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Aradjavarta, ou, suivant d'autres, du démon Schimnous; et comme punition de ses anciens blasphèmes, il fut 24 ans attaché à la religion noire, ou, comme on le lit dans le Bodhimer, à la religion et aux usages des contrées noires. M. Schmidt ne donne sur ce mot aucune explication; mais il a pensé ailleurs, avec beaucoup de vraisemblance, qu'il s'agissait de la religion des Abbassides, qui commencèrent en effet vers cette époque à faire des incursions dans le Tibet (1). Je ne puis néanmoins m'empêcher de remarquer que la distinction de loi blanche et de loi noire existe dans le bouddhisme même. La loi blanche, c'est la loi de pureté; la loi noire est celle des enfers. Les hommes et les dieux doivent suivre la loi blanche. Un livre intitulé Kouang ming wen kiu dit: Il faut honorer la loi blanche et rejeter la loi noire. Éprouver une louable confusion, s'abstenir du mal, cultiver la vertu, se garantir du péché, c'est une disposition que donne la loi blanche et dont on distingue deux modifications (2), &c. On voit qu'il n'est pas besoin de recourir à l'islamisme pour expliquer les ou la religion noire de Dharma.

Quoi qu'il en soit, ce qui paraît certain, c'est que Dharma persécuta les bouddhistes les choses en vinrent au point que le nom même des trois objets de toute confiance (la triade suprême) était inconnu

(1) Forschungen, u. s. v., page 85.

(2) Hoa yan king souï sou yan yi tchhao, cité dans le San tsang fa sou, livre VII, page 21.

et que les quatre classes du clergé n'existaient plus. Mais le plus illustre des ancêtres du roi, Srong-dsan gambo, reparut vêtu d'habits noirs, monté sur un cheval dont la couleur blanche avait disparu sous une teinte noire, et frappa le coupable Dharma d'une flèche dans le cœur. Son successeur monta sur le trône en 925 et régna 53 ans sans religion. Le fils de ce dernier régna 18 ans, de 977 à 995; et comme il était attaché à la loi intérieure, il entreprit de rétablir le culte, et fit bâtir huit nouveaux temples. Il eut deux fils dont les enfans se partagèrent le Tibet. On ne nomme plus de leurs descendans que quelques-uns de ceux qui ont rendu des services à la religion bouddhique, en construisant des temples, en faisant venir des savans de l'Inde, ou en favorisant les travaux de traduction qui devaient répandre de plus en plus au Tibet la connaissance des dogmes samanéens. L'un des derniers événemens de ce genre dont Sanang fasse mention, est la construction du temple de Toling en 1014, et le voyage de Lodsáva Sain Erdeni et de vingt-une autres personnes dans l'Hindoustan, d'où ils ramenèrent plusieurs pandits, et rapportèrent les quatre Tantras du Dharani invisible, avec d'autres écrits qui furent traduits en tibétain. En 1054, on traduisit pareillement quelques livres qui n'étaient pas encore connus au Tibet. C'est le dernier fait de l'histoire tibétaine que rapporte Sanang, et le Boedhimer n'ajoute rien de postérieur à cette date. M. Schmidt assure qu'il a trouvé cités d'autres traités qui paraissent historiques, comme la grunde histoire de Lhasa, les cent

mille ordonnances des rois du Tibet, les chroniques des monarques du Tibet ainsi que des petits princes de ces contrées, composées par de savans et sages écrivains, et quelques autres. Mais comme on ne possède rien de ces ouvrages, nous devons, avec Sanang, passer du Tibet dans la Mongolie, et voir comment les traditions bouddhiques ont servi à suppléer aux traditions nationales relativement aux antiquités de la Tartarie.

(La suite au prochain numéro.)

Affinité du Zend avec les dialectes germaniques.

Un des résultats les plus importans pour la philologie comparative, que doive mettre en lumière l'étude de l'ancien idiome des Persans, c'est le degré d'affinité qu'on remarque entre cette langue et la famille des dialectes germaniques. Le zend, si intéressant à étudier à cause de son analogie générale avec le sanscrit, le grec et le latin, acquiert une valeur nouvelle, lorsqu'on le rapproche des langues germaniques, et qu'on remarque qu'outre sa ressemblance avec les trois premiers idiomes, il est, en plusieurs points, plus intimement uni avec la famille de ces dernières. Cette affinité particulière est mise hors de doute par quelques faits très-caractéristiques. If en résulte que, là où les dialectes germaniques s'éloignent du grec et du latin, ils se rapprochent du zend, et qu'en même temps le réciproque est vrai pour le

sanscrit, dont les formes sont, en général, plus semblables à celles du latin et du grec. Le zend et le sanscrit se trouvent ainsi, au moins en quelques points, placés à la tête de deux systèmes de langues appartenant à la même souche, mais depuis long-temps développées sous des influences diverses: d'une part, le latin et le grec, d'autre part, le gothique et les dialectes germaniques. Ce fait n'empêche pas le zend d'offrir les plus curieuses analogies avec le sanscrit, et sur-tout avec la langue des Védas, dont MM. Lassen et Rosen nous ont déjà fait connaître plusieurs faits très-importans. Nous voulons dire seulement que l'analogie du zend avec le gothique est assez marquée, pour rendre compte, d'une manière satisfaisante, de plusieurs particularités qui distinguent ce dernier idiome du latin et du grec; particularités qui n'ont pas échappé à la sagacité du célèbre Grimm, mais dont la cause reste inconnue, si l'on se contente de la chercher dans la comparaison du grec et du sanscrit avec le gothique.

On connait les tableaux que Grimm a dressés des consonnes du gothique et de l'ancien allemand, comparées à celles du grec et du latin (1). Les tenues, les moyennes et les aspirées y sont très - systématiquement réparties; et, par exemple, là où le gothique et l'ancien haut-allemand ont F et B qui équivaut à V, le grec a P (II); et réciproquement, là où le grec a F(), le gothique et l'ancien haut-allemand ont B et P. Cette loi se répète avec une régularité

(1) Deutsch. Gramm. I, 584.

très-frappante dans les deux ordres des dentales et des gutturales.

Or ce que Grimm a fait pour deux dialectes germaniques comparés au grec, nous pouvons l'appliquer au zend, par rapport au sanscrit le telle sorte que le zend suivra la loi des dialectes gothiques, et s'éloignera du sanscrit, dont se rapprochera le grec. Il y a plus, dans les cas où la langue zend laisse voir ce rapport curieux, nous pourrons toujours en donner l'explication; et cette explication devra, si nous ne nous abusons pas, rendre également raison du même fait en gothique, chaque fois qu'il se manifestera dans des circonstances tout-à-fait semblables. Voici quelques exemples de la présence de l'aspirée de l'ordre des labiales et des dentales, en zend et en gothique, tandis que le grec avec le latin et le sanscrit ont la tenue.

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(1) Comparez toutes les prépositions dont fr forme le radical dans les dialectes germaniques, rassemblées par Grimm, III, 256.

(2) Gell. Noct. att. XIII, 9, 5. Schneider, I, 315..

(3) Dans cette forme du mot zend, le q est une représentation bien imparfaite du caractère qui, dans l'ancien dialecte persan, remplace fréquemment sø des langues sanscrite et latine, comme on l'a fait voir pour la première fois, Nouv. Journ. asiat. t. III, p. 345.

(4): Nous citons ce mot anglo-saxon avec svefn, qui est encore plus identique au zend, pour compléter la comparaison, mais nullement pour prouver que l'aspiration du p radical en gothique soit due, dans les dialectes germaniques, à la même cause qu'en zend.

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