Estably la plaisanterie,
Et fait bastir vne Escurie1 Digne de vous, grand Cardinal. Pardon; la rime de Cheual M'a ietté dans cette pensée, Qui par vn mal-heur s'est glissée; Enfin, vous auez apporté Quelque chose à cette Cité;
Si bien que chacun, ou ie meure, S'entretient de vous à toute heure. Mesme, depuis vostre départ,
Les bons Beuueurs, à tout hazard, Vous loüent de leur mal-heur mesme; Car cela fait que ce Caresme2,
Le poisson se vendant trop cher, Ils peuuent manger de la cher; Et nonobstant le Priuilége, Ils doiuent cette grace au Siége, Non pas au S. Siége Romain, Mais au siége de S. Germain. Vne chose seule me ronge Et me fait peine quand i̇'y songe; Ceux qui restent de vostre cour Sont cachez icy tout le iour;
Et pas vn n'ose plus parestre,
De crainte d'estre pris pour traistre. Mesme on dit Cantarini',
Qui rimoit à Mazarini,
Ne trouuant point chez qui se mettre,
'Un poëte a fait sur cette écurie des vers qui ont été publiés dans les Diuerses pièces sur les colonnes et piliers des Maltotiers, etc. Voyez plus
Réglement de Monseigneur.... archeuesque de Paris, touchant ce qui se doit pratiquer dans ce saint temps de caresme [196 du Supplément].
3 Cantarini était le banquier du cardinal Mazarin.
S'est fait abréger d'vne lettre;
Et voyant que son nom en Rin Rimoit encor à Mazarin, Dust il auoir vn nom Arabe, Il retranche vne autre syllabe. Vn chacun d'eux fuit ce trantran, Hormis l'homme à l'Oruiétan, A cause qu'il est populaire, Et que sa drogue est nécessaire. Mais pour Monsieur Particelli, Les sieurs Miletti, Torelli, Aussi bien que toute la trouppe, N'osent plus auoir I en crouppe; Et, de peur d'estre criminel, Torelli se nomme Torel.
Vous en voyez de qui la mine, Pour paroistre vn peu fourbe et fine, Fait qu'ils passent pour estrangers; Et pour éuiter tous dangers, Ils disent qu'ils sont de Prouence, Encore qu'ils soient de Florence, Et quelquefois Siciliens;
Car baste pour Italiens.
C'est pour cela que ce bon homme, Qui monstroit la langue de Rome, Oudin, n'ose plus faire bruit; Et s'il l'enseigne, c'est de nuit.
'Oudin est-il auteur de Mazarinades? Voici ce qu'on lit dans les Entretiens burlesques de Me Guillaume, etc. [1247].
« N'en déplaise à ce romaniste
Dont le style est cent fois plus triste Qu'vn bonnet sans coiffe de nuit, Dont les écrits font peu de bruit, Quoique vers la Samaritaine On les voie aller par centaine. »
Il cache son Dictionnaire, Et met en terre sa Grammaire; Et ceux qu'il enseignoit aussi N'osent pas dire: Signor si. Pourtant ce n'est rien que folie; On n'en veut point à l'Italie; Mais on confond l'Italien Auecque le Sicilien.
Pour moy, ie ne fais pas de mesme; Car, malgré ce péril extresme, Et deuant tout le genre humain, I'auoüe que ie suis Romain. Ouy, ie le suis; et ie me picque D'estre très parfait catholique; Mais quelque Romain que ie sois, Ie sçay parler en bon François. Plust au ciel, pauure Seigneur Iule, Que n'eussiez point esté crédule
Aux conseils de certains esprits,
Et qu'eussiez fait, comme i'écris. C'est à dire auecque franchise. Quoyque l'on fasse mine grise Partout à vos rouges habits, Vous seriez encor à Paris, Dans la gloire et dans la puissance; Au lieu que vous estes en transe, Et n'auez (peur du courre sus) Que des sommes interrompus; Attendant que l'on exécute
Cet Arrest qui vous met en butte
Au moindre homme qui l'aura beau. Et l'on dira comme au Rondeau',
1 C'est le rondeau qui fut fait après la mort de feu M. le cardinal de Richelieu : « Il est passé l'éminent personnage, etc. » N. D. T.
Il est passé le personnage,
Sans qu'on aioute, c'est dommage; Si ce n'est qu'vn cœur attendry Vous voyant peut-estre meurdry, Découuert et sans sépulture, Puisse plaindre vostre auenture, Disant, quand vous serez passé, Vn Requiescat in pace. Pour moy i'en ferois dauantage Si vous auiez plié bagage, Non pas vous souhaitant la paix; Car vous ne l'aimâtes iamais; Mais, puisque vous aimez la guerre, Sitost
que vous serez par terre,
Ie veux supplier le Seigneur De quitter, en vostre faueur, Ses qualitez accoustumées Pour celle de Dieu des Armées. Soubs ce titre, ie vous prédis De l'employ dans le Paradis. Là, vous pourrez estre Ministre, Si, par quelque accident sinistre, Où vous ne vous attendez pas, Vous n'allez trauailler plus bas. Ie ne vous en puis rien promettre. Adieu, c'est trop pour vne lettre. le suis vn modeste Frondeur Qui me dis vostre seruiteur,
NICOLAS LE DRU.
A Paris, de Mars le neufiesme, Qui n'eut ny Foire ny Caresme; L'an que le Roy, le iour des Roys, Partit pour la seconde fois,
Se retirant de cette ville
Pour sauuer l'homme de Sicile,
Dont bien luy prit, et que Paris
Fut assiégé sans estre pris.
Non damna damnis, Bella non licet bellis, Referre; pacem optare, pro dolis, præstat, Si Christianæ quid valet fides legis.
Ciet tumultus, Iulius, vetans pacem; Me optare mortem Iulio putas? Nolim. Sedet tumultus, et Quiescat in pace.
Sommaire de la doctrine cvrieuse dv Cardinal Mazarin par lui déclarée en vne lettre qu'il escrit à vn sien Confident, pour se purger de l'Arrest du Parlement, et des Faicts dont il est accusé.
Ensemble la response à icelle, par laquelle il est dissuadé de se représenter au Parlement [3683]'.
AMY LECTEUR, Cette lettre du Cardinal Mazarin, qui contient vn abrégé de ses pernicieuses Maximes, m'estant tombée entre les mains, i̇'ay douté si ie deuois la
1 C'est, d'après Naudé, un modèle des bonnes pièces.
« PrécédentContinuer » |