ページの画像
PDF
ePub

d

Observations sur l'ouvrage de M. Schmidt intitulé Histoire des Mongols orientaux, par M. ABELRÉMUSAT.

[merged small][merged small][ocr errors][ocr errors][merged small]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

Ainsi qu'on l'a vu dans notre premier extrait, toute l'histoire du monde, depuis la première origine des choses, est résumée par Sanang-Setsen dans son premier chapitre, qui occupe huit pages. Nous sommes, au commencement du second, transportés dans le Tibet, au pied des immenses montagnes de Neige, et au IV. siècle avant J. C. Ce chapitre et le suivant comprennent toute l'histoire du Tibet pendant la durée de plus de 1,300 ans: elle se partage naturellement en deux périodes, dont nous allons donner une idée générale en peu de mots.

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

Les diverses traditions recueillies par les historiens mongols semblent d'accord sur ce point, que la race des princes du Tibet était originaire de l'Hindoustan. Telle paraît être aussi l'opinion des chroniqueurs tibétains que le P. Horace de la Penna a suivis (1). Un écrivain tartare, cité par Sanang-Setsen, nomme trois descendans de Bouddha, c'est-à-dire, de ShakyaMouni, de l'un desquels était issu un prince qui fut pris dans une bataille contre une armée de barbares,

(1) Voyez Géorgi, Alphabetum tibetanum; p. 296. y

ཝཱ

au nombre de 180,000. Son plus jeune fils se sauva dans les montagnes de Neige, et devint la souche des princes de Yarlong dans le Tibet. Cette tradition n'est fixée par aucune date, et n'a même pas de suite dans le reste de l'histoire tibétaine; mais il en vient immédiatement une autre qui, dit l'auteur, se rapporte à ce temps, c'est-à-dire, à une époque inconnue. I naquit un fils à un roi de Patsala, pays sur le nom duquel le traducteur ne fait pas de remarque, et qui pourrait être Patna. Les cheveux de l'enfant étaient bleu de ciel, ses dents semblables à l'émail d'une 3,ff! conque, et, entre autres singularités, il avait les doigts des pieds et des mains réunis par une membrane comme ceux des oies. Les brahmanes consultés firent craindre au roi que cet enfant ne lui portat malheur, et on l'exposa sur le Gange dans un coffre de cuivre, Il fut recueilli par un laboureur de la ville de Waisali, qui l'éleva, et le cacha dans une forêt pour le dérober aux recherches du roi. Là les oiseaux et les bêtes lui apportaient de la nourriture. Quand il fut པ མས devenu grand, il quitta ce lieu, se dirigea vers les montagnes de Neige, et parvint à la vallée de Yarlong, dans le voisinage d'un temple en forme de pyramide, à quatre portes. Il y fit la rencontre de deux génies, auxquels il raconta son histoire. Celui que les eaux ont épargné, dirent les génies, pour qui les bêtes et les oiseaux se sont joints aux hommes, doit évidemment être de race divine. Ils le firent donc asseoir sur une sellette de bois, et le portèrent sur leurs épaules. De là lui vint le nom de Seger sandalitou,

[ocr errors]

bi

de deux mots mongols, dont l'un signifie le cou, et l'autre assis. Ils le portèrent au mont Chambou, et le firent reconnaître pour prince du pays, l'an 3 13 avant J. C. Après qu'il eut soumis les quatre tribus, il fut souverain des 88 tæmen (dix mille) du peuple tibétain.

Après Seger-Sandalitou, l'auteur mongol nomme cinq rois, tous issus les uns des autres. Le dernier fut tué par un usurpateur; mais celui-ci périt peu après, et le second des, fils du roi reprit possession du trône, tandis que son plus jeune frère, Borte-tchinô, s'étant enfui dans les contrées du nord, y allait fonder la race dont devait sortir un jour Tchingkis - khakan. On trouve ensuite l'indication de seize rois descendus de père en fils les uns des autres jusqu'à Lhatotori, qui naquit en 348. Non-seulement il n'y a aucun détail sur cette succession directe de vingt-trois rois, succession un peu longue pour n'avoir pas été interrompue; mais un autre écrivain mongol, que le traducteur cite fréquemment dans ses notes, donne une liste de noms assez différente. Cette diversité explique le silence qu'avait gardé, sur cette partie de l'histoire tibétaine, un auteur que M. Schmidt semblerait n'avoir pas connu, quoique Pallas en ait souvent fait mention, et qu'il le nomme lui-même une fois à propos de toute autre chose (1). Le P. Horace de la Penna avait rédigé un canon des rois du Tibet, que Géorgi a inséré dans son Alphabetum tibetanum (2), en y mêlant

(1) Page 418.

(2) Pag. 296 et suiv.

beaucoup d'élémens étrangers, et en bouleversant toutes les dates (1). Malgré ces altérations, on y reconnaît le même fond que dans l'histoire de SanangSetsen. Le premier roi est Nge-tri, dont le nom signifie en tibétain la même chose que le mongol Segersandalitou. C'est pareillement un prince de l'Inde, exposé par son père, nourri par un paysan, et reconnu roi par les bergers de Yarlon. Il ne faut faire aucune attention à la date de 1193 ans avant J. C., qui est une interpolation de l'éditeur. Après Nge-tri, viennent, comme chez notre auteur, vingt-trois rois, dont le P. Horace n'a pas recueilli les noms, et que Géorgi fait descendre jusqu'à l'époque de notre ère. Les deux listes ne commencent à s'accorder qu'un peu après; mais le parallèle qu'on en peut faire n'en confirme pas moins l'authenticité du récit de Sanang-Setsen, et c'est, dans l'état actuel de nos connaissances sur cette matière, un soin que M. Schmidt n'aurait pas dû négliger.

Lhatotori monta sur le trône en 367. Son règne fut marqué par des prodiges; il reçut du ciel la fameuse formule dite des six syllabes, Om mani padme hom, source inépuisable de bénédictions (2), et le livre intitulé Samadok. Le roi ne sentit pas d'abord tout le prix de ces dons; il en fut puni par toute sorte de calamités ses enfans naissaient aveugles; les grains

(1) Voyez Recherches sur les langues tartares, tom. I, p. 383 et 384.

(2) Voyez le résumé des opinions relatives à cette formule, et une nouvelle explication proposée par M. Klaproth, dans le Nouveau Journal asiatique, pour mars 1831.

et les fruits ne venaient plus à maturité; des épizooties, des famines, des épidémies désolaient le pays. A la fin, en 407, cinq étrangers vinrent apprendre au roi son erreur; il rendit hommage au trésor qu'il avait négligé son bonheur se renouvela dès-lors; sa vie fut prolongée, sa fortune s'accrut, il eut de beaux enfans; les grains et les fruits mûrirent en abondance, et la prospérité remplaça les fléaux qui avaient désolé le pays. Telle est l'époque de la première introduction du bouddhisme dans le Tibet.

[ocr errors]

Le chapitre IV continue l'histoire de cette contrée depuis que le bouddhisme s'y fut répandu pour la première fois, jusqu'à la persécution qu'il eut à subir, persécution que M. Schmidt traite d'extirpation (Ausrottung), mais qui fut bientôt suivie de son rétablissement. II embrasse l'époque de la plus grande puissance de la monarchie tibétaine, et de sa chute, et contient en treize pages une période de 647 ans, entre 407 et 1054. L'introduction du bouddhisme est exprimée par Sanang-Setsen en ces mots : Depuis qu'on commença à lire le Mani-bGamboum. C'est un ouvrage considérable et très-important pour l'histoire et la doctrine du bouddhisme, qui traite particulièrement du Bouddha divin du monde actuel Amitabha, de son Bodhisatoua Avalokiteshwara, et du Bouddha humain Shakya-Mouni, ainsi que nous l'apprend Jæhrig, qui en a donné des extraits (1). Malgré tous

(1) Voyez Pallas, Sammlungen, u. s. w., tome II, page 396. Cf. Alphab. tibet. P. 285.

« 前へ次へ »