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DE L'HYMNE.

L'HYMNE est une sorte de poëme créé par les anciens pour célébrer leurs dieux et leurs héros: ce mot est tiré du grec (humnos.)

Lorsque le mot hymne s'entend des hymnes que l'on chante à l'église, il s'emploie ordinairement au féminin, et signifie un cantique composé à la louange de Dieu ou des Saints.

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Santeuil est celui de nos poëtes qui se soit le plus distingué dans ce genre: il s'est élevé à lui-même un trophée immortel par les hymnes qu'il a composées à l'usage de l'Eglise. C'est là qu'on admire à la fois tout ce que sentiment a de plus vif, tout ce que la piété a de plus noble et de plus tendre, tout ce que la langue latine a de plus énergique et de plus mélodieux, tout ce que la religion peut ajouter à l'enthousiasme, en lui fournissant des sujets vraiment propres à l'échauffer.

Qn est convenu de donner le nom d'hymnes

profanes à tous ceux qui ne sont point relatifs à un culte quelconque. Nous avons adopté ce nom pour notre classement. Ainsi nous allons donner d'abord les hymnes profanes. Nous donnerons ensuite les hymnes sacrées, auxquelles nous joindrons les psaumes, cantiques, orotorios, et autres poésies de ce genre.

A L'AMOUR.

POUR MADEMOISELLE DE LAUNAY. (1)

JE célèbre ta victoire,

Aveugle enfant, sur mon cœur.
Pour conserver la mémoire
De ta dernière faveur,

Je viens, captif, en l'honneur
De mon aimable vainqueur
Chanter un hymne à ta gloire.

Amour, je dois à ta mère
L'objet charmant que je sers:
Tu lui donnas l'art de plaire,
Et tant d'agrémens divers,
Que tu m'as forgé des fers
Les plus doux, les plus légers
Qu'on ait forgés à Cythère.

(1) Depuis Mme de Staal. Chaulieu avait quatre-vingts ans quand il composa cette pièce. On croit que ce sont les derniers vers qu'il ait faite.

Que tes peines ont de charmes!
Qui les souffre est enchanté.
Toi qui sais jusques aux larmes
Mêler de la volupté,

Fais au moins que la beauté
Qui ravit ma liberté

Te rende avec moi les armes.

Viens, cher tyran de ma vie ;
Toi seul fais l'enchantement
Qui tient mon âme asservie.
Que, dans ce ravissement,
Jusqu'à mon dernier moment,
Je vive et meure en aimant
Mon adorable Lesbie!

Tu m'entends, et viens sans peine,
Amour, exaucer mes vœux:
Déjà de ma douce chaîne
Je sens resserrer les nœuds;
Et, cent fois plus amoureux,
Je brûle de plus de feux
Que n'en allumait Hélène.

C'est la digne récompense
Des tourmens que j'ai soufferts,
Dès qu'au sortir de l'enfance
Je fus esclave en tes fers:

Et je veux que l'univers

Apprenne, en mes derniers vers,

Ma défaite et ta puissance.

CHAULIEU.

A L'AMOUR.

(Voyez le tome IX, Odes anacréontiques, page 338.)

A VÉNUS,

TRADUIT DE SAPHO.

O VÉNUS, dont, sur tant d'autels, L'homme adore en tremblant le pouvoir invincible ! Aux rigueurs d'un amant, à ses mépris cruels, Ne livre pas mon cœur sensible.

Que dis-je ? hélas ! quitte les cieux ; Quitte un instant les biens que ton Olympe enserre : Souvent quand j'implorai tes soins officieux,

Tu vins, déesse, sur la terre.

Ta main guidait un char brillant,

Que traînaient dans les airs tes colombes fidèles :
Je les voyais vers moi voler rapidement ;

J'entendais le bruit de leurs ailes.
Hymnes profanes.

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