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» De ses longues erreurs revenu désormais, » Sur sa pierre immobile il s'assied pour jamais. » C'est là son dernier trône : exemple épouvantable! Là, sans cesse il redit d'une voix lamentable:

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— « Par le destin cruel que j'éprouve en ces lieux, » Apprenez, ô mortels! à respecter les dieux. » » Ils ont leur place ici, ces lâches mercenaires

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Qui vendent leur patrie à des lois étrangères.

» La peine suit de près ce père incestueux

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Qui jeta sur sa fille un œil voluptueux,

» Et, jusque dans son lit portant sa flamme impure, » D'un horrible hyménée outragea la mature. » Ils sont jugés ici tous ces juges sans foi,

» Qui de l'intérêt seul reconnoissoient la loi; ~

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Qui, mettant la justice à d'infàmes enchères,

>> Dictoient et rétractoient leurs arrêts mercenaires, » Et de qui la balance, inclinée à leur choix, » Corrompit la justice, et fit mentir les lois; » Tous ces profanateurs des liens légitimes, » Tout ce qui fut coupable, et jouit de ses crimes. » Non, quand j'aurois cent voix, je ne pourrois jamais Dire tous ces tourmens, compter tous ces forfaits.

Dixerat ; et pariter, gressi per opaca viarum,
Corripiunt spatium medium, foribusque propinquant.
Occupat Æneas aditum, corpusque recenti
Spargit aquâ, ramumque adverso in limine figit.
His demum exactis, perfecto munere divæ,

Devenere locos lætos, et amœna vireta
Fortunatorum nemorum, sedesque beatas.
Largior hîc campos æther et lumine vestit
Purpureo; solemque suum, sua sidera, norunt.
Pars in gramineis exercent membra palæstris ;
Contendunt ludo, et fulvâ luctantur arenâ;
Pars pedibus plaudunt choreas, et carmina dicunt.
Nec non Threicius longâ cum veste sacerdos

» Mais c'est trop de discours; ranime ton courage,
» Suis-moi : je vois d'ici ce magnifique ouvrage,
» Ce palais de Pluton, noble rival des cieux,

» Et du dieu de Lemnos chef-d'œuvre audacieux.
Voici bientôt la porte où la branche divine

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»Doit, par sa riche offrande, appaiser Proserpine.»
Elle dit: et tous deux par des sentiers obscurs,
Is poursuivent leur roule, et marchent vers ces murs.
Le héros, le premier, touche au bout de sa course,
Se baigne en des flots purs, tout récens de leur source,
Et suspend son hommage au palais de Pluton.
Ils avancent: au lieu de l'ardent Phlégéthon
Et des rocs que rouloit son onde impétueuse,
Des vergers odorans l'ombre voluptueuse,
Les prés délicieux et les bocages frais,
Teut dit: voici les lieux de l'éternelle paix!

Ces beaux lieux ont leur ciel, leur soleil, leurs étoiles;
Là, de plus belles nuits éclaircissent leurs voiles;
Là, pour favoriser ces douces régions,

Vous diriez le ciel a choisi ses rayons.

que

Tantôt ce peuple heureux, sur les herbes naissantes,
Exerce, en se jouant, des luttes innocentes;

Obloquitur numeris septem discrimina vocum :
Jamque eadem digitis, jam pectine pulsat eburno.
Hic genus antiquum Teucri, pulcherrima proles,
Magnanimi heroes, nati melioribus annis,
Ilusque, Assaracusque, et Troja Dardanus auctor.
Arma procul currusque virûm miratur inanes.
Stant terrâ defixæ hastæ, passimque soluti
Per campos pascuntur equi. Quæ gratia currûm
Armorumque fuit vivis, quæ cura nitentes
Pascere equos, eadem sequitur tellure repostos.
Conspicit ecce alios dextrâ lævâque per herbant
Vescentes, lætumque choro Pæana canentes,
Inter odoratum lauri nemus, unde supernè
Plurimus Eridani per silvam volvitur amnis.
Hic manus, ob patriam pugnando vulnera passi,
Quique sacerdotes casti dum vita manebat,

Quique pii vates et Phœbo digna locuti,

Inventas aut qui vitam excoluere

per artes,

Tantôt leurs pieds légers, sur de rians gazons,
Bondissent en cadence au doux bruit des chansons.
D'autres touchent la lyre ; à leur tèle est Orphée,
Tel qu'il charma jadis les sommets du Riphée :
Son luth harmonieux, qu'accompagne sa voix,
Ou frémit sous l'archet, ou parle sous ses doigts:
L'ail suit les plis mouvans de sa robe flottante,
L'oreille est suspendue à sa lyre touchante,
Et, sur sept fils divins où résonnent sept tons,
Son doigt léger parcourt l'intervalle des sons.
Là brillent réunis, dans des scènes champêtres,
Les héros des Troyens, leurs princes, leurs ancêtres ;
Tous, conservant les goûts dont ils furent épris,
Dans ce séjour de paix offrent aux yeux surpris
Des ombres retraçant les scènes de la guerre :
Ici, des javelots enfoncés dans la terre;
Là, des coursiers sur l'herbe errant paisiblement,
Des armes et des chars le noble amusement,
Ont suivi ces guerriers sur cet heureux rivage,
Et de la vie encore ils embrassent l'image.
Du tranquille bonheur qui règne dans ces lieux
Une scène plus douce attire encor ses yeux.

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