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v. 386. Dardanidæ, reddique viro promissa jubebant.

Hic gravis Entellum dictis castigat Acestes,
Proximus ut viridante toro consederat herbæ :
Entelle, heroum quondam fortissime frustra,
Tantane tam patiens nullo certaminė tolli
Dona sines? ubi nunc nobis deus ille, magister
Nequidquam memoratus, Eryx? ubi fama

omnem

per Trinacriam, et spolia illa tuis pendentia tectis? Ille sub hæc : Non laudis amor, nec gloria cessit Pulsa metu; sed enim gelidus tardante senectâ Sanguis hebet, frigentque effetæ in corpore vires. Si mihi, quæ quondam fuerat, quâque improbus iste Exsultat fidens, si nunc foret illa juventas;

Haud equidem pretio inductus pulchroque juvenco
Venissem: nec dona moror. Sic deinde locutus,

In medium geminos immani pondere cestus
Projecit, quibus acer Eryx in prælia suetus
Ferre manum, duroque intendere brachia tergo.
Obstupuêre animi: tantorum ingentia septem

» Pourquoi ces vains délais et cette attente vaine?

>> Ce taureau m'appartient, ordonnez qu'on l'emmène. »> Ainsi parle Darès d'un air triomphateur:

Les Troyens font entendre un murmure flatteur,
Et réclament pour lui les honneurs qu'il demande.
Alors le vieil Aceste avec douceur gourmande
Entelle son ami, son digne compagnon,
Assis à ses côtés sur un lit de gazon:

«< Entelle, lui dit-il, de ton antique gloire
» N'as-tu donc conservé qu'une oisive mémoire?
» Et d'un cœur patient verras-tu sous tes yeux
>> Enlever sans combat un prix si glorieux?
>> Où donc est cet Éryx autrefois notre maître,
>> Ce dieu que la Sicile en toi crut voir renaître ?
» Où sont tes fiers combats, ces dépouilles, ces prix,
» En pompe suspendus à tes nobles lambris? »

- «La peur, dit le vieillard, gardez-vous de le croire, » N'affoiblit point en moi l'ardeur de la victoire : » Mais l'âge éteint ma force; et de ce foible corps

>>> La glace des vieux ans engourdit les ressorts.

» Si j'étois jeune encor, si j'étois à cet âge

>> Qui de cet insolent enhardit le courage,

» Sans prétendre à ce prix dont je suis peu flatté,

» J'aurois d'un tel rival rabattu la fierté. »

Il dit, et de ses mains fait tomber sur le sable
De cestes menaçans un couple épouvantable,
Arme affreuse qu'Éryx, en marchant aux combats,
Autrefois enlaçoit à ses robustes bras.

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Terga boum plumbo insuto ferroque rigebant.
Ante omnes stupet ipse Dares, longèque recusat:
Magnanimusque Anchisiades et pondus et ipsa
Huc illuc vinclorum immensa volumina versat.
Tum senior tales referebat pectore voces:
Quid, si quis cestus ipsius et Herculis arma
Vidisset, tristemque hoc ipso in littore pugnam?
Hæc germanus Eryx quondam tuus arma gerebat:
Sanguine cernis adhuc fractoque infecta cerebro.
His magnum Alciden contra stetit: his ego suetus,
Dum melior vires sanguis dabat, æmula necdum
Temporibus geminis canebat sparsa senectus.
Sed, si nostra Dares hæc Troïus arma recusat,
Idque pio sedet Æneæ, probat auctor Acestes,
Equemus pugnas. Erycis tibi terga remitto;
Solve metus; et tu Trojanos exue cestus.

Et

Hæc fatus, duplicem ex humeris rejecit amictum; magnos membrorum artus, magna ossa, lacertosque,

Tout le monde en silence en contemple la forme;
Chacun tremble à l'aspect de cette masse énorme,
Où, du fer et du plomb couvrant le vaste poids,
La peau d'un bœuf entier se redouble sept fois.

Darès même a senti reculer son audace.

Énée

avec effort soulève cette masse;

Il déroule en ses mains, il mesure des yeux,
Et son volume immense, et ses immenses nœuds.
« Darès, reprend Entelle, à cet aspect recule;
>> Et que seroit-ce donc si du terrible Hercule
» Il avoit vu le ceste et le combat fameux
>> Qui de sang autrefois rougit ces mêmes lieux?
>> L'arme que vous voyez, si vaste, si pesante,
» De votre frère Éryx chargea la main vaillante,
» Et des crânes rompus et des os fracassés
» Les vestiges sanglans y sont encor tracés.
- Avec elle il lutta contre le grand Alcide;
» Par elle j'illustrai ma jeunesse intrépide,

» Avant qu'un si long âge eût blanchi mes cheveux,

» Et que le temps jaloux domtât ces bras nerveux.

ע

>> Mais si ce fier Troyen craint ce terrible ceste,

» Si c'est le vœu d'Énée et le désir d'Aceste,

» De cette arme à Darès je fais grâce en ce jour: » A son ceste troyen qu'il renonce à son tour. >> Marchons; portons tous deux dans ces luttes rivales » Et des dangers égaux, et des armes égales. »

Alors, montrant tout nus et tout prêts aux combats Son corps, ses reins nerveux, ses redoutables bras,

Exuit, atque ingens mediâ consistit arenâ.

Tum satus Anchisâ cestus pater extulit æquos,
Et paribus palmas amborum innexuit armis.
Constitit in digitos extemplò arrectus uterque,
Brachiaque ad superas interritus extulit auras.
Abduxêre retro longè capita ardua ab ictu;
Immiscentque manus manibus, pugnamque lacessunt.
Ille pedum melior motu, fretusque juventâ :

Hic membris et mole valens; sed tarda trementi
Genua labant; vastos quatit æger anhelitus artus.
Multa viri nequidquam inter se vulnera jactant,
Multa cavo lateri ingeminant, et pectore vastos
Dant sonitus; erratque aures et tempora circum
Crebra manus; duro crepitant sub vulnere malæ.
Stat gravis Entellus, nisuque immotus eodem,
Corpore tela modò atque oculis vigilantibus exit.
Ille, velut celsam oppugnat qui molibus urbem,

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