ページの画像
PDF
ePub

prince son successeur; on donne au premier le nom de Gonfon marou, et à l'autre celui de Ni sio marou, d'après les palais qu'ils habitent.

Détails sur le droit public arménien, extraits du Code géorgien du roi Wakhtang, et traduits du géorgien par M. BROSSET.

Nous avons établi précédemment les lois concernant les évêques : il convenait d'en parler en premier lieu. Maintenant exposons la loi des souverains. Tout le monde sait qu'ils sont sur la même ligne que Dieu et son image. En principe, le souverain est un homme unique; en réalité, et selon la loi, il doit tenir la place de Dieu sur la terre, et tous doivent au souverain, de même qu'à Dieu, crainte et respect. Quand un prince mourra, laissant fils et fille, tout son bien sera divisé en parts égales, et l'aîné aura le pouvoir. Mais si, parmi les autres enfans, il y en avait un plus digne, plus habile et plus sage, ce serait celui-là que l'on placerait sur le trône de son père. Si le prince défunt avait un frère, ce serait lui qui succéderait telle est la loi. Sa fille, avec son mari et ses fils, aura demi-part, c'està-dire que, de la part donnée au frère, on lui en donnera la moitié. Si les fils meurent peu de temps après le prince, et qu'il reste un fils du fils, il aura l'empire, mais non le fils de la fille. Ainsi l'a écrit et ordonné notre prince Abcar (1), appelé en langue géorgienne Aw

:

(1) Il est ici question du roi Abgare, qui régnait à Édesse vers

garoz, au pays de Sparseth (Perse). Et le patriarche Noé a donné au fils et à la fille une part et un héritage dans le Samkhreth (le midi), où régnaient les femmes(1), qu'il en chassa. Le seigneur lui-même l'atteste dans son évangile (2) : « Et il donna au fils de l'esclave tout >> honneur égal au sien, et la part qu'a prescrite la » deuxième loi (en disant) de donner à deux filles la » même chose qu'à un frère. » Mais s'il n'y a ni garçon ni fille, on la donnera à la fille de son propre (frère?)(3). La loi est ici notre garant irrefragable.

Si quelque (roi) meurt sans laisser de garçon, mais seulement une fille, celle-ci héritera de son domaine, et se mariera; ou, si elle est déjà mariée, elle prendra la couronne et la donnera à son mari, ainsi que sa dignité. Après la mort de la fille, ses enfans seront admis à titre d'étrangers. Si l'on nous dit : « Pourquoi, » au lieu de régner elle-même, a-t-elle donné l'empire » à son mari? » On saura qu'autrefois les femmes régnèrent dans le Samkhreth; que, durant leur vie, les rois peuvent, par testament, constituer en leur

le commencement de l'ère chrétienne. Les Arméniens le font Arsacide, fils d'un frère du célèbre Tigrane, contemporain de Mithridate. C'est le même prince auquel les écrivains ecclésiastiques attribuent des relations avec Jésus-Christ. ( Note du Rédacteur.) manteau, d'où se forme le géorgien mandilonasi, qui porte manteau, matrone. Cf. §. 181.

, mandil منديل (1)

(2). Lors de la lecture de ce morceau, un membre de la Société a suggéré qu'il pourrait être ici question d'un évangile propre aux Arméniens.

(3) Je puis certifier que, sans le mot frère, la phrase n'a pas de sens. Cf. Levitic. XXVII, 1-11, d'où ce passage paraît tiré.'

place qui ils veulent, et que leur testament, comme l'ordonne lapôtre, sera respecté. Ce fut ainsi que Costandil légua l'empire à son fils, avec ses frontières, ses montagnes et ses fleuves; ce qu'il confirma par un diplome des anciens souverains. Si le souverain défunt n'a laissé ni fils ni frère, ni fils de ses fils, ni fils de son frère, de telle sorte que, jusqu'à la quatrième tête, il n'ait pas d'héritiers, il peut ensuite donner la couronne à d'autres. Mais, contrairement à ce que font les Indiens, les Macédoniens, les Alexandre et autres, un homme ne doit pas se faire souverain sans l'aveu du catholicoz et du patriarche; et si un souverain bâtit une forteresse ou une ville, fait des dénombremens frappe des florins ou de l'argent, il agit de lui-même ou par ses wézirs et commissaires. D'après les lois du code, les princes et les nobles ne doivent pas se revêtir de l'habit royal. Que les princes et les nobles, excepté le patriarche, ne s'asseyent pas à la table du souverain tant que celui-ci ne les y aura pas engagés.

I

Que personne ne s'asseye, sans autorisation du souverain, sur un trône ou un souzan, encore n'y a-t-il que le patriarche qui puisse siéger sur un souzan; que le souverain ne s'asseye pas dans la maison du patriarche à la première invitation; que le prince des chrétiens ne le soit pas seulement par son luxe, comme celui des infidèles. Le souverain des chrétiens a, comme le patriarche, le droit de monter à la (sainte) table; et il réglera l'administration de l'empire avec justice. En cas de guerre extérieure, quand le succès et la victoire auront glorifié son glaive, il doit, après le combat,

y a

arrêter l'effusion du sang. Et s'il se porte contre une ville étrangère, en arrivant sous ses murs il proposera une, deux et trois fois la paix; si elle refuse de s'ouvrir, la ville sera prise de vive force, les ennemis passés au fil de l'épée, et le reste emmené captif. S'il encore de l'opposition et défaut de sincérité, on coupera la tête aux chefs de la révolte. Il ne convient pas d'endommager les arbres fruitiers de la ville et du prince à qui l'on fait la guerre (1). Si ceux qui ont livré une citadelle et une ville ont déjà fait du mal par le passé et que cela soit bien sûr, ils seront condamnés à mort et se racheteront à prix d'argent; mais on leur crevera les yeux, leurs femmes et leurs entans deviendront sujets et esclaves du trône, et cet homme sera envoyé en ville étrangère, aveuglé et nu. Si c'est un chrétien qui ait livré des villes et des forts aux mains des infidèles ou des chrétiens, voici ce qui se fera : si on ne le tue pas en vue de Dieu plein de charité pour les hommes, sa femme et son fils avec leurs biens seront confisqués au trône; et cependant, ce méchant, aveuglé et nu, sera exilé en terre étrangère.

Si un homme s'en va avec son patron pour brigander, et qu'il soit pris et convaincu : infidèle, on lui crevera les yeux ou on lui coupera la main, ou sa femme, son fils et ses biens seront confisqués au trône et le voleur exilé en terré étrangère : chrétien, on lui fera rendre les objets volés; sa maison, sa demeure, tout ce qu'il a et lui-même seront vendus au profit du

(1) Cf. Deuteron. xx, 19-20.

souverain; sa femme et ses enfans seront libres; on ne peut rien sur eux.

Si un infidèle tue un chrétien de dessein prémédité, on le tuera en punition; s'il f'a tué involontairement, on lui coupera la main droite et on lui fera payer le prix du sang. Mais, en vérité, l'homme n'a pas de prix et sa valeur ne peut être fixée, parce qu'étant faits tous deux de la main de Dieu, ils sont son image, et que Dieu seul peut ressusciter un mort. Et si l'on dit que le prix de Joseb et du Christ a été de 20 et 30 pièces, ceux qui les ont vendus étaient des voleurs. Le prix de l'homme est bien différent, et, suivant le nombre des jours de l'année, de 365 décans (1) ou florins d'or; or, un décan-florin est de 13 dragmes d'argent : tel est le prix d'un homme. D'après les décrets des princes, pour un chrétien on le doublera, et pour un infidèle on ne donnera qu'un tiers ou 122 diécon-florins (3) et 2 kartez ou papiers, parce qu'il n'a pas le don du saint baptème (3). Le meurtrier qui ne pourra donner ce

(1) C'est le mot arménien w4ur tahégan, employé autrefois pour désigner une monnaie d'or, dont la valeur ne nous est pas bien connue. (Note du Rédacteur.)

(2) Altération du mot décan, ci-dessus; plus bas on verra déacan au lieu de florin, le texte dit phlour. Le phlour et le sequin sont la même monnaie, comme il résulte de ce passage: « Et it » leur donnait pour signe de reconnaissance le mot d'ordre flouri ⚫ ou sequin. Pouqueville, Rég, de la Gr. tom. II, pag. 233. Le mot kartez, ou papier, indique une valeur monétaire qui ne m'est pas connue.

[ocr errors]

(3) Je garantis d'autant moins le sens de baptème, donné au géorgien, ambazi, qu'en persan anbazi signifie société, association, peut-être l'église. Je n'ai vu ce mot qu'ici et dans le

« 前へ次へ »