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» C'est là qu'il faut marcher. O divine prêtresse! » Dit alors Déiphobe, excusez ma tendresse.

Je

» pars: yous,

d'Ilion l'ornement glorieux,

» Adieu; plaignez mon sort, et soyez plus heureux.
Il dit, et dans la foule en pleurant se retire.
Énée alors regarde, et de ce sombre empire
A gauche il apperçoit ce séjour enflammé,
Que d'un triple rempart les dieux ont enfermé.
Autour le Phlégéthon, aux ondes turbulentes,
Roule d'affreux rochers dans ses vagues brûlantes.
La porte inébranlable est digne de ces murs:
Vulcain la composa des métaux les plus durs:
Le diamant massif en colonnes s'élance;
Une tour jusqu'aux cieux lève son front immense :
Les mortels conjurés, les dieux et Jupiter,
Attaqueroient en vain ses murailles de fer.
Devant le seuil fatal, terrible, menaçante,
Et retroussant les plis de sa robe sanglante,
Tisiphone bannit le sommeil de ses yeux;
Jour et nuit elle veille aux vengeances des dieux.
De la partent des cris, des accens lamentables,
Le bruit affreux des fers traînés par les coupables,

Tum vates sic orsa loqui : Dux inclyte Teucrùm,

Nulli fas casto sceleratum insistere limen;
Sed me, quum lucis Hecate præfecit Avernis,
Ipsa deùm
pœnas docuit, perque omnia duxit.

Gnosius hæc Rhadamanthus habet durissima regna;
Castigatque auditque dolos, subigitque fateri

Quæ quis apud superos, furto lætatus inani,
Distulit in seram commissa piacula mortem.
Continuò sontes ultrix accincta flagello
Tisiphone quatit insultans; tortosque sinistrâ
Intentans angues, vocat agmina sæva sororum.

Tum demum horrisono stridentes cardine sacræ

Panduntur portæ. Cernis custodia qualis

Ves: bulo sedeat? facies quæ limina servet?

Le sifflement des fouets dont l'air au loin gémit. Le fils des dieux s'arrête, il écoute, il frémit: « O prêtresse, dit-il, quelles sont ces victimes? » Qui prononça leur peine ? et quels furent leurs crimes? » Parlez, instruisez-moi. -Prince religieux,

Répond-elle, gardez d'approcher de ces lieux. » La vertu doit de loin voir le séjour des vices. » Mais je puis des méchans vous tracer les supplices: » Diane à sa prêtresse a tout dit, tout montré.

>>

» Rhadamanthe en ces lieux juge, absout à son gré:

Terrible, il interroge, il entend les coupables,

» Les contraint d'avouer les forfaits execrables

>> Qu'ils ont cachés dans l'ombre, et qu'au sein de la mort »Ne peut plus expier un stérile remord.

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Tisiphone aussitôt, vengeresse des crimes,

» Prend ses fouets, ses serpens, et poursuit ses victimes;

» Tonne, frappe, redouble; et, lassant ses fureurs,

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Appelle à son secours ses effroyables sœurs, »

Elle parloit: soudain, avec un bruit terrible,

Sur ses gonds mugissans tourne la porte horrible;
Elle s'ouvre : « Tu vois dans ce séjour de deuil
Quel monstre épouvantable en assiège le seuil.

Quinquaginta atris immanis biatibus Hydra
Sævior intus habet sedem : tum Tartarus ipse
Bis patet in præceps tantùm, tenditque sub umbras,
Quantus ad ætherium cœli suspectus Olympum.
Hic genus antiquum terræ, Titania pubes,
Fulmine dejecti, fundo volvuntur in imo.

Hic et Aloidas geminos, immania, vidi,
Corpora, qui manibus magnum rescindere cœlum
Aggressi, superisque Jovem detrudere regnis.
Vidi et crudeles dantem Salmonea pœnas,
Dum flammas Jovis et sonitus imitatur Olympi.
Quatuor hic invectus equis, et lampada quassans,
Per Graiûm populos mediæque per Elidis urbem
Ibat ovans, divûmque sibi poscebat honorem:
Demens! qui nimbos et non imitabile fulmen
Ære et cornipedum pulsu simulârat equorum.
At pater omnipotens densa inter nubila telum
Contorsit; non ille faces, nec fumea tædis

» Plus loin, s'enflant, dressant ses tètes menaçantes,

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L'Hydre ouvre en mugissant ses cent gueules béantes. L'œil n'ose envisager ces autres écumans.

Enfin, l'affreux Tartare et ses neirs fondemens

Plongent plus bas encor que de leur nuit profonde

» Il ne s'étend d'espace à la voûte du monde.

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Là, de leur chute horrible encor épouvantés,

» Roulent ces fiers géants par la terre enfantés.

» Là, des fils d'Alois gissent les corps énormes;

D

» Ceux qui, fendant les airs de leurs têtes difformes, » Osèrent attenter aux demeures des dieux,

» Et du trône éternel chasser le roi des cieux.

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Là, j'ai vu de ces dieux le rival sacrilège,

Qui, du foudre usurpant le divin privilège, » Pour arracher au peuple un criminel encens, » De quatre fiers coursiers aux pieds retentissans » Attelant un vain char dans l'Élide tremblante, » Une torche à la main y semoit l'épouvante : » Insensé qui, du̟ciel prétendu souverain, » Par le bruit de son char et de son port d'airain, »Du tonnerre imitoit le bruit inimitable!

» Mais Jupiter lança le f.udre véritable,

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