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Tout ce qu'il contient n'est pas aussi nouveau qu'on le penserait, pour l'homme instruit qui a bien lu les livres des écrivains chinois et persans et même certains livres européens peu connus; mais comme l'auteur a puisé à des sources qui ne sont pas accessibles, il représente pour nous toute une branche de littérature dont nous ne savions presque rien, et il doit occuper une place après Chao-youan ping, Raschid-eddin, Aboulghazi: il faut le mettre hors de rang pour la connaissance des légendes bouddhiques, et il sera consulté plus utilement encore pour l'histoire de la religion samanéenne que pour celle des Mongols. A tout prendre, son livre est une véritable acquisition pour la littérature orientale, et une des plus importantes qu'elle ait faites en ces dernières années. Les Chinois, qui l'ont traduit de leur côté, en ont porté le même jugement: « Les huit livres (1) de l'origine des Mon

gols, dit un bibliographe chinois, ont été rédigés » par un Mongol, le petit Tche-tchin Sanang Tai» ki (2). La 42.° année Khian-loung (1777), l'em»pereur en a ordonné la traduction. Dans ce livre, la religion de Fo est comme le filet (la partie la plus importante), au travers duquel on voit les généalogies et la succession des Mongols, leurs commence

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(1) Le traducteur chinoïs a vraisemblablement réduit l'ouvrage à huit fivres, en supprimant les deux premiers, qui n'ont aucun rapport aux Mongols.

(2) On l'appelle le petit pour le distinguer de Setsen Khoungtaïdji, neveu d'Altan khagan, et restaurateur du bouddhisme. Voy. ci-dessus, pag. 152. >1

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mens et leur ruine, leur prospérité et leur déca» dence, leur gouvernement et leurs troubles. II res» semble beaucoup au petit abrégé de l'histoire secrète

de la dynastie Youan, qui a été composé à la glo» rieuse époque de Young-lo; mais les origines et la » suite des événemens y sont racontés avec beaucoup » plus de soin (1). »

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Le travail de M. Schmidt peut être loué avec moins de restrictions. Comme éditeur, il a fait imprimer avec beaucoup de soin le premier texte mongol, le seul que nous possédions encore en Europe. Un petit nombre de fautes d'impression que nous avons remarquées, n'empêchent pas que l'ouvrage ne soit en général exécuté avec beaucoup de correction. Comme traducteur, M. Schmidt est le seul homme connu qui, dans l'état actuel de nos.connaissances, ait le moyen d'interpréter un ouvrage aussi étendu; et si, dans sa version, il est possible de noter des mots oubliés ou qui sont seulement transcrits, et un certain nombre de passages. qu'on voudrait rendre autrement, cela n'empêche pas qu'elle ne soit généralement très-fidèle, et qu'elle ne puisse servir utilement à ceux qui voudront apprendre la langue mongole. Les notes sont une addition trèsrecommandable, et les extraits nombreux qu'on y trouve d'autres écrivains tartares renferment toute sorte de renseignemens intéressans. Peut-être le génie mongol a-t-il agi quelque peu sur le commentateur, qui ne

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(1) Sse kou thsiouan chou hian ming mou-lou, ou Catalogue de la bibliothèque de Khian-loung, liv. v, pag. 29.

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montre, non plus que son original, aucun goût pour les discussions chronologiques et géographiques. Peutêtre, avec plus de propension aux habitudes de la critique européenne, aurait-il été moins porté à croire qu'un seul livre mongol peut tenir lieu de tous les autres livres. Son attention, distraite jusqu'ici (1) des hautes spéculations de la philosophie samanéenne, s'est exclusivement concentrée sur les écrits mythologiques; mais ce n'est pas, dans l'histoire du bouddhisme, un côté qu'il soit permis de négliger. Enfin, il y a dans ses notes une partie polémique dont nous ne dirons rien, si ce n'est que des observations souvent judicieuses, toujours vives, et parfois acerbes, ne seront pas demeurées sans résultat.

M. Schmidt a placé, à la suite de l'Histoire de Sanang-Setsen, une longue légende (pag. 425-488), extraite de la traduction mongole d'un ouvrage tibétain intitulé Norwou-prengva, et relative à l'incarnation d'Arya-Palo (plus exactement Aryâ-Avalokiteshwara), dans la personne du prince Erdeni-kharalik, fils d'un roi imaginaire qui régnait dans la Mongolie à une époque inconnue. C'est encore un de ces récits où les Hamas du Tibet et de la Tartarie se plaisent à rassembler des noms d'hommes et de dieux empruntés à la fabuleuse histoire de l'Inde, et à accumuler les images

(1) Depuis que cette analyse est écrite, M. Schmidt à montré, par deux mémoires présentés à l'académie de Pétersbourg, qu'il ne s'était pas occupé avec moins de soin et de succès de la partie métaphysique du bouddhisme. On fera connaître ce nouveau travail dans une autre occasion.

d'un merveilleux gigantesque, les palais magiques, les montagnes de diamant, les parcs enchantés par centaines, les nymphes éclatantes de lumière par milliers de millions. Les conceptions de la bibliothèque bleue pâlissent et s'effacent à côté de ces prodiges. Nous connaissions déjà le genre par les légendes que nous ont données Pallas et Bergmann: assurément M. Schmidt eût joint un supplément plus convenable à son histoire, s'il l'eût terminée par une traduction du Bodhimer, dont Pallas nous avait déjà fait connaître des passages curieux (1), et dont, dans ces articles mêmes, nous avons eu occasion de signaler des citations trèsintéressantes. Son volume est enrichi d'un bon index. Le caractère mongol qu'on y a employé est beau, quoique un peu serré et difficile à lire; c'est celui qui est destiné à l'impression de la Bible. Le gouvernement russe a fait les frais de l'édition; on ne saurait trop louer une telle munificence, ni trop desirer qu'il se présente souvent d'aussi dignes occasions de l'exercer.

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Mémoire sur les Kabir Pantis, secte de déistes de l'Hindoustan, par M. John Staples HARRIOT, colonel du 23 régiment d'infanterie du gouvernement du Bengale, membre des Sociétés asiatiques de Calcutta, de Londres et de Paris.

La meilleure notice que je puisse donner sur la secte nommée Kabir Pantis, est un extrait de leur

/ :(1) Samml. u. s. f. tom. I, pag. 17 et suiv., tom. II, pag. 9, &c.

Bizhak ou livre sacré; je le ferai précéder de quelques remarques.

Les Kabir Pantis forment une secte religieuse de déistes, qui se conforment à la doctrine écrite par leur fondateur ou Gourou Kabir; c'était un tisserand qui vivait il y a environ 150 ans. On savait si peu de chose sur son compte, à l'époque de son décès, que, suivant la tradition, les Hindous et les Musulmans réclamèrent également son corps, les sectateurs de chacune de ces religions prétendant qu'il lui avait appartenu. Le tombeau de Kabir, à Aoude, est visité par ses proselytes. Ils honorent ainsi la mémoire de ce philosophe grossier, mais libéral et éclairé, sur lequel un dicton populaire s'exprimait de cette manière:

KASI MARE KABIRA,

RAME KVAEN NIHORA. Si Kabir mouroit à Kasi ( Bénarès ), quel devoir aurait-on » alors à remplir envers Rám? »

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Le docteur J. B. Gilchrist, dans sa Grammaire hindoustâni, cite ce vers; et ajoute ensuite : « Ce » célèbre sage indien, qui vécut dans l'humble condi>>tion d'un tisserand, exprima des sentimens et fit » des actions qui auraient honoré les noms les plus >> illustres. >>

Kabir était regardé avec une telle vénération, que les Hindous et les Musulmans se disputèrent l'avantage de le compter parmi les adhérens de leurs religions respectives; ils affirment également que son corps ne fut ni brûlé ni enterré, mais disparut de lui-même, en laissant deux fleurs à sa place : les Musulmans en enterrèrent une; les Hindous livrèrent la seconde aux

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