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de la séparation, le suivre sur toutes les mers; elles sont prêtes à braver tous les périls; elles ne peuvent se détacher de leurs compatriotes,

Complexi inter se noctemque diemque morantur.

Rien n'est plus vrai que ce contraste; rien n'est plus touchant que cette peinture.

20) PAGE 216, VERS 16.

Cæruleo per summa levis volat æquora curru:
Subsidunt undæ, etc.

Cette description de Neptune faisant voler son char sur la surface des eaux, et des monstres marins, immania cete, qui bondissent autour de lui, est imitée de l'Iliade; et, quoiqu'elle soit très belle, elle n'est pourtant pas égale à l'original, à l'image de ce dieu qui atteint en trois pas au but de sa course. Mais, dans d'autres passages, les dieux de l'Eneide ont un caractère non moins imposant que ceux de l'Iliade. Si les dieux d'Homère paroissent avoir quelquefois des traits plus fiers et plus hardis, Virgile donne aux siens une majesté plus soutenue, et les fait agir avec plus de jugement. « Homère, dit Pope, ressemble à son Jupiter, qui,

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lorsqu'il veut effrayer le monde, ébranle l'Olympe, lance » la foudre et les éclairs. Virgile aussi ressemble à Jupiter, » mais à Jupiter bienfaisant, lorsqu'il délibère avec les » dieux, trace le plan des empires, et dispose tout avec >> une souveraine sagesse. »

DU LIVRE SIXIÈME.

ÉNÉE aborde à Cumes, ville et port de la Campanie ; et, suivant les conseils de son père, il va d'abord consulter la sibylle Deiphobe, qui lui prédit tout ce qui doit lui arriver en Italie, avant qu'il y puisse fonder une ville et établir sa colonie. Après avoir celebré la cérémonie des obsèques de Misène son trompette, et lui avoir fait elever un tombeau sur le promontoire qui porte encore son nom, il va chercher, suivant l'ordre de la sibylle, dans une vaste forêt, le rameau d'or, sans lequel il lui eût été impossible de pénétrer aux enfers. Ayant enfin trouvé le précieux rameau, il le porte à la sibylle, qui le fait descendre avec elle aux enfers par l'embouchure du lac d'Averne. Il rencontre d'abord tous les monstres qui étoient à l'entrée de cet affreux séjour; il arrive ensuite sur les bords du Styx, où, parmi les ombres qui se présentent en foule sur le rivage, et qui supplient Caron de les recevoir dans sa barque, il reconnoît Oronte et son pilote Palinure. Le héros, toujours accompagné de la sibylle, est reçu dans la barque, à la faveur du rameau d'or. Il traverse le fleuve; et le chien Cerbère ayant été endormi par un gâteau soporifique que la sibylle lui jette, ils parcourent ensemble les différens lieux qui partagent l'empire des ombres. Énée rencontre l'infortunée Didon; il l'aborde et lui parle, pour essayer de justifier son départ de Carthage; elle dédaigne de l'écouter, et se retire sans lui répondre. Il

passe dans le séjour de ceux qui ont acquis de la gloire par les armes ; il reconnoît parmi eux Deiphobe, fils de Priam, le troisième mari d'Hélène, qui lui apprend les funestes circonstances de sa mort. Il marche ensuite vers le Tartare, séjour des ombres criminelles; la sibylle lui nomme les plus célèbres, et lui peint les divers tourmens qu'elles endurent. Arrivé enfin au palais du roi des enfers, il suspend le rameau d'or à la porte de la demeure de Proserpine; de là ils pas sent l'un et l'autre aux Champs-Élysées, lieux agréables, habité's les par ames heureuses de ceux qui ont bien vécu sur la terre. Musée leur sert de guide pour les conduire dans un vallon où Anchise se promenoit. Anchise reconnoît son fils et lui parle; il lui explique les principes les plus sublimes de la philosophie, et lui développe les mystères de la physique générale, conformément à la doctrine de Platon et à celle de Pythagore, touchant la transmigration des ames; ce qui lui donne lieu de l'entretenir au sujet de sa glorieuse postérité. Il lui nomme les rois d'Albe qui doivent descendre de lui, et ensuite ceux de Rome; il lui peint tous les héros de la république, et surtout Jules-César et Auguste, sans oublier Marcellus, fils d'Octavie sœur de cèt empereur. (Marcellus venoit de mourir à la fleur de l'áge; son éloge funèbre est un des plus beaux morceaux du poëme.) Énée, satisfait de toutes ces connoissances que son père lui donne, sort enfin des enfers par la porte d'ivoire, et revient sur la terre. Il va rejoindre sa flotte qui étoit à l'ancre dans la rade de Cumes; il s'embarque, met à la voile, et arrive enfin à Caïète, ville et port du Latium.

LIBER SEXTUS.

Sic fatur lacrymans, classique immittit habenas, (1

Et tandem Euboïcis Cumarum allabitur oris.
Obvertunt pelago proras: tum dente tenaci
Ancora fundabat naves, et littora curvæ
Prætexunt puppes: juvenum manus emicat ardens
Littus in Hesperium; quærit pars seminæ flammæ
Abstrusa in venis silicis; pars densa ferarum
Tecta rapit, silvas; inventaque flumina monstrat.
At pius Æneas arces quibus altus Apollo
Præsidet, horrendæque procul secreta Sibyllæ,
Antrum immane, petit; magnam cui mentem animumque
Delius inspirat vates, aperitque futura

Jam subeunt Trivia lucos atque aurea tecta.
Dædalus, ut fama est, fugiens Minoïa regna,

Præpetibus pennis ausus se credere coelo,

Insuetum per

iter gelidas enavit ad Arctos,

Chalcidicâque levis tandem superadstitit arce.

:

IL

LIVRE SIXIÈME.

dit, rend leur essor aux ailes des vaisseaux;
Et Cume, enfant d'Eubée, a reçu le héros.
L'anere à la dent mordante en tombant les captive;.
Leur bec regarde l'onde, et leur poupe la rive..
Soudain avec transport mille jeunes Troyens
Touchent d'un saut léger aux bords ausoniens.

Leurs soins sont partagés : du roc qui le recèle

L'un d'un feu petillant fait jaillir l'étincelle;

L'autre parcourt des bois, ou des fleuves nouveaux
Va d'un œil curieux reconnoître les eaux.

Cependant le héros, plein d'espoir et de crainte,
Du temple d'Apollon va visiter l'enceinte,
Et l'antre prophétique où, brûlant de son feu,
La prêtresse en fureur lutte contre le dieu,
Et cache sa présence au vulgaire profane..
Ils découvrent déjà la forêt de Diane,
Et son temple dont l'or relève la beauté..
Dédale, de Minos fuyant la cruauté,
Osa, se confiant à ses rapides ailes,

Tenter un vol hardi dans des routes nouvelles,
Et, vainqueur fortuné des vents glacés du nord,
Sur les remparts de Cume abattit son essor.

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