il n'arme point son bras;
Qu'eût fait un simple dard? mais une énorme lance
Qui de son bras nerveux part avec violence,
Plus prompte que l'éclair, suit son bruyant essor:
Vainement sa cuirasse et ses écailles d'or
Protègent le Troyen; il tombe sous ce foudre,
Et son corps gigantesque est couché dans la poudre

« 前へ次へ »