ページの画像
PDF
ePub

Si potuit manes arcessere conjugis Orpheus,
Threïciâ fretus citharâ fidibusque canoris;
Si fratrem Pollux alternâ morte redemit,

Itque reditque viam toties : quid Thesea, magnum
Quid memorem Alciden? et mî genus ab Jove summo.

Talibus orabat dictis, arasque tenebat;*

Cùm sic orsa loqui vates: Sate sanguine divûm,
Tros Anchisiade, facilis descensus Averno est;
Noctes atque dies patet atri janua Ditis:

opus,

Sed revocare gradum, superasque evadere ad auras,
Hoc
hic labor est. Pauci, quos æquus
quos æquus amavit
Jupiter, aut ardens evexit ad æthera virtus,
Dîs geniti, potuêre. Tenent media omnia silvæ,
Cocytusque sinu labens circumvenit atro.
Quòd si tantus amor menti, si tanta cupido est
Bis Stygios innare lacus, bis nigra videre
Tartara, et insano juvat indulgere labori,
Accipe quæ peragenda priùs. Latet arbore opacâ
Aureus et foliis et lento vimine ramus,
Junoni infernæ dictus sacer : hunc tegit omnis

Lucus, et obscuris claudunt convallibus umbræ.

>> Tour à tour revoyant et perdant la lumière, » Pollux au bord du Styx va remplacer son frère : » Conterai-je Thésée, Alcide, et tous les noms » Des demi-dieux admis dans ces gouffres profonds? » Comme eux de Jupiter j'ai reçu la naissance : » Ayant les mêmes droits j'ai la même espérance. » Ainsi le fils des dieux, une main sur l'autel, Demande une faveur au-dessus d'un mortel. La prêtresse répond : « O l'espoir de ta race! >> Sais-tu bien ce qu'ici demande ton audace? >> Il n'est que trop aisé de descendre aux enfers, >> Les palais de Pluton nuit et jour sont ouverts; » Mais rentrer dans la vie et revoir la lumière >> Est un bonheur bien rare, un vœu bien téméraire. >> Le destin n'accorda ce privilége heureux

» Qu'à peu de favoris issus du sang des dieux. >> Le

passage est fermé par des forêts profondes; >> Le Cocyte alentour roule ses noires ondes. » Mais si tels sont tes vœux, si ton pieux amour >> Veut passer l'Achéron qu'on passe sans retour, Écoute mes leçons : dans la nuit ténébreuse

>>

» Dont un bois vaste entoure une vallée ombreuse, » D'un rameau précieux se cache le trésor; » L'or brille sur sa tige, et son feuillage est d'or. >> La Junon des enfers, l'auguste Proserpine, » Seule a droit au tribut de la branche divine : » Nul ne peut l'aborder qu'avec ce riche don : » C'est l'hommage qu'attend l'épouse de Pluton.

Sed non antè datur telluris operta subire,
Auricomos quàm quis decerpserit arbore fetus.
Hoc sibi pulchra suum ferri Proserpina munus
Instituit. Prime avulso, non deficit alter
Aureus ; et simili frondescit virga metallo.
Ergo altè vestiga oculis, et ritè repertum
Carpe manu: namque ipse volens facilisque sequetur,
Si te fata vocant; aliter, non viribus ullis
Vincere, nec duro poteris convellere ferro.
Præterea jacet exanimum tibi corpus amici,
Heu nescis! totamque incestat funere classem,
Dum consulta petis, nostroque in limine pendes:
Sedibus hunc refer antè suis, et conde sepulcro.
Duc nigras pecudes; ea prima piacula sunto.
Sic demum lucos Stygios, regna invia vivis,
Adspicies. Dixit, pressoque obmutuit ore.

Eneas moesto defixus lumina vultu
Ingreditur, linquens antrum, cæcosque volutat
Eventus animo secum: cui fidus Achates
It comes, et paribus curis vestigia figit.
Multa inter sese vario sermone serebant:

Quem socium exanimem vates, quod corpus humandum,
Diceret. Atque illi Misenum in littore sicco,
Ut venêre, vident, indignâ morte peremptum ;
Misenum Æoliden, quo non præstantior alter

» On a beau l'arracher au tronc qui le possède,

» Soudain un rameau d'or au rameau d'or succède; » Et, toujours reproduit, le fertile métal

» Rend à l'arbre immortel son luxe végétal.

» Toi donc, perçant des bois la nuit silencieuse,
>> Va chercher, va cueillir la branche précieuse :
>> Si dans les sombres lieux t'appelle le destin,
>> Docile, d'elle-même elle suivra ta main;
» Autrement, aucune arme, aucune main mortelle
» Ne pourroit triompher de sa tige rebelle.

>> C'est peu : tandis qu'ici tu consultes les dieux,
» De l'un de tes amis la mort ferme les yeux,
>> Et souille tes vaisseaux de ses vapeurs funestes.
» Dans l'asile des morts va déposer ses restes;

» Offre une brebis noire aux noires déités.

[ocr errors]

Que ces premiers devoirs soient d'abord acquittés :

» Alors tu pourras voir, au gré de ton envie,

» Ces lieux où la mort règne, et qu'abhorre la vie. »
Elle dit. Le héros, le cœur préoccupé,
D'étonnement, de crainte, et de respect frappé,
Triste, les yeux baissés, s'éloignant en silence,
Maudissoit la fortune et sa longue inconstance.
A son chagrin profond Achate unit le sien
Mille discours divers forment leur entretien.
Quel est ce malheureux, quelle est cette ombre chère,
Pour qui Pluton demande un tribut funéraire?
Quand leurs tristes regards, ô coup inattendu!
Reconnoissent Misène à leurs pieds étendu,

Ære ciere viros, Martemque accendere cantu.
Hectoris hic magni fuerat comes: Hectora circum
Et lituo pugnas insignis obibat et hastâ.
Postquam illum vitâ victor spoliavit Achilles,
Dardanio Eneæ sese fortissimus heros

Addiderat socium, non inferiora secutus.
Sed tum fortè cava dum personat æquora conchâ,
Demens, et cantu vocat in certamina divos;
Emulus exceptum Triton (si credere dignum est)
Inter saxa virum spumosâ immerserat undâ.
Ergo omnes magno circùm clamore fremebant,
Præcipuè pius Æneas. Tum jussa sibyllæ,
Haud mora, festinant flentes; aramque sepulcri
Congerere arboribus, coloque educere certant.
Itur in antiquam silvam, stabula alta ferarum :
Procumbunt picea; sonat icta securibus ilex;
Fraxineæque trabes, cuneis et fissile robur
Scinditur; advolvunt ingentes montibus ornos.
Nec non Æneas opera inter talia primus
Hortatur socios, paribusque accingitur armis:
Atque hæc ipse suo tristi cum corde volutat,
Adspectans silvam immensam, et sic voce precatur:
Si nunc se nobis ille aureus arbore ramus
Ostendat nemore in tanto! quando omnia verè,
Heu! nimiùm de te vates, Misene, locuta est..
Vix ea fatus erat, geminæ cùm fortè columbæ

« 前へ次へ »