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84) PAGE 30, VERS 5.

Extemplò Libya magnas it Fama per urbes, etc.

Plusieurs poëtes, après Virgile, ont fait des descriptions de la Rénommée; la première est celle d'Ovide dans le douzième livre des Métamorphoses, très bien rendue par M. Desaintange. Le palais de la déesse y est décrit d'une manière brillante; mais la prolixité et la monotonie des couleurs empêchent d'en distinguer les traits les plus remarquables.

La description de Boileau, dans le second chant du Lutrin, est beaucoup moins étendue; mais aucun des traits que comportoit son sujet n'y est oublié :

Cependant cet oiseau qui prône les merveilles,
Ce monstre, composé de bouches et d'oreilles,
Qui, sans cesse volant de climats en climats,
Dit partout ce qu'il sait et ce qu'il ne sait pas;
La Renommée enfin, cette prompte courrière,
Va d'un mortel effroi glacer la perruquière.

Voltaire a fait aussi, en décrivant la Renommée dans le huitième chant de la Henriade, une heureuse imitation de Virgile. Mais celle de J.-B. Rousseau, dans sa belle Ode au prince Eugène, nous paroît supérieure à toutes les autres par la rapidité et le mouvement:

Quelle est cette déesse énorme,
Ou plutôt ce monstre difforme,
Tout couvert d'oreilles et d'yeux,
Dont la voix ressemble au tonnerre,

Et qui, des pieds touchant la terre,
Cache sa tête dans les cieux?

C'est l'inconstante Renommée,
Qui, sans cesse les yeux ouverts,
Fait sa revue accoutumée

Dans tous les coins de l'univers;
Toujours vaine, toujours errante,
Et messagère indifférente
Des vérités et de l'erreur,

Sa voix, en merveilles féconde,
Va chez tous les peuples du monde

Semer le bruit et la terreur.

(ROUSSEAU, liv. III, ode 2.)

35) PAGE 32, VERS 17.

Jupiter omnipotens, cui nunc Maurusia pictis, etc.

Ce discours d'larbe est plein de toute la chaleur et de tout l'emportement d'un caractère exalté par les ardeurs du ciel africain; il exprime d'ailleurs tout l'orgueil d'un fils de Jupiter, qui semble lui-même tenir en main les foudres de son père.

36) PAGE 34, VERS 8.

Váde ăgě, nátě, võcā Zěphirōs, ēt láběrě pēnnīs. M. de Marmontel a remarqué avec raison l'extrême légèreté de ce vers, presque tout entier composé de dactyles.

Le discours de Jupiter a toute la dignité convenable au souverain des dieux: Gravidam imperiis, est une de ces hardiesses si communes à Virgile, et si difficiles à transporter dans notre langue; elle rappelle le feta armis du second livre.

37) PAGE 34, VERS 22.

Naviget; hæc summa est : hic nostrî nuntius esto.

Ce versa, si j'ose ainsi dire, toute la précision et toute la fermeté du commandement.

La description de l'appareil dont s'entoure Mercure a perdu une grande partie de l'intérêt qu'elle avoit pour les anciens; mais les vers qui l'expriment, conservent encore pour nous tout le charme que ne perd jamais la belle poésie. On en peut dire autant de la description d'Atlas, l'aïeul de Mercure, changé en montagne. La comparaison de ce dieu, effleurant d'une aile légère le rivage de Carthage, est un des larcins assez fréquens que le poëte latin a faits à Homère.

35) PAGE 38, VERS 6.

Pulchramque uxorius urbem, etc.

Horace paroît avoir emprunté cette expression de Virgile, lorsqu'il a dit dans une de ses odes: Uxorius amnis.

39) PAGE 38, VERS 20.

Arrectæque horrore comæ, et vox faucibus hæsit.

Ce vers est encore un de ceux que Virgile s'est pris à luimême. Ce n'est point la crainte des dieux qu'il a voulu exprimer, c'est le respect d'Énée pour la présence de la divinité. Aussi son premier mouvement est d'obéir, mais avec tout le regret que doivent lui inspirer les bienfaits de Didon, sa tendresse pour elle, et le charme d'un asile où il

trouvoit un repos si chèrement acheté par un long exil et les fatigues d'une pénible navigation: son irrésolution concourt encore à diminuer ce que son départ peut avoir d'odieux.

40) PAGE 40, VERS II.

Læti parent, ac jussa facessunt.

La joie empressée avec laquelle les Troyens se disposent à partir, sert aussi à justifier Énée. Enfin, Virgile n'a oublié, dans la suite de ce chant, aucun des traits qui pouvoient disculper son héros des torts qu'on s'obstine à lui trouver. 4) PAGE 40, VERS 12.

At regina dolos (quis fallere possit amantem?)
Præsensit, motusque excepit prima futuros, etc.

Ces premières impressions que produit sur le cœur de Didon la nouvelle du prochain départ d'Énée, sont peintes avec beaucoup de force et de vérité. Cette exclamation: Quis fallere possit amantem? est surtout remarquable. Omnia tuta timens, exprime bien les alarmes et l'inquiétude qui accompagnent l'amour. On ne pouvoit mieux peindre son délire qu'en le comparant à celui des bacchantes.

42) PAGE 40, VERS 21.

Dissimulare etiam sperasti, perfide, tantum

Posse nefas, tacitusque meà decedere terrâ ? etc.

Nous avons déjà observé le caractère de ce discours,

la passion est véritablement éloquente. Didon espère encore,

et l'amour, dans cette situation, met quelque mesure à l'expression de sa fureur; aussi, dans cette première explication, les sentimens tendres et passionnés reviennent-ils plus souvent que les accens de la colère et de l'emportement. La reine paroît craindre autant les dangers auxquels s'exposé son amant, que les malheurs qui l'attendent elle-même. 43) PAGE 44, VERS 9.

Ego te, quæ plurima fando

Enumerare vales, numquam, regina, negabo
Promeritam, etc.

Ce qui touche le plus un cœur noble, c'est le reproche d'ingratitude; aussi c'est ce reproche qu'Énée repousse avant tout. Les ordres des dieux, la volonté du destin, l'apparition de son père qui lui rappelle ses devoirs, achèvent sa justification. Mais, comme nous l'avons remarqué ailleurs, peut-être l'amant de Didon, près de la quitter, lui devoit-il une réponse plus douce et plus galante, et des expressions plus vives de reconnoissance et de regret.

44) PAGE 46, VERS 17.

Talia dicentem jam dudum aversa tuetur, etc.

La réplique de Didon est d'abord toute entière dans ses regards, dans son attitude, et même dans son silence. Ce second discours, par la raison que nous avons déjà alléguée, devoit être plus violent, plus emporté que celui qui le précède; moins d'espérance devoit produire plus de colère : aussi ne peut-on rien ajouter aux mouvemens de désespoir

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