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Bientôt il passeroit celui qui le devance,
Ou du moins laisseroit la victoire en balance.
Tout couverts de poussière, échauffés, palpitans,
Déjà touchoient au but les jeunes combattans,
Quand Nisus, rencontrant le sang d'un sacrifice,
(Hélas! pour lui ce sang est loin d'être propice.)
Déjà touchant la palme, et déjà sans rivaux,
Sur le terrain trempé du meurtre des taureaux
Glisse, et, se débattant sur son pied qui chancelle,
Tombe, et roule étendu dans le sang qui ruisselle.
Mais s'il perd la victoire, Euryale vainqueur,
Son Euryale au moins consolera son cœur.
De ce bourbier sanglant il sort, il se relève,
S'oppose à Salius dont la course s'achève.
Dans son élan rapide avec force heurté
Salius à son tour tombe précipité.

Aux soins de l'amitié fier de devoir sa gloire,

Euryale court, vole, et saisit la victoire :

Son succès réunit tous les cœurs, tous les vœux.
Hélymus suit de près ses pas victorieux;

Et Diorès enfin triomphe le troisièmc.

Mais Salius réclame; et son dépit extrême,

Aux premiers rangs du cirque adressant de longs cris, Revendique l'honneur que la ruse a surpris:

Sa plainte, son malheur, le bon droit, sont ses armes. Euryale a pour lui la grâce de ses larmes,

Le vœu public séduit d'aimables dehors,

par

Sa naissante vertu, plus belle en un beau corps,

Qui subiit palmæ, frustraque ad præmia venit
Ultima, si primi Salio redduntur honores.

Tum pater Æneas: Vestra, inquit, munera vobis

Certa manent, pueri; et palmam movet ordine nemo :

Me liceat casus miserari insontis amici.

Sic fatus, tergum Gætuli immane leonis

Dat Salio, villis onerosum atque unguibus aureis.
Hic Nisus: Si tanta, inquit, sunt præmia victis,
Et te lapsorum miseret ; quæ munera Niso
Digna dabis, primam merui qui laude coronam,
Ni me, quæ Salium, fortuna inimica tulisset?
Et simul his dictis faciem ostentabat, et udo
Turpia membra fimo. Risit pater optimus olli
Et clypeum efferri jussit, Didymaonis artes,
Neptuni sacro Danais de poste refixum.

Hoc juvenem egregium præstanti munere donat.

Post, ubi confecti cursus, et dona peregit:

Nunc, si cui virtus animusque in pectore præsens,

Son silence touchant, et sa douce tristesse.
Diorès le seconde; il parle, il crie, il presse
Les juges du combat: arrivé le dernier,

Il perd, si Salius est nommé le premier,
Et la troisième palme et la troisième place.

Le prince lui sourit, et, d'un ton plein de grâce,

« Vos prix sont assurés; mais souffrez que mon cœur >> D'un ami malheureux console la douleur. »

Il dit: et Salius reçoit pour récompense

La peau d'un fier lion, dont la dépouille immense Forme un riche trophée, et s'embellit encor

Et de ses crins touffus, et de ses ongles d'or.
«< Ah! si les vaincus même ont un si beau partage,
» Si de vous le malheur obtient un tel hommage,
Que réservez-vous donc, s'écrie alors Nisus,
» A moi qu'un même sort égale à Salius,
» Et qui, s'il ne l'obtient, mérite la couronne? »
Ainsi Nisus aux cris, aux plaintes s'abandonne,
Et montre en même temps ses vêtemens mouillés,
Et de fange et de sang ses bras encor souillés.
Le prince avec bonté console sa tristesse,
Prend un beau bouclier, dépouille de la Grèce,
Au souverain des mers autrefois consacré,
Et que Didymaon lui-même a décoré;

Met aux mains de Nisus cet admirable ouvrage,
Et de sa chute ainsi console au moins l'outrage.
Quand le prince troyen à ces jeunes rivaux
Eut fermé la carrière et payé leurs travaux:

Adsit, et evinctis attollat brachia palmis.
Sic ait; et geminum pugnæ proponit honorem :
Victori velatum auro vittisque juvencum;
Ensem, atque insignem galeam, solatia victo.
Nec mora; continuò vastis cum viribus effert
Ora Dares, magnoque virum se murmure tollit:
Solus qui Paridem solitus contendere contra ;
Idemque ad tumulum quo maximus occubat Hector
Victorem Buten immani corpore, qui se

Bebryciâ veniens Amyci de gente ferebat,
Perculit, et fulvâ moribundum extendit arenâ,
Talis prima Dares caput altum in prælia tollit:
Ostenditque humeros latos, alternaque jactat
Brachia protendens, et verberat ictibus auras.
Quæritur huic alius: nec quisquam ex agmine tanto
Audet adire virum, manibusque inducere cestus.
Ergo alacris, cunctosque putans excedere palmâ,
Æneæ stetit ante pedes; nec plura moratus,
Tum lævâ taurum cornu tenet, atque ita fatur :
Nate deâ, si nemo audet se credere pugnæ,
Quæ finis standi? quò me decet usque

teneri ?

Ducere dona jube. Cuncti simul ore fremebant

<< Maintenant, que celui qui brûle pour la gloire
» Vienne, le ceste en main, disputer la victoire. »
Il dit, et, pour flatter les vœux des concurrens,
Leur propose deux prix, deux honneurs différens:
Au vainqueur un taureau dont la corne dorée
De longs festons de laine et de fleurs est parée;
D'une éclatante épée et d'un casque brillant
Le vaincu recevra le tribut consolant.

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Aussitôt, au milieu d'un doux et long murmure,
Darès paroît, tout fier de sa haute stature;
Darès, qui de Pâris seul balança le nom;
Darès, de qui le bras, sous les murs d'Ilion,
Près du tombeau d'Hector, par un combat célèbre
Honorant ce héros et sa pompe funèbre,
De l'énorme Butès, ce Bébryce orgueilleux,
Qui comptoit Amycus au rang de ses aïeux,
Terrassa la fureur, et de sa main puissante
Coucha son front altier sur la poudre sanglante.
Il se lève, il prélude: étendus en avant,
Ses deux bras tour à tour battent l'air et le vent.
Il montre leur vigueur, montre sa taille immense,
Et du prix qu'il attend s'enorgueillit d'avance.
On cherche un adversaire à ce jeune orgueilleux;
Mais nul n'ose tenter ce combat périlleux.
Alors, fier, et déjà d'une main assurée
Saisissant le taureau par sa corne dorée,
<< Fils d'Anchise, dit-il, si, glacé par l'effroi,
» Nul n'ose à ce combat s'exposer contre moi,

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