ページの画像
PDF
ePub

déjà plus le maître, lorsque les PP. eurent sa parole. Ils choisirent le temps où M. le chevalier Hébert et son conseil étaient à la messe, et s'en allèrent planter des bornes dans le terrain auquel ils prétendaient; mais ils ne purent faire si secrètement ni si promptement leur affaire que M. le chevalier Hébert n'en fût averti. Il envoya aussitôt son premier conseiller et un officier avec des soldats pour arracher les bornes et y planter le pavillon français. Les PP. firent beaucoup de bruit et de résistance, déclarant même qu'ils s'en plaindraient au gouverneur de Gingy. M. Hébert ne manqua pas de faire ses diligences, tant auprès du gouverneur de Gingy qu'auprès du genéral Daoud khan. Celui-ci répondit qu'il ne voulait absolument pas que les PP. eussent aucune partie de l'aldée qu'il avait donnée à la royale compagnie; l'autre parut aussi fort offensé de ce que ces PP. lui eussent demandé un terrain dans une aldée dont il n'était plus le maître. Sur ces entrefaites, Daoud khan fut appelé à l'armée du grand-mogol ( ce prince se préparait à marcher contre son frère, qui lui faisait la guerre). Le gouverneur de Gingy, voyant deux prétendans se disputer le terrain de Mourougoupan, s'est refusé assez long-temps à ratifier aucun contrat, dans le dessein de tirer ce qu'il pourrait des uns et des autres. Mais M. Hébert, qui connaît le caractère des Maures, se gardait également de donner dans ce piégé et de se laisser surprendre par les ruses des PP. Jésuites. D'ailleurs il avait envoyé des présens trèsconsidérables au gouverneur de Gingy et au général Daoud khan, en sorte que l'aldée lui coûtait le double de ce qu'elle valait. Cependant les PP. Jésuites ne laissaient pas d'envoyer aussi des présens et d'aigrir l'esprit du gouverneur maure: si la prudence de M. Hébert n'eût pas bien ménagé toutes choses, il eût été fort à craindre que les deux nations (1) ne se fissent quelque rude guerre. Autre

(1) Le second ms. ajoute, «< savoir, les Malabars et les Maures; »

c'est encore une erreur.

grief: M. Hébert et son conseil avaient donné l'ordre de nettoyer les rues de Pondichery et de relever les maisons qui étaient tombées en ruine. Les gentils prirent de là occa sion de relever promptement l'angle d'une muraille formant l'enclos d'une pagode; comme il y avait peu d'ouvrage, ce travail fut bientôt terminé. On en donna avis à M. Hébert, qui se transporta sur les lieux : lorsqu'il vit cette muraille, il dit que son intention n'avait pas été qu'on la relevât; cependant il ne jugea pas à propos de la faire abattre, prévoyant bien que les gentils ne manqueraient pas de se soulever et de faire grand bruit dans la ville. Son conseil lui représenta d'ailleurs que cette muraille était fort éloignée de la pagode, et que les gentils n'avaient pas laissé de faire leurs cérémonies, quoique cette muraille fût abattue. Sur cela, les PP. Jésuites publièrent par-tout que M. Hébert et son conseil étaient de la religion des gentils; ils les avaient déjà, dans le cas précédent, déclarés destructeurs des biens de l'église.

Un dernier sujet de plaintes, c'est que, nonobstant les défenses que M. Martin et M. du Livier avaient faites aux PP. Jésuites d'exercer aucune justice dans leur maison sur les Malabars chrétiens, ils se sont encore permis, depuis que M. Hébert est gouverneur de Pondichery, de chabouquer un Malabar chrétien, d'une manière tout-à-fait déplorable. M. Hébert en a été très-sensiblement touché, et a fait nouvelle défense aux PP. de maltraiter les habitans de la ville de Pondichery; étant bien informé que plusieurs en étaient sortis, parce qu'ils avaient été maltraités de la sorte. Le pauvre misérable dont il s'agit était ci-devant un gentil de bonne caste, qui s'était fait chrétien, parce que les Jésuites lui avaient promis de lui donner des moyens de subsistance; ils l'ont entretenu pendant quelques mois, puis ne lui ont plus rien donné. Ce pauvre homme, ne sachant que devenir et se trouvant extrêmement pressé de la faim, se détermina malheureusement à dérober une couronne d'argent placée sur la tête de l'image de la Vierge :

les PP. Jésuites s'en aperçurent bientôt; et soupçonnant quel était l'homme qui avait commis ce vol, ils s'en saisirent et lui firent avouer le fait: il rendit la couronne; les PP. le chabouquèrent dans toute la rigueur de la justice; après quoi ils lui donnèrent quelque argent et le chassèrent de la ville de Pondichery. Ce pauvre malheureux, qui était tout déchiré de coups, s'en alla tomber malade dans une aldée près de Pondichery. Comme il était à ses derniers momens, les PP. Jésuites l'allèrent visiter: il leur dit qu'il ne voulait point reconnaître les PP., qui lui avaient manqué de parole, l'avaient traité si cruellement, et étaient les auteurs de sa mort; qu'au reste, toute son espérance était en la miséricorde de Dieu. Les PP. Jésuites voyant cela, l'abandonnèrent et recommandèrent à sa famille, qui est gentile, de faire les funérailles de cet homme à leur manière. Ces gentils en furent très-contens; ils firent toutes les cérémonies qui sont en usage parmi eux et brûlèrent le corps (1) . . . . .

Note sur le précédent extrait du même ouvrage (2).

Dans une notice sur le Roudracham, extraite du même manuscrit, on lit que ce chapelet se compose de cent huit grains. Ce nombre paraît être consacré dans toutes les sectes originaires de l'Inde : le chapelet (bouddhique) de cérémonie ou de cour (tchao tchou), en Chine, compte le même nombre de grains; le chapelet ordinaire n'en a que dix-huit (chi pa tchou) : les grains sont ordinairement de quelque matière odorante. Dans le même extrait, le roi des enfers est plusieurs fois désigné par le nom d'Emattan maraya; telle est la leçon de deux manuscrits. Je pense que c'est une transcription fautive de Yamattanamraya, ortho

(1) Il est déjà parlé plus haut de ce fait.
(2) Nouv. Journ. asiat. décembre 1831.

graphe tamoule du mot Yamasthánarádja, roi des enfers: Yamarádja serait plus régulier.

E. J.

Addition à la lettre de M. de Humboldt (1).

La lettre de M. G. de Humboldt doit se compléter par les phrases suivantes, extraites d'une autre lettre qu'il m'a fait l'honneur de m'écrire très-récemment :

"

« J'ai oublié de dire dans ma lettre imprimée, que je >> regarde les lettres composées de l'alphabet bugis, comme » y ayant été ajoutées postérieurement: les travaux litté>>raires auxquels les Bugis se livraient, pouvaient provo» quer ces tentatives de perfectionnement. -Mon ouvrage » sur la langue kawi m'occupe toujours; je tâcherai d'y » rendre compte sommairement de la structure grammati» cale de toutes les langues de la race malaye qui nous sont » connues; mais il ne pourra paraître qu'au commencement » de l'année prochaine. " E. J.

ERRATA pour le mois de mai.

Page 458, ligne 8, inconnus lisez déconnus.

Page 464, ligne 12, lisez Fo lang ki (plus récemment). Ibid. ligne 32, lisez [pirangki].

(1) Nouv. Journ. asiat. pag. 484 de ce volume.

TABLE GÉNÉRALE

DES ARTICLES CONTENUS DANS LE 9e VOLume.

MÉMOIRES.

[merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small]

MÉMOIRE sur les Kabir Pantis, secte de déistes de l'Hin-
doustan, par M. John Staples HARRIOT....

169.

DOCUMENS originaux sur les relations diplomatiques de la
Géorgie avec la France vers la fin du règne de Louis XIV,
recueillis par M. BROSSET jeune

192.

Suite....

339.

Suite et fin.

437.

MÉMOIRE Sur la grande fête des Indiens nommée Poungal,

par Terouvercadou Moutyah.

- STAHL.

366.

ORIGINE de l'un des noms sous lesquels l'empire romain a
été connu à la Chine. E. JACQUET..

-

CRITIQUE LITTÉRAIRE.

VOCABULAIRE français-turc, à l'usage des interprètes et
autres voyageurs dans le Levant, par T. X. BIANCHI.—
CAUSSIN DE PERCEVAL.

456. X

61.

[ocr errors]
« 前へ次へ »