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J'ai eu l'occasion de faire transcrire en lettres géorgiennes beaucoup de mots français, aux deux princes. qui vinrent cette année à Paris; jamais ils n'ont pu représenter les syllabes nasales, ni le mouillé. Par exemple: fauteuil, photholio, zm თო–ლიm-. Comment, coma, კო-მა.

Toutes les lettres que nous venons de publier ne sont pas, hors la première, remarquables par le style de l'écriture. Celle du roi Wakhtang a été autographiée par un artiste habile, M. Jouy, avec l'autorisation de M. de Monmerqué. Les deux premières du prince Soulkhan sont passablement bien écrites: mais la quatrième et la cinquième sont d'une très-mauvaise main; il semble que l'on y voie le dépit d'un homme qui n'obtient pas de ses démarches le fruit qu'il en espérait.

Origine de l'un des noms sous lesquels l'Empire romain a été connu à la Chine.

Qu'un mot grec à l'état de flexion se soit conservé entier, inaltéré, dans les ouvrages des historiens chinois, c'est un fait inattendu qu'on est d'abord tenté de déclarer impossible; car des souvenirs et des préjugés ne nous permettent pas de croire qu'un rapprochement puisse être tenté entre les Grecs et les Chinois, ou que les noms de ces deux peuples puissent même

se rencontrer dans une même phrase. Dès que l'on a observé les rapports de la Chine avec l'Occident, les fréquentes communications qui ont eu lieu entre les deux empires de Tsin, on n'est plus étonné que d'une chose, c'est qu'il ne se soit pas conservé un plus grand nombre de ces mots dans les annales chinoises. Ce n'est pas que les mots grecs, persans, indiens, dont elles présentent des transcriptions si fidèles, aient été recueillis avec l'intention de former une suite de spécimens philologiques : les mots ne s'y trouvent que comme une garantie de l'exactitude des faits; ils ne sont plus aujourd'hui, pour les Chinois, que de simples prononciations auxquelles ils n'attachent de sens qu'autant que ces annales en ont conservé la traduction.

Il me paraît même possible que les Chinois aient introduit quelques-uns de ces mots dans leurs livres, sans en avoir jamais bien compris le sens. Cette opinion ne paraîtra peut-être pas si étrange, si l'on réfléchit combien de causes d'altération interviennent dans les communications verbales de deux peuples dont les langues ont été destinées à représenter des mœurs différentes, combien de méprises naissent des synonymies établies par l'usage, des variations dans l'extensibilité et la compréhension des mots, des erreurs mémes adoptées par la complaisance mutuelle des deux parties, de ce frottement où les deux idiomes effacent leur empreinte primitive, en un mot de ce véritable commerce de langues. Les preuves d'ailleurs ne manquent pas à cette assertion, et je n'en puis présenter

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un exemple plus concluant que le nom par lequel l'empire romain a été désigné à la Chine du temps de la dynastie des Thang. Les Chinois ne connaissent pas et n'ont peut-être jamais connu l'origine de cette dénomination, mieux que les Turks d'aujourd'hui celle du nom que porte la capitale de leur empire. Ce n'est pas sans dessein que j'ai choisi cette comparaison : car ces deux noms aujourd'hui inconnus ont la même origine et sont sortis d'un même mot.

Le premier auteur qui ait fait connaître à l'Europe savante l'étymologie d'Istamboul, est, je pense, un Grec de Thessalonique nommé Romain, fils de Nicéphore, qui, dans une grammaire romaïque, écrite vers le milieu du dix-septième siècle et conservée parmi les mss. grecs de la Bibliothèque royale (1), explique ainsi la formation de ce mot: Unde fit sur mon pro Eis Tv TÓMI, ad urbem (id est, Constantinopolim) per excellentiam. Ió enim nullam aliam urbem vocant Græci, solam verò Constantinopolim per excellentiam: sed alias omnes urbes vocant xdoler ( τὸ κάστρον ). Ab isto igitur τὴν πόλιν Turca fecerunt doricè Eaux, mutato n in a (2). Du Cange, dans son

α

(1) Grammatica linguæ græcæ vulgaris communis omnibus Græcis, ex quâ alia artificialis deducitur peculiaris eruditis et studiosis tantùm, per Patrem Romanum Nicephori Thessalonicensem Macedonem. Mss. gr. n.o 2604.

(2) Peu de temps après la conquête, et évidemment avant que l'origine de ce mot fût méconnue, les Turcs altérèrent Jbl

comme il est écrit dans le Voyage de Sidi aly ) en ) استنبول ou

Ja ville de la foi. Mais les Grecs et les Arméniens ont conservé la prononciation primitive et écrivent encore 'Esau.

Glossaire, au mot Пós, s'est contenté de citer cet extrait; et Peyssonnel, dans son Histoire des peuples quiont habité les bords du Danube, a cité du Cange.

On croyait alors que cette dénomination était récente et n'avait été adoptée par les Ottomans que lorsque leurs progrès dans l'Asie mineure les avaient mis en rapports plus immédiats avec les Byzantins, lorsque leurs victoires avaient étendu leur domination autour de Constantinople et qu'il ne restait plus assez de villes à l'empire des Paléologues, pour que l'erreur fût possible: on ne soupçonnait pas que l'expression emphatique nós, imitée de l'asu athénien et de l'urbs romain, était presque aussi vieille que la ville de Constantin (1).

Déjà cependant on lisait, dans la Géographie arménienne dite de Vartan, et qui n'a pu être écrite au plus tard que dans les premières années du quatorzième siècle, qu'Héraclius enleva le bois de la vraie croix aux Persans et le transporta à Esdampol Pumun պօլ

M. Silvestre de Sacy publia enfin, dans sa Chrestomathie arabe, un fragment curieux de Masoudi (2),

(1) Le nom de ville est souvent devenu par antonomase la dénomination spéciale de villes importantes. On trouve sur la côte méridionale de Borneo, une ville nommée Nagara: l'ancienne Patalipoutra ou Palibothra a été remplacée par la ville de Patna (Pattana): la capitale du royaume de Goudjarat, dont le véritable nom était Anahilla, ne portait vulgairement que celui de Pattana : on lit dans Ptolemée : Βάθανα βασίλειον Σειριπολεμαίου.

كتاب التنبيه و الاشراف Extrait de Touvrage intitule (2)

où cet auteur du dixième siècle, qu'on peut nommer le Ma touan lin des Arabes, fait remonter à un temps indéfini l'origine de cette expression.

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Voici le passage: « En la troisième année de son »règne, Constantin commença à bâtir la ville de » Constantinople sur le canal qui, sortant du PontEuxin, mer connue aujourd'hui sous le nom de mer » de Khozar, conduit à la mer de Roum, de Syrie et d'Égypte : il choisit pour cela le lieu nommé Taila, » qui faisait partie du territoire de Byzance; il fit » bien fortifier cette ville, la construisit très-solidement » et la choisit pour capitale de son empire: on lui » donna le nom de son fondateur, et depuis ce temps jusqu'aujourd'hui elle a toujours été le lieu de la » résidence de ses successeurs. Cependant, jusqu'au » moment où j'écris, les Grecs nomment cette ville » Bólin (Пóxw); et quand ils veulent faire entendre qu'elle est la capitale de l'empire, à cause de sa grandeur, ils disent Stanbólin ( ris táv móxiv) : ils ne l'appellent jamais Constantinople (Kostantiniyya ); il

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n'y a que les Arabes qui lui donnent ce nom (1).

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II y a deux choses à remarquer dans cet extrait : la première est que le nom de Constantinople était

composé en l'année 345 de l'hégire: M. Silvestre de Sacy en a donné une notice dans le tom. VIII des Notices et Extraits des mss. 1.re part., p. 132 sqq.

W

الروم يسمونها الى وقتنا هذا المورخ به كتابنا بولن (1)

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